Après pratiquement six ans d'application, la politique de diminution d'effectif de l'État par attrition montre des signes d'essoufflement.

Bien que l'effectif total du secteur de la fonction publique (qui exclut les réseaux de la santé et de l'éducation) ait baissé de près de 6% durant la période, il a remonté en 2008-2009 et fait du surplace depuis.

De plus, certains organismes reconnaissent que la qualité de leurs services déclinent et réclament à leur ministre responsable des ressources humaines additionnelles.

La présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, a déposé récemment un ambitieux plan de réduction des dépenses de 5,2 milliards de dollars en 2013-2014. Ce plan prévoit notamment le maintien de la politique d'un remplacement sur deux. La ministre Courchesne a répondu à nos questions.

Q: Dans votre plan de réduction des dépenses, quel est l'effort demandé aux salariés de l'État?

R: La dernière année de la présente convention collective, on a donné 2% d'augmentation à nos employés. Dans la dernière négociation, on a déposé nos paramètres d'augmentation de 0,5%, 0,7%, 1,2%, 1,5%, puis 2% la dernière année. C'est le plus qu'on peut faire parce que nous voulons résorber le déficit. Par contre, si l'économie se porte bien, la troisième, quatrième et cinquième année, on va redonner la croissance économique en salaire. Ça représente des économies de 1,4 milliard de dollars. En plus, on va geler les masses salariales des ministères et organismes jusqu'en 2013-2014 et on va aller chercher 260 millions.

Q: Comment allez-vous arriver à cette cible sans compromettre la qualité des services?

R: Les 260 millions proviennent principalement du maintien du remplacement d'un départ à la retraite sur deux. J'apporte une nuance. On ne veut pas fermer les bureaux en région. Aux ministères, on leur dit pour éviter de trop toucher aux bureaux régionaux, vous avez le choix de faire autre chose du moment que votre masse salariale reste gelée jusqu'en 2013-2014. Il y a donc une flexibilité accrue dans l'application de la politique d'un remplacement sur deux.

Q: Le gouvernement a déposé un projet de loi incitant les fonctionnaires à rester au travail plus longtemps pour bonifier leur retraite. Comment allez-vous réaliser vos économies si les départs sont retardés?

R: On veut inciter nos employés à travailler plus longtemps parce qu'on commence à avoir des pénuries de main-d'oeuvre. Mais les ministères seront toujours soumis au gel de la masse salariale même si les employés ne partent pas à la retraite. Ça force les organisations à revoir leur organisation du travail et à partager des services. Ça, c'est clair. Il faut revoir nos façons de faire. Il faut revoir nos structures. Il faut les aplanir.

Q: Certains organismes, comme l'Office de la protection du consommateur, paraissent à bout de souffle. Quel est le message pour eux?

R: Quand j'ai annoncé le détail du plan de réduction des dépenses, j'ai clairement dit que ça ne devait pas se faire au détriment des services aux citoyens. Par exemple, le un sur deux ne s'applique ni aux infirmières ni aux enseignants. L'OPC est un petit organisme, qui n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre. Les gens de l'Office viendront nous présenter un dossier pour qu'on regarde l'état de situation. Je répète: je ne veux pas fermer les services. Je n'ai pas annoncé non plus qu'on fermait l'Office de la protection du consommateur. On va lui donner ce qu'il faut pour offrir le service.