Multiplication des grands projets d'infrastructure, rebond du secteur manufacturier, amélioration du marché de l'emploi: les perspectives de l'économie montréalaise s'améliorent. Deux études publiées hier laissent entrevoir une belle remontée pour 2015, même si les problèmes de la métropole demeurent bien réels.

PIB en hausse

Le Conference Board du Canada estime que la croissance du produit intérieur brut (PIB) montréalais passera de 1,8% cette année à 2,5% l'an prochain. En dépit de cette hausse, l'économie de la métropole continuera d'afficher un retard par rapport à la moyenne nationale, comme ce fut le cas pendant 16 des 20 dernières années, note le Conference Board. Le Mouvement Desjardins, de son côté, se montre plus optimiste. Le regroupement s'attend à ce que le PIB du Grand Montréal grimpe de 3,6% l'an prochain, pour s'élever à 194,9 milliards de dollars.

Grands projets

La multiplication des grands chantiers d'infrastructure contribuera à un important rebond de la construction. Après deux années de recul, le Conference Board prévoit que ce secteur de l'économie connaîtra une croissance de 7% l'an prochain. Le remplacement du pont Champlain, évalué à 5 milliards, la reconstruction de l'échangeur Turcot, d'une valeur de 3 milliards, et une série d'autres chantiers généreront une importante activité économique. Ces grands projets publics viendront contrebalancer un repli des mises en chantier résidentielles.

Bon climat d'affaires

Le climat d'affaires de la métropole est meilleur que ce que plusieurs pourraient penser. Montréal a grimpé de 14 places au classement Global Financial Centres Index, en plus d'afficher les frais d'exploitation les plus concurrentiels parmi les métropoles nord-américaines en 2014, selon KPMG. Un gage prometteur pour 2015.

Et les emplois?

Le marché du travail devrait se redresser l'an prochain, après une année 2014 plutôt morose. Selon le Conference Board, le taux de chômage baissera ainsi de 8,2% à 7,6% en 2015. Pourquoi ce rebond? L'organisme entrevoit un rétablissement assez marqué du secteur manufacturier, qui s'était dégradé pendant 10 des 13 dernières années. La production de biens devrait ainsi croître de 2,5% cette année et de 3,1% l'an prochain, prévoit-on. L'avenir est donc «prometteur», souligne l'étude, malgré plusieurs annonces de coupes récemment, entre autres chez Bombardier Aéronautique. Les perspectives sont bonnes dans les technologies de l'information (TIC) et les soins de santé, mais elles demeurent limitées dans la fonction publique et le commerce de détail, note pour sa part Desjardins.

Investissements en hausse

La mobilisation des acteurs socio-économiques de la métropole contribuera au «dynamisme» de l'économie montréalaise en 2015, selon Desjardins. «Ces derniers affichent leur volonté de faire bouger les choses par la mise en place d'initiatives concrètes axées sur le développement économique de Montréal», note le rapport. On pense entre autres à la grande conférence Je vois Montréal, où 120 projets seront présentés le mois prochain. Les investissements devraient par ailleurs fléchir de 1% cette année dans l'île de Montréal, à 17 milliards de dollars, avant de s'accélérer l'an prochain, avance Desjardins.

Encore plusieurs enjeux

En dépit d'une nette amélioration de ses perspectives, l'économie montréalaise doit encore affronter plusieurs écueils. La productivité reste beaucoup plus faible qu'ailleurs, si bien que la ville sera moins concurrentielle en 2025 qu'en 2012, selon le rapport Hot Spots 2025 d'Economic Intelligence Unit. Le marché immobilier continuera en outre à faire du surplace, avec un stock élevé de propriétés à vendre et une demande fragile. C'est sans compter la congestion monstre à prévoir sur les routes, conséquence des nombreux chantiers prévus.