Un des contrats promis par Lockheed Martin au Québec est en voie de disparaître dans le vide sidéral. La filiale montréalaise de MacDonald Dettwiler (MDA), l'ancienne Spar Aérospatiale de Sainte-Anne-de-Bellevue, a presque perdu tout espoir de pouvoir le retenir.

La filiale devait fournir des systèmes satellites pour la capsule spatiale Orion, réalisée par Lockheed Martin, dans le cadre du programme Constellation.

«Le programme a été annulé par Barack Obama lui-même il y a quelques semaines», a déploré la responsable des affaires publiques de la filiale montréalaise de MDA, Nathalie Patenaude, au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires.

Le programme Constellation a été lancé par l'ancien président George W. Bush au milieu des années 2000 dans le but de retourner sur la Lune. Ce vaste programme comprenait la fabrication de deux fusées de lancement, Arès, d'une capsule spatiale, Orion, et d'un module lunaire, Altaïr.

Or, la commission Augustine, nommée par le président Obama, a conclu l'automne dernier que le programme n'était pas réalisable dans le budget et les délais prévus. L'administration Obama a alors proposé d'éliminer le financement de Constellation dans le budget 2011, de mettre la Lune de côté et d'investir plutôt dans la Station spatiale internationale pour augmenter sa vie utile. La Maison-Blanche a également invité le secteur privé à mettre au point des méthodes plus rapides et moins onéreuses d'envoyer des astronautes en orbite.

L'élimination de Constellation pourrait entraîner la perte de milliers d'emplois. Le président Obama devrait exposer en détail sa proposition demain en Floride, dans le cadre d'un symposium national sur l'espace.

En attendant une décision définitive, Lockheed Martin continue de travailler sur la capsule Orion, mais en fait de nouveaux contrats, «il ne se passe rien», a indiqué Mme Patenaude.

Le contrat de 25 millions US que Lockheed Martin devait accorder à MDA faisait partie des retombées industrielles régionales que la multinationale américaine devait générer au Canada dans le cadre des acquisitions militaires du gouvernement canadien. Lockheed Martin a obtenu d'Ottawa un contrat de 2,3 milliards US pour la vente et l'entretien de 17 avions de transport C-130J. En vertu de la politique de retombées industrielle, la multinationale doit accorder des contrats d'une valeur équivalente à des entreprises canadiennes.

Le 25 mars dernier, Lockheed Martin a fait savoir qu'elle avait attribué, ou qu'elle était sur le point d'attribuer, 1,5 milliard de contrats, dont 40% à des entreprises du Québec.

Certaines entreprises ont toutefois été surprises de voir que Lockheed Martin mentionnait des contrats qui faisaient encore l'objet de négociations.

Dans son communiqué, Lockheed Martin avait ainsi annoncé que Rolls-Royce Canada allait élargir sa gamme de services de réparation pour des appareils Lockheed dans le cadre d'un projet de 87 millions US.

«L'information est partie aux médias un peu plus rapidement que prévu, mais tout est beau», a indiqué Louise Deguire, de Rolls-Royce Canada.

Selon le communiqué de Lockheed Martin, CAE devait remporter la part du lion des retombées au Québec avec des contrats de plus de 374 millions US.

«Dans les prochaines semaines et les prochains mois, nous allons pouvoir faire des annonces, mais, pour le moment, nous n'avons rien à annoncer», a déclaré la vice-présidente des communications de CAE, Nathalie Bourque.

La directrice du développement des affaires de CEL Aerospace, Anne-Marie Luft, s'est également montrée discrète lorsque La Presse Affaires lui a demandé des détails sur les contrats de 14 millions US que Lockheed Martin devait accorder à cette petite entreprise d'équipement d'essais de Longueuil. «Nous sommes en négociations avec eux», a-t-elle simplement déclaré.