La faiblesse du dollar canadien fait en sorte que les Américains sont de plus en plus nombreux à traverser la frontière pour prendre un avion qui décolle au Canada, tandis que l'inverse est de moins en moins fréquent, a observé mardi le transporteur aérien WestJet.

Des responsables de l'aéroport de Bellingham, dans l'État de Washington, ont indiqué que l'affluence des voyageurs en provenance de Vancouver avait diminué de 14 pour cent l'an dernier, tandis que l'activité à l'aéroport international de Vancouver a augmenté de cinq pour cent.

Et même si WestJet ne détient pas de données nationales à ce sujet, il estime que le nombre de Canadiens qui se déplacent pour prendre un vol à partir des aéroports de Plattsburgh et de Buffalo, dans l'État de New York, ainsi qu'à Burlington, au Vermont, est aussi en baisse.

«Nous nous sommes fait dire que les plaques d'immatriculation viennent maintenant (des États-Unis) pour voler à partir des aéroports canadiens, ce qui est assez ironique», a expliqué le vice-président exécutif au marketing, aux ventes et à l'expérience des voyageurs, Bob Cummings.

Ces dernières années, environ 5,5 millions de Canadiens traversaient la frontière américaine pour aller y prendre l'avion, jusqu'à ce que la devise perde 40 pour cent vis-à-vis du billet vert américain, ce qui élimine essentiellement les économies qui étaient ainsi réalisées.

«C'est génial de voir les Canadiens prendre l'avion à la maison, et WestJet profite de cela», a indiqué le chef de la direction du transporteur, Gregg Saretsky, lors d'une conférence téléphonique au sujet des résultats du quatrième trimestre.

WestJet (TSX:WJA) profite aussi de la faiblesse du huard pour offrir des tarifs qui encouragent les Américains à se déplacer au Canada pour prendre l'avion l'été prochain, lorsqu'il commencera à offrir son service vers l'aéroport Gatwick de Londres à bord de gros-porteurs.

Même si la demande pour le service transatlantique est solide, WestJet a réduit ses prévisions de profit pour le début de 2016 en raison des difficultés économiques que connaît l'Alberta.

«Il n'est pas certain que nous avons déjà touché le fond du ralentissement actuel pour l'instant», a affirmé M. Saretsky aux analystes.

Puisqu'elle prévoit que les marchés de l'Alberta et des Prairies seront plus calmes cette année, la ligne aérienne a l'intention de déplacer, à compter de la mi-février, une partie de sa capacité vers des marchés en meilleure santé comme ceux de la Colombie-Britannique, de l'Ontario et des provinces atlantiques.

Malgré la faiblesse économique de son principal marché, M. Saretsky juge que les données fondamentales de ses activités sont solides.

«Si le reste du Canada commence à attraper le rhume de l'Alberta, nous devrons clairement réviser notre plan sur la capacité, mais d'après ce que nous voyons aujourd'hui et d'après les forces régionales que nous observons, nous croyons que notre santé est relativement bonne.»

WestJet a affiché un bénéfice record pour son exercice 2015, malgré une diminution de 30 pour cent de son bénéfice du quatrième trimestre, à 63,4 millions $. Ses revenus trimestriels ont pour leur part cédé 3,6 pour cent à 958,7 millions $.

Pour l'ensemble de l'exercice, WestJet a engrangé un bénéfice de 367,5 millions $ à partir d'un chiffre d'affaires de 4,03 milliards $, comparativement au profit de 284 millions $ et aux revenus de 3,98 milliards $ de l'exercice 2014.

Le transporteur a profité d'une augmentation de 55 pour cent des frais auxiliaires, qui ont atteint 336,3 millions $, notamment grâce à l'ajout de frais pour les premiers bagages enregistrés pour les passagers de classe économique. Les coûts du carburant ont en outre diminué de 25 pour cent.

L'action de WestJet a reculé mardi à un creux de plus de trois ans à la Bourse de Toronto, avant de récupérer légèrement. Elle a clôturé en baisse de 2,07 $, soit 11,1 pour cent, à 16,63 $.