La police de Trois-Rivières a dû intervenir pour expulser une quarantaine de manifestants qui étaient entrés dans un local où se tenait une réunion de patrons de l'Aluminerie de Bécancour - où un lock-out sévit depuis janvier. Il n'y a eu aucune arrestation, mais la direction d'ABI a déposé une plainte.

La direction d'ABI affirme, dans un communiqué diffusé lundi, qu'une quarantaine de syndiqués étaient entrés dans le local, vendredi dernier, qu'ils « ont procédé à des techniques d'intimidation, effectué du vol d'information, extirpé des renseignements personnels des employés présents tels que leurs numéros de téléphone et les ont empêchés de poursuivre leur travail ».

La direction a refusé de faire d'autres commentaires, après avoir transmis ce communiqué. Elle a précisé avoir déposé une plainte formelle à la police de Trois-Rivières. Et elle a demandé « un suivi auprès des autorités afin d'éviter d'autres incidents ».

Joint au téléphone, le Service de police de Trois-Rivières a confirmé s'être rendu sur place à la suite d'une plainte, vendredi dernier.

« Les policiers se sont rendus sur place et effectivement, sur place, il y avait une quarantaine de manifestants qui étaient bruyants. Les locataires de l'endroit nous ont demandé de les expulser. C'est ce qu'on a fait. Je vous dirais que ça s'est bien passé. Les gens ont bien collaboré », a rapporté la porte-parole du service de police, l'agente Carole Arbelot.

« Par la suite, les locataires sur place nous ont mentionné qu'il y aurait eu des gestes qui avaient été posés, des gestes d'intimidation et de vol. Donc, une plainte a été prise. Il reste maintenant à analyser cette plainte et peut-être faire un début d'enquête, aussi, s'il y a lieu », a précisé l'agente Arbelot.

Il n'y a eu aucune arrestation.

Respectueux, dit le syndicat

De son côté, en entrevue, le président de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, Clément Masse, a réfuté en bloc les allégations de la direction d'ABI. Il lui reproche de faire tout un plat avec une manifestation d'exaspération, pour tenter de discréditer les travailleurs qu'elle a mis en lock-out, il y a plus de neuf mois.

« Le tout s'est fait dans l'ordre. D'ailleurs, il y avait des policiers qui ont été appelés sur place et ils n'ont arrêté personne. Tout s'est fait de façon civilisée, respectueuse. Il n'y a pas eu d'insulte faite. Les gens ont tout simplement manifesté leur désir de négocier. Et tout s'est bien déroulé », a assuré M. Masse.

« L'employeur, qui ne commente jamais rien, a décidé d'envoyer un communiqué à tous les médias pour dire qu'il avait fait une plainte. Il faut y voir une stratégie de l'employeur pour essayer de discréditer les travailleurs dans le cadre du conflit, au lieu de se présenter à la table de négociation et de négocier de bonne foi », a critiqué M. Masse.

Les 1030 travailleurs d'ABI, membres du Syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, ont été mis en lock-out le 11 janvier dernier. Depuis, la direction de l'usine continue d'exploiter l'aluminerie, mais à raison d'une série de cuves sur trois.