Fin de la grève à l’usine d’Olymel de Vallée-Jonction, en Beauce. Les syndiqués ont accepté mardi à 78 % l’entente de principe, ce qui met un terme au conflit de travail qui aura duré quatre mois.

La plupart des 1050 travailleurs ont voté à distance en début d’après-midi à la suite d’une assemblée générale virtuelle. Une entente de principe est intervenue dimanche entre les deux parties, à l’issue d’un blitz de négociations entamé vendredi. En plus de satisfaire les deux parties impliquées, le résultat du vote a été reçu avec beaucoup de soulagement de la part des Éleveurs de porcs du Québec et du maire de Vallée-Jonction, Réal Bisson.

« Nous avons donc accepté un nouveau contrat de travail d’une durée de six ans durant lequel nous toucherons des augmentations salariales de l’ordre de 26,4 %, dont 10 % la première année », a indiqué le président du Syndicat des travailleurs d’Olymel à Vallée-Jonction (STOVJ-CSN), Martin Maurice, dans un communiqué diffusé un peu après 18 h, mardi. « En plus de ce 4,4 % d’augmentation moyenne par année, nous avons également obtenu un montant forfaitaire de 65 $ par année de service, par membre. Nous avons également obtenu un rehaussement de 50 % de la contribution de la part de l’employeur à nos assurances collectives pour la couverture familiale, ce qui pousse l’augmentation totale de la première année à 12,48 %. »

« Le résultat du vote nous démontre que nos membres sont satisfaits des gains que nous avons obtenus, a-t-il ajouté. Nous avions fait le choix de négocier un enrichissement pour tous et c’est exactement ce que nous avons finalement obtenu. »

Rappelons que le 17 août, les travailleurs syndiqués de l’usine de la Beauce ont voté à 57 % contre une première entente de principe. Les salaires, les horaires et la durée de la convention collective comptaient parmi les principaux points en litige.

En raison du résultat de ce nouveau vote, favorable à l’entente, Olymel « a pris la décision de maintenir le quart de soir à cette usine et de renoncer à sa suppression tel qu’annoncé précédemment dans l’éventualité où la grève aurait pu se poursuivre plus longtemps. Les 1050 employés seront donc tous rappelés au travail », a fait savoir l’entreprise dans un communiqué. La fin du quart de soir aurait entraîné la perte de 500 emplois.

Considérant que l’appui à 78 % représente un « bon résultat », le premier vice-président d’Olymel, Paul Beauchamp, s’attend à « un retour harmonieux au travail », a-t-il indiqué au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse. « Les conditions de travail ont été bonifiées au bénéfice des travailleurs, sans nuire à la compétitivité de l’entreprise, affirme-t-il. Si je me fie au résultat du vote, je pense que les gens vont être contents de revenir au travail. Je ne dirais pas que ça sera nécessairement facile, mais je pense qu’on va déployer les meilleurs efforts pour y arriver. »

Dès mardi soir, Olymel a fait savoir qu’elle avait recommencé à rappeler ses employés, et les activités d’abattage pourraient reprendre le vendredi 3 septembre.

L’usine de la Beauce abat en moyenne 36 000 porcs par semaine, ce qui correspond à environ 20 % à 25 % du total de l’abattage fait au Québec. Selon les chiffres les plus récents dévoilés par Les éleveurs de porcs du Québec, on compte actuellement 179 900 bêtes en attente.

Soulagement

Avec la fin de cette grève, Les éleveurs de porcs estiment d’ailleurs « qu’une catastrophe a été évitée de justesse ». Même si la cadence d’abattage reprend, les effets de ce conflit se feront encore sentir pendant plusieurs mois, souligne-t-on toutefois. « À court terme, il sera essentiel qu’Olymel priorise l’abattage des porcs québécois pour permettre à nos producteurs de reprendre le dessus et d’optimiser les conditions de leurs animaux dans les fermes, a indiqué le président, David Duval, dans un communiqué. À moyen terme, c’est tout un questionnement qui devra avoir lieu. Nous comptons discuter avec le gouvernement de l’importance d’une modernisation législative pour maintenir le droit de grève sans toutefois mettre en péril le bien-être de nos animaux. »

À Vallée-Jonction, le maire Réal Bisson admet avoir ressenti beaucoup de nervosité avant de connaître le résultat du vote. « On est très, très contents, a-t-il spontanément lancé au bout du fil. La perte de 500 emplois, ce n’était pas de bon augure pour l’avenir », a ajouté le maire de la municipalité de 1850 âmes.

« Je félicite les parties, a écrit le ministre du Travail, Jean Boulet, sur son compte Twitter. Les activités reprendront promptement. Le blitz de médiation a porté fruit. »

Pour dénouer l’impasse à l’issue du premier vote, le ministre avait nommé un médiateur spécial. Puis, la semaine dernière, au cours d’une « rencontre de la dernière chance », M. Boulet avait proposé aux deux parties d’aller en arbitrage, ce qui, selon le ministre, aurait mis fin au conflit. Olymel a accepté l’offre, alors que le syndicat l’a rejetée, préférant poursuivre la négociation.

C’est à la suite de ce refus que les deux parties ont entrepris vendredi un blitz de négociations qui a mené à l’entente de principe intervenue dimanche en fin de journée.