Les clients qui mettent les pieds dans une succursale de la Société des alcools du Québec (SAQ) doivent, depuis mardi, présenter leur passeport vaccinal. Alors que le syndicat représentant les employés martèle que les mesures mises en place par la société d’État sont insuffisantes pour assurer la sécurité de ses membres, les 150 agents qui devaient être déployés aux quatre coins de la province pour donner un coup de main en cas de débordement sont finalement moins nombreux que prévu. On en compte plutôt 135.

Les clients, de leur côté, semblaient plutôt bien accepter cette mesure, a constaté La Presse en se rendant dans une succursale de la SAQ de La Petite-Patrie. « Je suis d’accord avec tout ce qu’on peut faire pour inciter les gens à se faire vacciner », a lancé Robert Constantin avant de s’engouffrer à l’intérieur. « Ça ne me dérange pas de présenter mon passeport. Je le faisais pour aller dans les bars et les restos », a indiqué Renaud Lapointe quelques minutes plus tard.

L’endroit était bien peu achalandé à l’heure du midi, mardi. Aucun client n’a donc eu à faire la file alors que le temps était glacial. À l’intérieur, un agent de sécurité était posté près de la porte alors qu’une employée, souriante, s’occupait de scanner les passeports. Si elle n’avait pas d’incident fâcheux à rapporter, elle appréhendait la journée du vendredi, alors que les clients prennent la succursale d’assaut à la fin de leur journée de travail.

La Société québécoise du cannabis (SQDC) est également soumise à cette nouvelle règle.

Moins d’agents que prévu

« La gestion de risque, mettons qu’on aime un peu moins ça, nous autres, on préfère la prévention », a pour sa part déclaré en entrevue Lisa Courtemanche, présidente du Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ-CSN). « Au mois de mars 2020, avec les files d’attente, on avait eu plusieurs agents de sécurité partout. Là, avec cette nouvelle règle-là, on aurait voulu avoir la même couverture. »

La SAQ avait annoncé le déploiement de 150 agents de sécurité, dont la plupart proviennent de l’agence GardaWorld. Un nombre jugé insuffisant par le syndicat, puisque la société d’État compte 409 succursales. Or, en début de journée mardi, les agents disponibles étaient moins nombreux que prévu. « On a appris qu’il y a des contrats qui n’ont pas été honorés ou [qu’on manque de gens] pour aller faire la sécurité », précise Mme Courtemanche, qui représente 5500 travailleurs.

« Il y a en effet quelques agents de sécurité qui n’ont pu être présents pour diverses raisons », confirme Yann Langlais-Plante, porte-parole de la SAQ. Ils étaient finalement 135. Disponibilité des agents dans quelques régions, problème de communication et tempête de neige qui bloque une route (Roberval) sont autant de raisons données par la SAQ pour expliquer la situation.

« Toutefois, nous avons été en mesure de déployer des employés dans plusieurs succursales pour venir appuyer leurs collègues rapidement. [Notre objectif est d’avoir] plus de 150 agents de sécurité dans notre réseau dans les meilleurs délais. C’est une première journée d’application, nous ajusterons le tir au besoin. »

Au moment d’écrire ces lignes, il était impossible de connaître le nombre de succursales bénéficiant des services d’un agent. « Nous ne sommes pas en pénurie d’agents. Nous comptons combler tous les postes dont la SAQ a besoin suite à l’imposition du contrôle du passeport vaccinal », a répondu par courriel Louis-Antoine Paquin, directeur des communications de GardaWorld.

« Depuis l’ouverture [mardi] matin, l’achalandage est normal, ajoute M. Langlais-Plante. La circulation pour entrer dans nos succursales est fluide. Les clients sont, dans une très grande majorité, courtois et acceptent l’application de la mesure. L’habitude de préparer le passeport vaccinal et une pièce d’identité en amont se développera assurément à l’usage. »

Les 429 agences de la SAQ, situées dans des épiceries ou des dépanneurs, ne sont pas tenues de se plier à cette règle.