La coopérative laitière Agropur a reçu une offre non sollicitée concernant l’achat de son luxueux siège social, situé dans l’arrondissement de Saint-Hubert, à Longueuil.

La nouvelle d’abord parue dans La Vie agricole a été confirmée par Agropur lundi.

« Nous sommes présentement en discussion avec un acquéreur potentiel tout comme avec des locataires potentiels », dit, dans un courriel, Mylène Dupéré, vice-présidente des communications corporatives chez Agropur.

Depuis janvier 2021, Agropur offre en location environ 30 % de la superficie de son siège social au 4600, boulevard Armand-Frappier, soit près de 8000 mètres carrés. Le mandat a été donné à la firme Avison Young.

Sous la direction de Robert Coallier, en poste de 2012 à 2019, Agropur avait mis le paquet dans son nouveau siège social. Inauguré en 2016, l’immeuble, qui dispose d’un stationnement intérieur de plus de 660 espaces, est évalué à 94,25 millions de dollars par la Ville de Longueuil.

À l’époque, le grand patron voulait faire d’Agropur un second Saputo et avait l’ambition d’entrer dans le club des 10 plus grands transformateurs laitiers de la planète. Le nouveau siège social devait refléter ces visées.

Assemblée générale

Par ailleurs, la coopérative laitière tiendra sa toujours très attendue assemblée générale le 9 février. Contrairement à l’an dernier, les médias pourront s’entretenir avec la haute direction, promet-on. Le mutisme de l’an dernier avait soulevé des questions au sujet de la transparence attendue de la part d’un fleuron du mouvement coopératif québécois.

Relisez l’article « Agropur est-elle assez transparente ? »

Lors de ce rendez-vous annuel, la direction reviendra sur les moments forts de 2021. La coopérative a vendu des éléments d’actif, dont sa division de yogourts. Les fruits de la vente d’actifs ont servi à racheter les 770 millions de dollars d’actions privilégiées qui appartenaient en partie à la Caisse de dépôt et placement et qui coûtaient cher à Agropur. Elle a versé 99 millions en dividendes cumulés en 2021.

L’organisation qui transforme 28 % du lait produit au pays traîne toujours une lourde dette de 1,3 milliard. Ses revenus, à 7,3 milliards, accusent un recul de 5,6 % avec la disposition de sa division Ultima. Élément encourageant, sa marge bénéficiaire brute est passée de 6,0 à 6,4 % dans la dernière année.

Miser sur les marques privées

La rencontre annuelle permettra aussi d’en savoir plus sur le nouveau plan stratégique, intitulé Être le partenaire laitier clé de l’industrie alimentaire.

Agropur entend consolider sa position de leader nord-américain du « B2B » rentable et centré sur le client. Trois dollars sur quatre sont générés par les marques privées et le service alimentaire et industriel, « qui croît plus rapidement que les marques nationales en Amérique du Nord ».

B2B signifie « entreprise à entreprise » (business to business en anglais) en opposition à l’acronyme B2C, qui signifie « entreprise à consommateur ».

Le nouveau plan constitue un virage. De 2012 à 2018, la coopérative faisait reposer sa croissance sur cinq piliers, dont le premier était la stratégie de marques fortes (Natrel, Oka, BiPro et, à l’époque, ses marques de yogourts Iögo et Olympic, vendues depuis).

Le but était de créer une différenciation auprès des consommateurs au moment où le marché devait absorber 17 700 tonnes additionnelles de fromages importés dans le cadre de l’Accord économique et commercial global avec l’Europe. Par exemple, le fromage Oka a fait l’objet en 2017 d’une campagne télévisée à travers le Canada pour la première fois de son histoire de plus de 125 ans.

La coopérative fondée à Granby en 1938 n’a plus parlé de sa stratégie de marques dans son rapport annuel depuis qu’Émile Cordeau a pris la place de M. Coallier à sa tête.

« Nos marques sont toujours importantes et stratégiques, elles représentent une part importante de nos ventes canadiennes, précise Agropur par courriel. Nous sommes d’ailleurs très fiers de celles-ci comme Oka, Natrel, Québon, mais également celle que nous avons lancée en 2021 : Monsieur Gustav, dans le secteur des fromages fins. »

Selon un document de réflexion préparé par la direction, que La Presse a consulté, les activités canadiennes du transformateur laitier ont des enjeux de rentabilité. Les activités américaines financent en partie les opérations canadiennes, soutient Agropur. Toutefois, l’année dernière, le marché américain a été défavorable, selon le rapport financier 2021 de la coopérative.

Toujours selon ce document, le fromage, le lactosérum, la crème glacée, le beurre et la poudre de lait sont identifiés comme des forces de la coopérative, alors que le lait frais et les fromages fins, notamment, doivent améliorer leur profitabilité.

En savoir plus
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    Agropur