Québec lance un nouveau programme, Hypercroissance Québec, dont l’objectif sera d’accompagner près de 80 licornes potentielles d’ici deux ans.

Doté d’un financement de 6,5 millions et conçu par Startup Montréal, un organisme à but non lucratif, Hypercroissance Québec veut offrir du mentorat et développer les équipes de direction de ces entreprises dont la valeur boursière pourrait dépasser le milliard de dollars, a-t-on annoncé lundi en conférence de presse. Six millions proviennent du ministère de l’Économie et de l’Innovation, le ministère des Relations internationales et de la Francophonie y consacrant 500 000 $.

Ces jeunes entreprises qui ont connu au moins deux années consécutives de croissance importantes, qu’on appelle des « scaleups », se retrouvent souvent à la croisée des chemins, a expliqué Lucie Lecours, ministre déléguée à l’Économie. « Cette croissance arrive tellement vite que l’entreprise a de la difficulté à s’adapter, et peut devenir victime de son succès. […] On espère d’ici deux ans les aider à doubler leurs ventes et tripler leurs exportations. »

Les 25 premières entreprises québécoises innovantes en forte croissance seront sélectionnées d’ici mai prochain par un comité dont les membres restent à trouver. « On vise des acteurs bien implantés dans le milieu, des chefs de file reconnus avec des expertises bien ciblées », a précisé MarieChantal Chassé, députée de Châteauguay et adjointe parlementaire du ministre de l’Économie et de l’Innovation.

Trouver des mentors

Rappelant sa propre expérience d’entrepreneure, Mme Chassé a reconnu qu’il pouvait paraître étonnant d’aider des entreprises qui connaissent déjà du succès. « Je peux vous dire que lorsqu’une entreprise se trouve en mode hypercroissance, toutes les fonctions sont mises sous pression. Les ventes augmentent rapidement, les systèmes de livraison augmentent rapidement, les nouveaux clients sont exigeants, il faut les gagner et les garder. »

On veut s’inspirer de succès internationaux comme Lightspeed, Nuvei et Dialogue pour les aider à croître. « Nous avons travaillé avec des ‟scaleups" » au cours des derniers mois afin de mieux comprendre les facteurs de réussite de leur croissance mondiale, tout en demeurant basées ici plutôt que d’être vendues à des entreprises américaines ou de quitter le Québec, précise par communiqué Liette Lamonde, directrice générale de Startup Montréal. Trouver les cadres, les coachs et les mentors appropriés qui peuvent les aider à atteindre l’hypercroissance est un défi pour ces entreprises. »

On compte quelque 2000 entreprises en démarrage au Québec, a précisé la directrice générale en conférence de presse, mais « il y en a très peu qui passent à l’étape suivante, celle de la croissance ». Une des raisons qui expliquent ces difficultés, c’est la rareté au Québec de mentors provenant d’entreprises qui sont déjà passées par ce processus. Startup Montréal a par exemple accompagné huit jeunes pousses pendant un an pour faire ce constat : « On a eu du mal à trouver des mentors et des coaches pour huit ‟scaleups" »… On a donc discuté avec des organisations qui ont mis sur pied des programmes ailleurs dans le monde. »

Une d’entre elles, Apexe Global, a accepté de collaborer au nouveau programme québécois. Soutenu par Investissement Québec International et des partenaires comme Global Entrepreneurship Network (GEM), il compte sur un engagement financier de 1 million de dollars sur cinq ans du Mouvement Desjardins, ainsi que d’un soutien financier de BDC Capital. « Pour propulser les start-up sur la scène mondiale, la contribution de la communauté des affaires est primordiale, estime Jean-Yves Bourgeois, premier vice-président, Services aux entreprises, au Mouvement Desjardins. La collaboration historique entre Desjardins et Startup Montréal rend ce partenariat tout naturel. »