Avant d’espérer une croissance de ses revenus, l’épicier en ligne montréalais Marché Goodfood devra d’abord s’assurer de freiner le recul de ses ventes.

Les ventes du trimestre printanier ont reculé de 38 % sur un an, à 67 millions, un niveau inférieur aux prévisions des analystes, qui s’attendaient à 73 millions.

Les ventes trimestrielles de Goodfood avaient atteint un niveau record de 108 millions à la même période il y a un an.

« Le recul des ventes enregistré par Goodfood est le plus important jusqu’ici sur un an et le quatrième repli consécutif alors que les résultats de l’entreprise sont comparés au dernier trimestre de fortes ventes moussées par les mesures sanitaires liées à la pandémie », commente l’analyste Martin Landry, de la firme Stifel/GMP.

« Le chemin du retour vers une croissance des revenus n’est pas clair », ajoute cet expert.

Une perte nette de 21 millions est inscrite pour les mois du printemps. Si cette perte demeure stable par rapport à celle enregistrée il y a un an, elle est néanmoins en hausse par rapport à la perte de 2 millions déclarée à l’hiver.

La perte d’exploitation ajustée de 11 millions est par contre moins élevée que celle de 13,6 millions générée au trimestre précédent.

Le cofondateur et PDG de Goodfood, Jonathan Ferrari, estime que l’entreprise est positionnée pour un retour à la croissance et à la rentabilité. Il anticipe un bénéfice d’exploitation ajusté durant la première moitié de l’exercice financier 2023.

Cette cible est jugée « agressive » par Martin Landry. « Ça implique un redressement important à un moment où les perspectives macro-économiques se dégradent. »

L’analyste Frédéric Tremblay, de Valeurs mobilières Desjardins, estime de son côté que la baisse de la perte d’exploitation et l’anticipation d’un profit d’exploitation doivent être perçues positivement. « Il reste du travail à faire, mais les progrès initiaux réalisés dans la transition opérationnelle et au niveau de l’optimisation des coûts sont encourageants », dit-il.

Le nombre de clients actifs (c’est-à-dire ayant passé une commande au cours des trois derniers mois) a diminué de 35 000, à 211 000, pendant le trimestre. Il s’agit d’un déclin de près de 15 %. « C’est la deuxième plus importante diminution dans l’histoire de la compagnie. C’est préoccupant », souligne Martin Landry.

Selon lui, le contexte inflationniste actuel pourrait être un facteur, puisque les gens ajustent leurs comportements et se tournent de plus en plus vers des produits alimentaires moins chers.

Il avance aussi que la réduction du nombre de clients actifs pourrait s’expliquer par une stratégie d’acquisition de clients plus disciplinée jumelée au ralentissement de la demande pour les repas prêts à cuisiner, considérés comme des produits « haut de gamme ».

L’action de Goodfood a perdu 1 cent mercredi pour clôturer à 1,45 $ à la Bourse de Toronto. Le titre a perdu environ 65 % de sa valeur depuis le 1er janvier et près de 90 % depuis son sommet de 13 $ atteint en janvier de l’an passé.