(New York) Boeing a assuré mercredi être tout près de recevoir le feu vert pour la reprise des livraisons du long-courrier 787 et pouvoir redresser sous peu la barre de sa trésorerie, deux bonnes nouvelles assombries par la persistance de problèmes dans sa chaîne d’approvisionnement.  

L’avionneur n’a pas suffisamment de moteurs pour son avion-vedette, le 737 MAX, a expliqué la direction lors d’une conférence téléphonique.  

Il met par ailleurs plus de temps que prévu à remettre en service les MAX qu’il a en stock et ne sait pas quand il va pouvoir recommencer à livrer l’appareil en Chine.  

Aussi la direction a-t-elle revu à la baisse le nombre de MAX qu’elle prévoit de livrer au total en 2022, à un peu plus de 400 contre environ 500 en début d’année.

Dans la même veine, son concurrent européen Airbus a abaissé mercredi ses prévisions de livraisons d’avions pour 2022 en raison des difficultés des fournisseurs – fragilisés par la COVID-19 – à suivre les remontées en cadence.

Le problème ne vient vraiment pas de la demande, a souligné Dave Calhoun, le patron de l’entreprise.

Même si la menace d’une récession grandit, « jusqu’à présent, cela n’a pas eu d’impact sur l’industrie aéronautique ou nos clients », les compagnies aériennes, a-t-il affirmé.  

La priorité de Boeing est actuellement de « stabiliser » sa chaîne d’approvisionnement, en particulier du côté des moteurs.  

Ces turbulences dans la production surviennent au moment où le groupe fait des avancées sur d’autres éléments, en premier lieu le 787.  

« Honorer les commandes »

M. Calhoun n’a pas souhaité s’avancer sur une date précise, mais l’entreprise est « sur le point » d’obtenir l’autorisation de l’agence américaine de l’aviation (FAA) pour la reprise des livraisons du long-courrier, a-t-il affirmé.

Il s’agirait d’une bouffée d’air pour le constructeur, qui n’a pas acheminé de 787 à un client depuis plus d’un an après la découverte de plusieurs vices de fabrication et n’est donc pas payé pour ces appareils.

En attendant, Boeing se repose sur les livraisons du 737 MAX, dont il produit désormais 31 exemplaires par mois.

Grâce à cet avion, interdit de vol pendant 20 mois en 2019 et 2020 après deux accidents mortels, le chiffre d’affaires dégagé par la division d’aviation commerciale a progressé de 3 % sur le trimestre.

Le constructeur américain affirme par ailleurs pouvoir dégager un flux de trésorerie disponible positif sur l’ensemble de 2022, un objectif surveillé de près par les investisseurs.  

Ces derniers avaient dans un premier temps salué ces bonnes nouvelles, mais l’action a plongé dans le rouge quand la direction a fait part de ses nouvelles prévisions de livraisons sur le MAX, avant de se stabiliser autour de l’équilibre.

Boeing vient d’engranger près de 300 commandes et engagements au salon aéronautique de Farnborough (Royaume-Uni), devançant largement Airbus.  

Le carnet de commandes de l’avionneur américain reste moins garni que celui de son concurrent européen, mais il ne serait « pas productif » de s’en tenir à la course aux clients, a affirmé M. Calhoun sur CNBC.  

Face aux contraintes de production qui vont probablement demeurer pendant plusieurs années, « notre tâche est d’honorer nos commandes », a-t-il déclaré.  

Le chiffre d’affaires total du constructeur a reculé de 2 % entre avril et juin, à 16,68 milliards de dollars, et son bénéfice net a chuté de 67 %, à 193 millions.  

La division dédiée à la défense, l’espace et la sécurité a vu son chiffre d’affaires reculer de 10 % et a enregistré deux charges : l’une de 147 millions de dollars liée au MQ-25, futur drone ravitailleur de la Marine américaine, et l’autre de 93 millions liée au vol d’essai en mai de la capsule Starliner après moult péripéties.

Le chiffre d’affaires de la division dédiée aux services a augmenté de 6 %, porté par le retour du trafic aérien après le trou d’air du début de la pandémie de COVID-19.

Pour Peter McNally de la société d’investissement Third Bridge, Boeing semble enfin rebondir après plusieurs années difficiles, avec l’accélération des livraisons du MAX et l’amélioration de ses finances.

« Même si les inventaires restent élevés, le solde de trésorerie de l’entreprise est au plus haut depuis mi-2020 et la dette totale a continué de baisser pour le quatrième trimestre consécutif », souligne-t-il dans une note.