La valeur des actifs de mdf commerce est largement supérieure à la valeur boursière de l’entreprise de Longueuil, selon un actionnaire qui sent venir du changement alors que mdf tient son assemblée annuelle cette semaine.

L’action de l’exploitant de plateformes de commerce électronique a perdu près de 90 % de sa valeur depuis son sommet atteint l’an passé. Si bien que l’entreprise ne vaut plus aujourd’hui que 100 millions.

« Les entités à l’intérieur de la structure valent plus que le titre », lance le gestionnaire de portefeuille Philippe Hynes, de la firme Tonus Capital.

Au printemps dernier, Long Path Partners, une firme privée d’investissement du Connecticut, a perçu une occasion et fait l’acquisition d’une participation supérieure à 10 % dans mdf.

« Je ne serais pas surpris que d’autres investisseurs stratégiques et fonds privés regardent ça », dit Philippe Hynes.

« Il y a une belle valeur. Il y a quelque chose à faire. Ce n’est pas une entreprise brisée. Je continue d’aimer la valeur du titre », ajoute cet actionnaire.

Période difficile

Philippe Hynes convient que mdf traverse une période difficile. « Les résultats ont été moins bons qu’anticipé. C’est un titre très délaissé présentement », observe-t-il.

Il dit s’attendre à ce que les opérations se recentrent davantage vers les lignes d’affaires rentables et que le message et la communication d’entreprise s’améliorent.

Selon son évaluation, les actifs de mdf méritent au moins deux fois la valeur actuelle attribuée par les investisseurs.

Le marché n’évalue pas la somme des parties pour sa valeur. Il y a certainement des entreprises ou des fonds externes qui vont regarder ça et trouver ça intéressant au niveau actuel.

Philippe Hynes, de la firme Tonus Capital

« Le timing d’une telle éventualité demeure toujours incertain, mais ça ne m’étonnerait pas que quelque chose se passe dans les prochains mois. »

L’entreprise a payé 260 millions l’année dernière pour acheter Periscope, une plateforme d’approvisionnement en ligne desservant des organismes gouvernementaux américains. C’était la plus importante acquisition jamais réalisée par mdf.

Le marché n’étant plus ce qu’il était, Periscope ne vaut possiblement plus 260 millions sur le marché aujourd’hui, admet Philippe Hynes. « Mais est-ce que ça vaut la moitié de ce qui a été payé ? Même si ce n’est que 50 % du prix payé l’an passé, c’est l’équivalent de la valeur actuelle de mdf dans sa totalité ! »

Trois segments

Les activités de mdf commerce se regroupent en trois segments.

Periscope s’insère dans la plateforme d’approvisionnement électronique aux côtés des activités des filiales Merx et Bidnet. Philippe Hynes évalue les activités de cette plateforme entre 150 et 200 millions en incluant Periscope.

La plateforme de commerce unifié (Orckestra et k-ecommerce) est celle qui a éprouvé des difficultés récemment, souligne Philippe Hynes. Cette plateforme génère néanmoins des revenus annuels de 40 millions. Cela vaut donc environ 60 millions aux yeux de Philippe Hynes.

Enfin, la plateforme de places de marchés électroniques (Jobboom, Réseau Contact, Carrus, etc.) est plus petite, mais rentable avec 16 millions de revenus annuels. Philippe Hynes accorde une valeur de 30 millions à ce segment.

En excluant la dette de 35 millions, il estime que le titre de mdf devrait s’échanger autour de 5 $ l’action, mais ajoute qu’il faudrait une prime intéressante pour convaincre les actionnaires advenant le dépôt d’une offre d’achat.

« Mais le timing de tout ça, à savoir quand quelqu’un le réalisera, reste un point d’interrogation », dit-il.

À court terme, il croit que mdf doit augmenter ses profits d’un trimestre à l’autre. « Et à moyen terme, peut-être que de la valeur se réalisera d’une autre façon. »

Un « développement » rapide pourrait ne pas se concrétiser, prévient-il, et le titre pourrait rester « oublié » et « sous le radar » pendant encore un moment. « Éventuellement cependant, il y a moyen de réaliser de la valeur. »

Après avoir frôlé la barre des 17 $ à la Bourse de Toronto en février l’année dernière, l’action de mdf a reculé jusqu’à 1,50 $ cet été avant de remonter à son niveau actuel de 2 $.

« On voit qu’il y a des changements qui s’opèrent avec la nomination récente de trois nouveaux administrateurs [deux administrateurs se sont joints au conseil en juin et un représentant de Long Path se fera élire mardi]. »

L’arrivée au conseil d’un représentant de l’investisseur institutionnel américain est un signal favorable, souligne Philippe Hynes.

Le Fonds de solidarité FTQ (13,6 %), Investissement Québec (12,2 %) et Long Path Partners (11 %) sont les trois plus importants actionnaires de mdf commerce.

Les actionnaires de mdf sont convoqués mardi pour participer à l’assemblée annuelle de l’entreprise en mode virtuel.

Seulement deux des cinq analystes qui s’intéressent à mdf recommandent d’acheter le titre. L’analyste Nick Corcoran, de la firme Acumen Capital, a cessé de proposer l’achat en juillet. Il citait alors les risques à court terme liés au modèle d’affaires, et préfère attendre que les dirigeants démontrent qu’une « croissance profitable » peut être générée.