Augmentation des prix, perte de choix et baisse des services : ces préoccupations soulevées par le Bureau de la concurrence au sujet de l’achat de Sunwing par WestJet ne toucheraient pas les voyageurs québécois si la transaction se concrétisait.

L’organisme fédéral voit ce mariage d’un mauvais œil puisqu’il empêcherait ou diminuerait « sensiblement » la concurrence dans 31 marchés vers le Mexique et les Caraïbes. Sur 16 liaisons, WestJet se retrouverait en situation de monopole.

Toutefois, le marché québécois – où Air Canada, Transat A. T. et Sunwing rivalisent déjà dans le créneau du voyage d’agrément – n’apparaît pas dans la liste des endroits qui inquiètent le Bureau. C’est essentiellement dans l’Ouest (Calgary/Edmonton/Saskatoon/Kelowna/Vancouver) que l’on appréhende le pire. Entre Calgary et Cancún, par exemple, WestJet pourrait contrôler 80 % du marché en hiver.

La présence de WestJet est minime à Montréal et dans le reste du Québec, tandis que c’est tout le contraire pour Sunwing. La fusion n’a aucun impact dans le marché québécois.

Robert Kokonis, président de la société de conseil Air Trav

Deuxième transporteur en importance au pays, WestJet, établi à Calgary, avait annoncé, en mars dernier, un accord pour acquérir Sunwing et Vacances Sunwing, dirigés depuis Toronto. Vacances Sunwing exploite un siège social régional à Laval. Au Québec, l’entreprise compte environ 570 salariés. Le montant de la transaction n’avait pas été dévoilé, puisqu’il s’agit de deux sociétés à capital fermé.

Moins d’acteurs

L’analyse de l’organisme fédéral repose sur des données recueillies avant et après la pandémie de COVID-19. Dans le créneau du voyage d’agrément, le regroupement de Sunwing et WestJet fait craindre une érosion de la concurrence dans l’Ouest canadien, souligne le Bureau.

Indirectement, le repositionnement de Transat A. T. vers Montréal et l’est du Canada semble avoir pesé dans l’analyse du Bureau. L’organisme fédéral remarque que ce dernier n’offrait plus de vols vers les destinations soleil à partir de Regina, Saskatoon et Kelowna.

« La transaction envisagée entraînera l’acquisition de l’un des plus grands voyagistes intégrés du Canada (Sunwing) par l’un de ses principaux rivaux dans la fourniture de forfaits vacances (WestJet) », souligne le document.

M. Kokonis est en désaccord avec certains constats du Bureau.

S’il reconnaît que la transaction proposée viendrait consolider l’industrie dans certains marchés, l’expert estime que cela n’imposerait pas de barrières pour d’éventuels nouveaux acteurs.

« La liste des transporteurs à bas coût s’allonge au Canada, souligne M. Kokonis. Il y a Flair Airlines, Canada Jetlines, Lynx Airlines et OWG. Rien n’empêche ces transporteurs d’aller, par exemple, s’établir à Winnipeg pour offrir des vols et forfaits vers Cancún. »

Dans une déclaration, WestJet a rappelé que l’avis du Bureau était « non contraignant » et qu’il s’agissait d’un document analysé par le ministre des Transports, Omar Alghabra, qui devra faire une recommandation au gouvernement Trudeau.

« La décision finale, prise par le Cabinet, tiendra compte des facteurs supplémentaires présentés par WestJet, notamment la préservation de la marque Sunwing, l’engagement à maintenir les bureaux de Sunwing à Toronto et à Montréal et les nouveaux vols qui seront créés », a souligné le transporteur établi à Calgary.

Pour sa part, Sunwing s’est limité à dire que le Bureau n’avait pas soulevé de préoccupations à l’égard du Québec.

D’autres inquiétudes

Il n’y a pas que le Bureau qui s’inquiète des effets de l’achat de Sunwing par WestJet. Aéroports de Montréal (ADM) avait interpellé Transports Canada dans le cadre de ses consultations en s’inquiétant de potentielles pertes de vols directs au profit de Toronto.

Lisez ADM craint une perte de vols directs vers Toronto

Pour sa part, Transat A. T. avait repris une critique adressée à son projet de regroupement avec Air Canada avant qu’il ne soit annulé l’an dernier : la consolidation d’acteurs dans l’industrie aérienne dans le segment des destinations soleil. Le voyagiste dit vouloir prendre le temps d’analyser le rapport du Bureau, mais estime que les conclusions « semblent rejoindre les mêmes préoccupations que nous avons exprimées dans le passé ».

WestJet et Sunwing estiment que leur regroupement sera complété d’ici le printemps 2023. Les deux entreprises doivent obtenir toutes les approbations réglementaires et gouvernementales restantes.

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  • 215 millions CAN
    Perte de Sunwing pour l'exercice 2021
    source : groupe tui