L’action de Lightspeed Commerce perd 18 % à la Bourse tandis que le spécialiste du commerce infonuagique révise légèrement ses prévisions à la baisse. À l’approche de période cruciale des Fêtes, la direction voit des signes de ralentissement poindre à l’horizon.

« La période des Fêtes pour nous, c’est la grande période d’achats, commente son chef de la direction, Jean Paul Chauvet, en entrevue. On a commencé à voir une légère faiblesse par rapport à l’année dernière. Il y a l’inflation, le risque d’une récession. Le coût de l’énergie a augmenté. »

En excluant l’effet des devises, la société montréalaise prévoyait enregistrer des revenus d’entre 740 millions US et 750 millions US au cours de l’exercice, comparativement à une fourchette d’entre 740 millions US et 760 millions US. « On est prudent dans nos prévisions », juge M. Chauvet.

La force du dollar américain, devise avec laquelle l’entreprise rapporte ses résultats, a aussi un effet négatif sur les revenus rapportés à l’extérieur des États-Unis.

La différence pourrait être de 10 millions US à 15 millions US. C’est un effet comptable qui n’est pas lié aux activités de la société à l’international.

M. Chauvet estime que Lightspeed gère bien les choses « qu’on contrôle » et que le contexte économique difficile renforce la pertinence de ses solutions de commerce infonuagiques pour les commerçants et restaurateurs.

Bien des commerçants ont besoin de recruter en même temps que la main-d’œuvre se fait plus rare et plus coûteuse. « Le monde de l’après-COVID est beaucoup plus compliqué. »

Les assurances de M. Chauvet ne semblent pas avoir convaincu les investisseurs. L’action perdait 4,58 $, ou 18,65 %, à 20,04 $ à la fin de la séance à la Bouse de Toronto.

Le profil de clients recherchés

Lightspeed s’est également donné l’objectif d’attirer davantage de clients de plus grande taille. La stratégie a eu pour effet de modérer la progression du nombre de nouveaux clients. Le nombre d’emplacements clients n’a augmenté que de 1000 points de vente pour atteindre 167 000, au deuxième trimestre (terminé le 30 septembre).

Ce ralentissement est compensé par l’augmentation du nombre d’emplacements générant une valeur de transaction brute (VTB) supérieure à 500 000 $. La part de cette clientèle est en hausse de 25 % depuis un an.

« C’est un segment qu’on aime beaucoup, explique M. Chauvet. C’est un segment où il y a moins de désabonnement. C’est un segment qui peut utiliser toutes nos plateformes. »

L’analyste Daniel Chan, de Valeurs mobilières TD, voit la stratégie d’un bon œil. « Concentrer ses efforts sur les plus gros clients, qui ont des taux de désabonnement plus bas, est logique dans ce contexte macro-économique. Les consommateurs avec une VTB supérieure à 500 000 $ ont un taux de désabonnement qui représente moins de la moitié du taux de désabonnement pour l’ensemble. »

Les résultats

Au deuxième trimestre, Lightspeed a dévoilé une perte nette de 79,9 millions US, contre une perte nette de 59,1 millions US à la même période l’an dernier. La perte nette ajustée diluée par action s’établit à 53 cents.

Les revenus, pour leur part, sont en hausse de 38 % par rapport à l’année précédente à 183,7 millions US.

Les revenus d’abonnement ont atteint 74,5 millions US, en hausse de 25 %, tandis que les revenus basés sur les transactions ont totalisé 101,3 millions US, une progression de 56 %.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient une perte ajustée diluée par action de 53 cents et des revenus de 183,1 millions US, selon la firme Refinitiv.

La perte avant impôt, intérêt et amortissement (BAIIA), une donnée qui refléterait mieux les activités de l’entreprise selon la direction, est de 8,5 millions US, comparativement à 10 millions US l’an dernier. La direction prévoit toujours que cette mesure sera à l’équilibre pour l’exercice terminé le 31 mars 2024.