L’amélioration des résultats chez SNC-Lavalin est encore ralentie par des surcoûts et des pertes liés à l’achèvement de ses contrats clés en main à prix forfaitaire.

Dans ses résultats du troisième trimestre divulgués vendredi, SNC-Lavalin affiche un bénéfice net des activités poursuivies de 46,6 millions, soit deux fois plus que la somme comptabilisée un an plus tôt.

Le chiffre d’affaires total s’élève à 1,89 milliard, en hausse de 4,4 % sur un an.

Le principal secteur d’activité de SNC-Lavalin, soit la division SNCL Services, a augmenté ses revenus trimestriels de 8,2 % à 1,6 milliard. Il s’agit d’un sixième trimestre de croissance d’affilée pour SNCL Services.

Quant au carnet de commandes de cette division, il se chiffrait à 11,6 milliards au 30 septembre, en hausse de 2 % par rapport à son niveau à pareille date l’an dernier.

« Compte tenu de la robustesse du carnet de commandes et du solide rendement du secteur Services d’ingénierie depuis le début de l’année, la direction relève ses perspectives de croissance des produits de SNCL Services pour l’exercice 2022 par rapport à l’exercice 2021, soit de 5 % à 7 %, par rapport à 4 % à 6 % auparavant », indique SNC-Lavalin par communiqué.

En contrepartie, la pression des surcoûts liés à l’achèvement des contrats clés en main à prix forfaitaire (CMPF) sur les flux de trésorerie incite la direction de SNC-Lavalin à abaisser légèrement sa cible de marge bénéficiaire d’exploitation (BAIIA ajusté) pour la fin de l’exercice 2022.

De l’avis des analystes Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, et Maxim Sytchev, de la Financière Banque Nationale, les résultats du troisième trimestre un peu inférieurs aux attentes et la révision baissière de l’objectif de rentabilité en fin d’année constituent encore un contexte « négatif » pour les investisseurs.

En Bourse, d’ailleurs, ces investisseurs ont manifesté leur déception en laissant glisser le prix des actions de SNC-Lavalin de près de 4 % en cours de séance.

Elles ont terminé en baisse de 1,4 % à 23,44 $, ce qui les rapproche de leur plus basse valeur de 21 $ par action atteinte depuis un an.

Pertes persistantes

Malgré les propos rassurants des dirigeants de SNC-Lavalin, les pertes liées à l’achèvement des contrats CMPF menacent encore de dépasser le budget de 300 millions prévu à cet effet pour l’exercice 2022.

Durant son plus récent trimestre, SNC-Lavalin a comptabilisé une autre perte de 44 millions parmi ses contrats CMPF, soit 11 millions de plus que lors du trimestre correspondant en 2021.

Trois projets en particulier continuent de gruger la rentabilité de l’entreprise, soit le Réseau express métropolitain (REM) dans la région de Montréal, la ligne de train léger Trillium, à Ottawa, et celle d’Eglinton, à Toronto.

Selon SNC-Lavalin, le REM « continue de bien progresser » et la « grande partie des travaux physiques » pour les deux projets ontariens serait terminée d’ici la fin de l’année.

Entre-temps, SNC-Lavalin attribue ces pertes aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, à l’inflation des coûts et à la rareté de la main-d’œuvre sur ces chantiers.

« Ces facteurs macro-économiques, à notre avis, sont majoritairement recouvrables en vertu des contrats que nous avons signés », a soutenu Ian Edwards, président et chef de la direction de SNC-Lavalin, lors d’une téléconférence avec les analystes financiers.

N’empêche, a-t-il admis, « ce ne sont pas de petites sommes et c’est une situation complexe et frustrante pour nous. Avant de trouver une entente [avec nos clients], nous devons terminer les travaux à nos frais. Nous ne parlons pas seulement des pertes de 2022, mais aussi de celles des années précédentes ».

Le processus de délaissement du marché des contrats CMPF est en cours depuis 2019 chez SNC-Lavalin. Cela fait donc trois ans que l’entreprise ne soumissionne plus pour des projets de ce genre, qui entraînent souvent des dépassements de coûts. SNC-Lavalin doit toutefois honorer les contrats déjà signés.

Avec La Presse Canadienne