(San Francisco) Elizabeth Holmes, l’ex-vedette de la Silicon Valley condamnée à plus de 11 ans de prison pour fraude, devra bien commencer sa peine le 27 avril, vingt ans après avoir fondé sa start-up Theranos.

Un juge a rejeté mardi sa demande de rester en liberté en attendant son appel, estimant qu’elle avait peu de chance de réussir à obtenir un verdict radicalement différent.

En janvier 2022, au terme d’un procès de quatre mois, les jurés avaient déterminé qu’elle avait « menti et triché » pour lever des fonds, selon les mots d’un procureur.

Theranos promettait des diagnostics plus rapides et moins chers que ceux des laboratoires traditionnels, grâce à des méthodes présentées comme révolutionnaires, permettant des tests multiples avec une toute petite quantité de sang.

Les investisseurs étaient séduits. En 2014, Forbes évaluait la fortune de Mme Holmes à 4,5 milliards de dollars et la décrivait comme la plus jeune femme milliardaire n’ayant pas hérité de sa fortune.

La jeune femme de 19 ans avait convaincu de nombreux investisseurs de poids, impressionnés par son éloquence et sa détermination, mais les nouveaux outils n’avaient jamais fonctionné comme promis.

Le juge Edward Davila a concédé qu’Elizabeth Holmes, 39 ans, ne présente pas de risque de fuite, soulignant notamment qu’elle a « deux jeunes enfants ». Elle était enceinte en novembre, lors de l’énoncé de sa peine.

Mais le magistrat estime que son appel a « peu de chances » de conduire à un acquittement ou à un nouveau procès.

« Les fausses déclarations de Mme Holmes aux investisseurs de Theranos ne concernaient pas seulement la technologie », précise-t-il dans sa décision de mardi.

Elle a aussi menti sur « la situation financière de l’entreprise, l’utilisation d’appareils fournis par des tiers, le partenariat avec [les pharmacies] Walgreens et la validation [de la technologie] par des entreprises pharmaceutiques », détaille-t-il.

En 2015, le Wall Street Journal avait publié une enquête accablante sur Theranos, malgré les tentatives de la dirigeante d’empêcher sa parution en faisant appel à Rupert Murdoch, le propriétaire du quotidien américain et aussi un investisseur de l’ex-start-up.

Pendant son procès, elle a tenté de convaincre le jury de sa bonne foi. Ses avocats ont assuré qu’elle n’avait jamais été motivée par l’appât du gain : elle aurait pu devenir riche, mais n’a jamais vendu d’actions, utilisant l’argent pour construire sa technologie.

La vedette déchue a par ailleurs évoqué sa relation avec Ramesh « Sunny » Balwani, son ex-directeur des opérations et compagnon, affirmant qu’il la contrôlait de près, au travail et à la maison.  

M. Balwani a aussi été condamné pour fraude et doit commencer sa peine ce mois-ci. Il a aussi fait appel.

L’histoire d’Elizabeth Holmes a fasciné les médias américains, car elle incarnait une certaine image de la Silicon Valley innovante, avant sa déchéance.