(Montréal) Cogeco Communications a dévoilé des résultats supérieurs aux attentes pour son deuxième trimestre, tandis que le câblodistributeur branche de nouveaux ménages canadiens et que les pertes d’abonnés se modèrent aux États-Unis.

L’entreprise québécoise continue de composer avec des vents défavorables en Ohio, aux États-Unis, où elle procède au changement de la marque de son acquisition WideOpen West.

Le président et chef de la direction, Philippe Jetté, a indiqué vendredi, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes, que la société avait perdu 5500 abonnés internet en Ohio au cours du trimestre clos le 28 février.

Sans tenir compte de WideOpen West, l’entreprise aurait ajouté 1700 nouveaux abonnés. « On aurait aimé des gains [en Ohio], mais c’est une amélioration par rapport au précédent trimestre [qui avait vu la perte de 14 000 clients aux États-Unis]. »

Il reste du travail à faire pour renouer avec la croissance en Ohio, et ça va prendre plus de temps pour augmenter la notoriété de notre marque.

Philippe Jetté, président et chef de la direction de Cogeco

Aux États-Unis, les revenus de Cogeco ont diminué de 5,2 % en devise constante. C’est un recul « significatif », estime l’analyste Jérôme Dubreuil, de Desjardins Marché des capitaux. Il attribue ce déclin aux vents contraires en Ohio ainsi qu’au recul de la câblodistribution pour la télévision et le téléphone. « Les prix demeurent bons, mais la croissance interne est plus faible. »

L’analyste Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD, croit que l’entreprise résiste bien à l’augmentation de l’intensité concurrentielle tant au Canada qu’aux États-Unis.

L’analyste se dit satisfait de voir que la concurrence n’a pas eu un effet trop important aux États-Unis à l’extérieur de l’Ohio. L’ajout de 8000 abonnés au Canada est également une bonne nouvelle, selon lui. « Compte tenu de la vigoureuse offensive récente de Bell, je crois que les résultats seront bien accueillis », commente M. Valentini.

Toujours en attente sur le sans-fil

Au sujet d’une éventuelle entrée dans le marché de la téléphonie mobile au Canada, Cogeco est toujours en attente des clarifications réglementaires de la part du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

L’entreprise envisage depuis près de cinq ans d’entrer dans le marché de la téléphonie mobile, mais la direction a toujours maintenu que sa décision dépendrait du cadre réglementaire lui permettant de louer l’accès au réseau des grandes sociétés de télécommunications canadiennes, soit Bell, Telus et Rogers.

En janvier, M. Jetté affirmait que les conditions dévoilées jusqu’à maintenant étaient « prometteuses » et que l’entreprise montréalaise devrait présenter un plan détaillé à cet égard d’ici la fin de l’année.

Les choses sont au beau fixe depuis. Le dirigeant rappelle que le spectre que détient l’entreprise couvre près de 91 % des ménages sur les territoires desservis par le service de câblodistribution de Cogeco. Il prévoit obtenir le feu vert du CRTC « très bientôt ». « La prochaine étape sera de négocier un tarif [pour louer l’accès à leur réseau] avec les trois opérateurs (Bell, Rogers et Telus) et après, vous pourrez nous trouver sur le marché. »

M. Jetté a refusé de commenter une récente nouvelle du Globe and Mail qui affirme que Rogers et Cogeco se font conseiller par des banquiers au sujet d’une éventuelle vente de la participation de 37 % de Rogers dans Cogeco. Un échange d’actifs, soit le rachat de la participation de Rogers contre des infrastructures de communication détenues par Cogeco en Ontario, serait envisagé, toujours selon le quotidien torontois. « Je n’ai pas de commentaire », a tranché M. Jetté.

Les revenus d’Oxio

La direction a également fourni des prévisions sur les revenus à espérer de l’acquisition du fournisseur indépendant Oxio, annoncée en février. L’entreprise pourrait ajouter « un peu plus de 2 % » à la base de revenu annuellement, a estimé le chef des finances, Patrice Ouimet.

À court terme, l’effet devrait toutefois être neutre sur les bénéfices de l’entreprise. « Ce n’est pas un chiffre significatif. Ce qui est important, c’est que l’entreprise connaisse une croissance rapide », a répondu le chef des finances.

Résultats

Cogeco a affiché un bénéfice net de 104,3 millions, en baisse de 13,1 % au trimestre clos le 28 février. Le bénéfice par action a reculé de 8 % pour s’établir à 2,19 $. Les revenus ont augmenté de 1,1 %, à 736,6 millions. En excluant l’effet de la variation de la valeur du dollar américain, ce chiffre aurait reculé de 1,8 % en raison de la diminution des revenus au sud de la frontière. Les analystes anticipaient un bénéfice par action de 2,08 $ et des revenus de 740,4 millions, selon Refinitiv. L’action alternait entre le rouge et le vert au cours de la séance de vendredi à la Bourse de Toronto. Elle perdait cependant 93 cents, ou 1,42 %, à 64,55 $, à la fermeture.