La montréalaise Haivision repousse à nouveau les avances de sa rivale ontarienne Evertz en parlant d’une « distraction » alors qu’un observateur estime qu’Evertz peut se permettre d’offrir davantage.

Evertz a fait parvenir vendredi une offre d’achat bonifiée d’environ 5 % au fournisseur montréalais de solutions pour la diffusion en continu Haivision. Cette proposition a rapidement été rejetée par Haivision durant le week-end.

« C’est à peu près la même offre que la précédente », commente le fondateur et grand patron de Haivision, Mirko Wicha. « Ce n’est en fait qu’une distraction », précise-t-il à La Presse.

Evertz a annoncé vendredi soir avoir acheminé à Haivision une proposition d’achat de 4,75 $ par action qui donnerait à Haivision une valeur boursière de 137 millions.

L’entreprise ontarienne avait d’abord proposé 4,50 $ par action (130 millions de dollars) au début de mars. Après avoir rejeté cette offre, Haivision s’est dotée d’une dragée toxique.

Aussi appelée pilule empoisonnée, une dragée toxique est un régime de droit des actionnaires se déclinant sous la forme d’une stratégie défensive visant à décourager une tentative de prise de contrôle non souhaitée en créant un risque de dilution important.

Dans ce cas-ci, la dragée toxique entrerait en vigueur aussitôt qu’un actionnaire obtiendrait une participation de 20 % ou plus dans Haivision et donnerait à tous les actionnaires, sauf l’auteur de l’offre hostile, le droit d’acheter de nouvelles actions à la moitié de leur prix sur le marché.

Dans sa proposition révisée et présentée vendredi à Haivision, Evertz précise que toute offre formelle et contraignante devra être soumise à un processus de vérification diligente.

Cette condition n’est pas raisonnable compte tenu de l’environnement concurrentiel dans lequel évoluent les deux entreprises, commente l’analyste Nick Corcoran, de la firme Acumen Capital.

« L’offre révisée reste par ailleurs bien en deçà de ce que les principaux actionnaires de Haivision accepteraient », ajoute-t-il.

Nick Corcoran affirme cependant qu’Evertz peut potentiellement offrir davantage si les dirigeants des deux entreprises décidaient de négocier.

En rejetant l’offre révisée d’Evertz le week-end dernier, le conseil d’administration de Haivision a expliqué que la proposition n’est pas dans le meilleur intérêt de l’entreprise et de ses parties prenantes, et que Haivision doit rester concentrée sur l’exécution de son plan d’affaires et de sa stratégie de croissance.

Cette saga avait commencé en février après qu’Everz eut révélé avoir accumulé des actions de Haivision sur le marché au point de détenir une participation de 10 % dans l’entreprise montréalaise et de se hisser parmi ses plus importants actionnaires. La direction avait alors indiqué avoir acheté les actions à des fins d’investissement.

Haivision a fait le saut en Bourse en décembre 2020. Le prix initial de l’action avait alors été fixé à 6,00 $ à Toronto. Le titre a gagné 7 % lundi pour clôturer la première séance de la semaine à 4,43 $ à Toronto.