(New York) Les géants américains du pétrole et du gaz ExxonMobil et Chevron ont vu leurs profits gonfler au premier trimestre malgré la baisse des prix de l’énergie, grâce notamment à leurs activités de raffinage et à leurs mesures d’économies.

ExxonMobil a particulièrement tiré son épingle du jeu : son bénéfice net a plus que doublé par rapport à la même période en 2022 pour atteindre 11,4 milliards de dollars, un record pour un premier trimestre.

Le bénéfice net de Chevron s’est de son côté apprécié de 5 % pour atteindre 6,6 milliards de dollars.  

Les profits des grands groupes énergétiques mondiaux ont grimpé à des niveaux jamais atteints l’an dernier, dopés par la montée en flèche des prix du brut et du gaz dans le sillage de la guerre en Ukraine.  

Les cours de l’or noir cotés à New York, qui avaient grimpé au-delà de la barre des 100 dollars en mars 2022, se sont depuis tassés sous l’effet du ralentissement de l’économie et évoluent actuellement entre 70 et 80 dollars.

Le chiffre d’affaires total d’ExxonMobil a ainsi reculé de 4 % à 86,6 milliards de dollars. Celui de Chevron de 7 % à 50,8 milliards de dollars.

Mais ExxonMobil a produit plus : 3,8 millions de barils par jour d’équivalent pétrole, soit 160 000 barils de plus qu’en 2022, avec de nouveaux projets en Guyana et dans le bassin permien aux États-Unis.

L’entreprise a écoulé dans le même temps plus d’hydrocarbures transformés, profitant au passage de marges de raffinage plus élevées. Elle a notamment bénéficié de la mise en route de l’extension de sa raffinerie Beaumont sur la côte du Golfe du Mexique, qui lui permet de traiter 250 000 barils de plus chaque jour.

La compagnie a, en revanche, vendu moins de produits chimiques et à des marges moins élevées.

Demande en Chine

ExxonMobil « accroît sa valeur en augmentant la production dans ses projets les plus avantageux pour répondre à la demande mondiale », a relevé son patron, Darren Woods.

Un élément clé à l’avenir sera de savoir dans quelle mesure la demande augmentera en Chine au fur et à mesure que le pays sort des restrictions sanitaires, a-t-il souligné dans une interview sur la chaîne CNBC. Dans un marché « tendu », « il n’y a pas beaucoup de leviers à actionner sur la production », a-t-il souligné.

Son groupe continue parallèlement à mettre en place son plan de réductions de coûts prévoyant des économies de l’ordre de 9 milliards de dollars par an fin 2023 par rapport à 2019.

Frappée au début de la pandémie par la chute des cours de l’énergie, l’entreprise avait engagé un gros programme de baisse des dépenses. Elle a depuis bénéficié du net rebond des prix du pétrole et du gaz.

Le bond de son bénéfice net est aussi lié au fait qu’elle avait enregistré une lourde charge sur la même période en 2022 liée à son départ d’un gros projet en Russie.

Chevron pour sa part a extrait moins d’hydrocarbures (-3 %), notamment en raison de la fin d’une concession en Thaïlande.

Mais le groupe dit aussi avoir profité de « marges plus élevées sur les ventes de produits raffinés ».  

De l’autre côté de l’Atlantique, TotalEnergies a également fait part jeudi d’une augmentation de son bénéfice net, de 12 % à 5,6 milliards de dollars, malgré une baisse de son chiffre d’affaires.  

Le géant italien des hydrocarbures Eni a en revanche rapporté vendredi avoir vu son bénéfice net chuter de 33 % au premier trimestre.

ExxonMobil comme Chevron ont inscrit dans leurs comptes des charges, de respectivement 200 millions et 130 millions de dollars, liées à des impôts supplémentaires sur l’énergie en Europe.  

Ils ont aussi largement récompensé leurs actionnaires, ExxonMobil leur reversant au total 8,1 milliards de dollars et Chevron 6,6 milliards.  

Les deux entreprises ont aussi assuré qu’elles utilisaient une partie leurs bénéfices pour investir dans la réduction des émissions de carbone, notamment des projets de capture et de stockage du carbone.

L’action d’ExxonMobil s’appréciait de 1,5 % dans les premiers échanges de la Bourse de New York tandis que celle de Chevron cédait 0,7 %.