Une commande de jets d’affaires pouvant atteindre 5 milliards US obtenue par Embraer auprès d’une entreprise du milliardaire Warren Buffett attire l’attention au Québec. Elle procurera du travail à Héroux-Devtek, mais pourrait servir d’avertissement à Bombardier dans le segment des jets d’affaires de taille moyenne.

NetJets, propriété du conglomérat Berkshire Hathaway, pourrait acheter jusqu’à 250 Praetor 500 au constructeur brésilien. Puisqu’il s’agit d’options, il est impossible, pour l’instant, d’avoir une idée du nombre d’appareils qui seront commandés. NetJets loue des appareils à des taux horaires généralement supérieurs à 1000 $ US ou offre des sièges dans des jets privés. Cette entreprise est aussi cliente de Bombardier.

Les retombées s’annoncent positives pour Héroux-Devtek, responsable de la fabrication et de l’assemblage des trains d’atterrissage des Praetor 500 et 600. La multinationale établie à Longueuil, en banlieue sud de Montréal, fournit étalement des pièces de rechange à Embraer.

« Il y a de l’usinage qui se fait à Laval […] et l’intégration se fait ici à notre usine de Longueuil, souligne le président et chef de la direction de l’entreprise québécoise, Martin Brassard, au cours d’un entretien téléphonique. On est dans ce programme [Praetor 500] depuis le début. On se réjouit d’avoir misé sur une belle plateforme. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Martin Brassard est président et chef de la direction d’Héroux-Devtek.

Même si les livraisons ne débuteront que dans deux ans, Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, estime que cette potentielle commande de NetJets aidera Héroux-Devtek, présente dans le secteur civil ainsi que celui de la défense, à ajouter une corde à son arc.

« Cela contribuera à diversifier la charge de travail, souligne l’analyste, dans une note. Les jets d’affaires ne représentent qu’environ 6 % des ventes chez Héroux-Devtek. Cette entente viendra s’ajouter à celles conclues pour les Falcon 6X et 10X de Dassault. »

Similitudes avec Bombardier

C’est la première fois qu’Embraer vend des appareils de moyenne taille à NetJets. La multinationale brésilienne n’était pas la seule sur les rangs pour ce potentiel contrat. Il n’a pas été possible de savoir si Bombardier convoitait l’entente.

La cabine du Preator 500 est un peu plus courte (d’un pied, soit environ 30 centimètres) que celle du Challenger 3500 de Bombardier. L’appareil d’Embraer peut transporter jusqu’à neuf passagers, alors que celui de l’avionneur québécois peut en accueillir un de plus. Il y a des similitudes entre les deux avions.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB D’EMBRAER

Le jet privé Praetor 500 construit par Embraer

M. Poirier interprète la décision de NetJets comme un message pour Bombardier.

Cela signifie que la position de chef de file de Bombardier dans le créneau des appareils de moyenne taille pourrait être remise en question et qu’un nouveau Challenger sera probablement nécessaire au cours des cinq prochaines années si l’entreprise veut conserver sa place.

Benoit Poirier, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins

Bombardier voit les choses d’un autre œil. Dans une déclaration, elle affirme que son Challenger 3500 est « dans une catégorie d’avions de taille plus grande » que l’appareil de sa concurrente.

Brian Foley, de la firme américaine Brian Foley Associates, croit que NetJets a sollicité plusieurs avionneurs dans le cadre de ses démarches. Si l’entente constitue une belle victoire pour Embraer, l’analyste estime que l’entreprise a probablement offert de généreux rabais à NetJets, ce qui réduira sa marge bénéficiaire.

« La profitabilité par appareil sera probablement inférieure comparativement à celle d’un jet privé vendu à un particulier fortuné », affirme M. Foley.

À la Bourse de Toronto, vendredi, l’action d’Héroux-Devtek a pris 1,2 %, ou 15 cents, pour clôturer à 12,97 $. Pour sa part, le titre de Bombardier a cédé 0,5 %, ou 28 cents, à 55,01 $.

En savoir plus
  • 102
    Nombre de jets privés livrés par Embraer en 2022. Quinze Preator 500 ont été remis à des clients.
    Source : Embraer
    123
    Nombre de jets privés livrés par Bombardier l’an dernier
    Source : Bombardier