Devant le niveau élevé d’endettement des Canadiens, la hausse des taux d’intérêt et l’incertitude économique, le régulateur bancaire augmente à nouveau ses exigences en matière de capital pour les six grandes banques du pays.

Le Bureau du surintendant des institutions financières du Canada a annoncé mardi que le taux de la réserve pour stabilité intérieure est relevé de 50 points de base, à 3,5 %.

Cette décision a un impact sur les attentes du régulateur en matière de réserves visant à assurer une capitalisation adéquate des banques.

Les analystes ont rapidement noté que le ratio de fonds propres réglementaires minimum à maintenir montait de 11 % à 11,5 %.

Ce ratio mesure la capacité des institutions financières à absorber des chocs. Les autorités ajustent leurs exigences afin que les banques se constituent des réserves reflétant la croissance des vulnérabilités potentielles.

Les banques peuvent recourir à leurs réserves lorsque les conditions deviennent difficiles, ce qui leur permet de disposer de plus de fonds pour continuer d’accorder des prêts aux entreprises et aux ménages et éponger des pertes.

L’objectif de l’annonce de mardi est de renforcer la résilience du système financier canadien.

C’est la troisième fois en deux ans que l’organisme de réglementation fait un geste semblable. Le taux de la réserve pour stabilité intérieure avait aussi été relevé en 2021 et en 2022.

En mars 2020, par contre, le taux de la réserve pour stabilité intérieure avait été abaissé en réponse à la pandémie de COVID-19. « Cela avait permis aux banques canadiennes d’absorber les pertes potentielles et de continuer à supporter l’économie », rappelle l’analyste Scott Chan, de la firme Canaccord.

Cet expert souligne que les six grandes banques canadiennes sont toutes bien capitalisées aujourd’hui et respectent déjà toutes le ratio de fonds propres minimum exigé. Elles ont donc suffisamment accumulé de capitaux excédentaires et se sont déjà fixé pour objectif de fonctionner avec un ratio de plus de 12 %.

De ce fait, son collègue John Aiken, chez Barclays, souligne que la décision des autorités ne forcera pas les banques à lever des capitaux supplémentaires, surtout que les nouvelles exigences n’entreront pas en vigueur avant le début du prochain exercice financier des banques, c’est-à-dire au début de novembre.

John Aiken trouve néanmoins le geste de l’organisme de réglementation un brin curieux. « S’il n’est pas surprenant que l’autorité de régulation se concentre sur les niveaux de capital dans le contexte actuel, la décision pourrait devoir être rapidement infirmée si un ralentissement de l’économie devait exercer une pression sur les bénéfices et les niveaux de capital. »

Plus les banques sont tenues de maintenir des réserves élevées, moins elles ont de moyens à leur disposition pour réaliser des acquisitions, bonifier le dividende versé à leurs actionnaires ou racheter des actions à des fins d’annulation.

Le Bureau du surintendant des institutions bancaires du Canada revoit le taux de la réserve pour stabilité intérieure de façon semi-annuelle. La prochaine révision est attendue en décembre.