(Montréal) SNC-Lavalin vend ses activités d’ingénierie dans les pays scandinaves. Cette transaction démontre qu’il y aurait un appétit pour certains actifs que la firme montréalaise de génie cherche à vendre, selon un expert.

La société a conclu une entente avec la firme française Groupe Systra en vue de lui vendre ses activités d’ingénierie au Danemark, en Suède et en Norvège, a annoncé vendredi SNC-Lavalin. La valeur des actifs cédés est estimée à 80 millions de livres sterling, soit environ 136 millions CAN.

La transaction devrait être conclue à l’automne et serait profitable pour l’entreprise québécoise, a fait valoir la direction dans un communiqué.

L’annonce s’inscrit dans le cadre d’une révision des activités stratégiques amorcée en mars par SNC-Lavalin. « Aujourd’hui, cette entente optimise davantage notre portefeuille d’activités afin d’assurer le déploiement du capital et des ressources humaines dans les secteurs offrant le meilleur potentiel de création de valeur », a déclaré le président et chef de la direction, Ian Edwards.

L’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, croit que l’un des principaux éléments de l’examen stratégique est de déterminer quelles activités régionales parviennent à générer des marges satisfaisantes. « L’annonce d’aujourd’hui laisse entendre que ce n’était pas le cas des activités scandinaves », conclut-il.

SNC-Lavalin a réussi à obtenir un prix « très attrayant » pour une entreprise qui génère des marges peu élevées, estime M. Poirier. « Non seulement la transaction permet à SNC-Lavalin de déployer des capitaux vers ses priorités et de financer les pertes restantes des contrats clés en main, mais elle va aussi contribuer à une amélioration des marges des services d’ingénierie dans l’ensemble. »

La petite taille de SNC-Lavalin dans la région devait faire en sorte que ses activités génèrent des marges peu élevées, a avancé l’analyste Maxim Sytchev, de Financière Banque Nationale. « Nous croyons que les raisons appuyant la transaction sont les bonnes pour les deux parties, d’autant plus que Systra a une présence relativement importante dans la région. »

L’analyste croit que la transaction dissipe les inquiétudes à savoir si SNC-Lavalin trouvera preneur pour les actifs dont le rendement est inférieur aux attentes. « Si SNC-Lavalin veut une évaluation comparable à WSP ou Stantec, l’entreprise doit élaguer davantage ses activités, notamment la firme Linxon, mais aussi les activités d’exploitation et d’entretien et éventuellement sa participation restante dans l’autoroute 407. »

M. Edwards a déjà indiqué que Linxon, filiale spécialisée dans l’électrification de projets, faisait partie des actifs visés par la révision stratégique.

La stratégie évolue dans la bonne direction, croit M. Sytchev, qui dit recevoir beaucoup de questions de la part d’investisseurs qui veulent savoir s’il est temps de miser sur un retournement de la situation. « Pour cela, la génération de flux de trésorerie constants est une condition essentielle », estime-t-il.

Au contraire, M. Poirier pense qu’il s’agit d’un bon moment pour acheter des actions de l’entreprise. Il souligne que le titre s’échange à une aubaine équivalente à environ 5 fois les prévisions du bénéfice avant intérêts, impôt et amortissement (BAIIA) pour 2024 par rapport aux entreprises comparables.

Les résultats financiers de la société ont été volatiles ces dernières années, notamment en raison des contrats clés en main. SNC ne soumissionne plus à ce type de projets depuis 2019, car ils connaissent souvent des dépassements de coûts.

L’entreprise doit encore en terminer trois avant que les activités de cette division soient terminées. Il s’agit du Réseau express métropolitain (REM) dans la grande région de Montréal, de la ligne de train léger Trillium, à Ottawa, et de celle d’Eglinton, à Toronto.

En mai, M. Edward a réitéré que les deux projets en Ontario étaient presque terminés et que le REM progressait « très bien ». « Le REM était achevé à 75 % à la fin mars. Nos pertes trimestrielles sont en ligne avec nos prévisions », avait-il affirmé à l’époque, lors d’une téléconférence avec les analystes financiers.

L’action de SNC-Lavalin a plafonné aux alentours des 57 $ à 60 $ entre 2008 et 2018, avant une importante correction de son titre. Depuis le début de l’année, l’action est en hausse de près de 45 %, mais elle se négocie toujours près de 40 % en deçà de son sommet de 2018.