Les deux plus grandes compagnies aériennes du Canada ont vu une proportion beaucoup plus élevée de leurs vols retardés que plusieurs de leurs pairs américains, selon les données compilées par une société de données sur l’aviation.

Dans l’ensemble, seulement la moitié des vols d’Air Canada étaient à l’heure entre le 19 juin et le 16 juillet, révèlent les statistiques fournies par Cirium.

En comparaison, 64 % des vols de WestJet ont atterri à l’heure.

Les vols sont considérés à l’heure s’ils atterrissent avec un maximum de 15 minutes de retard sur leur heure d’arrivée prévue.

Ces chiffres contrastent avec les performances des cinq plus grandes lignes aériennes des États-Unis, dont les taux de ponctualité varient entre 68 % et 83 %.

Plusieurs raisons sous-tendent les retards sur le tarmac au Canada, qui sont bien en deçà du taux de ponctualité de 80 % visé par l’industrie.

Pour répondre à la demande estivale croissante — Air Canada transporte maintenant 140 000 passagers par jour —, les compagnies aériennes font voler leurs avions plus souvent, a expliqué John Gradek, chargé de cours au programme de gestion de l’aviation de l’Université McGill. Cette pratique peut entraîner des problèmes qui retardent les voyageurs à travers le pays.

« Les avions existants travaillent plus fort », a-t-il affirmé. Cela laisse moins de temps pour la maintenance entre les vols et pendant la nuit.

« Si vous ne donnez pas suffisamment de temps aux mécaniciens pour réparer les pépins de façon régulière, ceux-ci vont vous rattraper. Et vous vous retrouvez alors avec un avion inutilisable qui ne peut pas voler. »

La moitié des 18 gros-porteurs A330 d’Air Canada et la plupart de ses 76 Airbus A319, A320 et A321 à fuselage étroit — plus de 40 % de sa flotte — ont plus de deux décennies.

« Ces avions ont besoin depuis longtemps de beaucoup d’entretien […] pour voler de manière fiable », a estimé M. Gradek.

Les pénuries d’équipages peuvent également jouer un rôle en haute saison. Il est plus difficile de trouver un pilote ou un agent de bord de rechange lorsque chaque avion vole plus souvent — ou lorsque les retards s’accumulent, dépassant les « temps de service » pendant lesquels les employés sont autorisés à travailler au cours d’une période donnée.

Air Canada a reconnu la pression exercée sur son réseau en cette haute saison de voyages.

« Lorsqu’il fonctionne au maximum de sa capacité, le système, comme tous les autres, peut ralentir les processus et mettre plus de temps à se rétablir en cas de problème. Cela dit, de nombreux retards ont été relativement courts », a fait valoir la porte-parole du transporteur, Angela Mah, dans un courriel.

Les chiffres montrent qu’environ 93 % des voyages d’Air Canada et 98 % des voyages de WestJet ont atteint la porte d’embarquement avec moins de deux heures de retard.

Les orages ont également causé leur part de problèmes cet été, a noté Air Canada. Pendant la période de 40 jours entre le 1er juin et le 10 juillet, 31 jours ont connu des « perturbations liées aux conditions météorologiques », contre 20 jours au cours de la même période en 2019, a indiqué la société montréalaise.

« Notre plaque tournante mondiale de Montréal a connu de nombreux orages au cours des dernières semaines, y compris de multiples alertes rouges — nécessitant des arrêts d’exploitation en raison de la foudre — qui ont entraîné des retards. Des situations similaires se sont produites fréquemment dans l’est de l’Amérique du Nord, où nous avons un volume important de vols », a expliqué Mme Mah.

Elle a également souligné la pénurie de contrôleurs aériens – au Canada et aux États-Unis – qui force les avions à attendre avant d’atterrir.

Ce temps passé à faire le tour de la piste peut également ajouter des heures aux quarts de travail des équipages de vol chaque semaine, les rapprochant de leur plafond de 28 jours et leur laissant moins de marge de manœuvre pour combler les lacunes d’effectif avant la fin du mois.

« Dans la foulée de ces évènements, l’objectif d’Air Canada est de remettre ses avions et leurs équipages sur les rails et de permettre à nos clients de reprendre leur route le plus tôt possible », a poursuivi Mme Mah.