(Montréal) Québecor obtient le prix qu’elle avait proposé pour accéder au réseau de Rogers tandis que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a tranché en sa faveur.

Les deux sociétés de télécom n’étaient pas parvenues à s’entendre sur le prix auquel Québecor pourrait louer l’accès au réseau de Rogers dans les régions où elle n’a pas son propre réseau.

Elles ont demandé l’intervention du CRTC pour faire l’arbitrage de leur offre finale. Après une « analyse exhaustive », le tribunal administratif a penché en faveur de Québecor, selon la décision dévoilée par communiqué lundi soir. Les détails sur les tarifs proposés demeurent confidentiels.

Dans la décision, le CRTC a expliqué que le tarif proposé par Québecor lui permettrait de livrer une concurrence « plus significative ». Le CRTC estime aussi que ces conditions n’auraient « pas d’incidence sur la capacité ou l’incitation de Rogers à investir dans son réseau sans fil ».

« La décision constitue un autre pas vers l’avant afin de faire accroître le choix en matière de services cellulaires tout en garantissant l’investissement dans des réseaux de grande qualité », a commenté la présidente et première dirigeante du CRTC, Vicky Eatrides.

Il s’agit d’un changement de cap pour le CRTC, croit l’analyste Maher Yaghi, de Banque Scotia. L’expert souligne un passage de la décision où le CRTC affirme qu’en déterminant ses tarifs, il pourrait « exiger à une entreprise par ailleurs rentable de subir une perte modeste ou temporaire dans un secteur d’activité alors que d’autres secteurs demeurent rentables ».

Les investisseurs devraient porter une attention particulière à ce passage « qui n’a pas été écrit à la légère », croit l’analyste. « C’est un écart important par rapport à la norme, ajoute-t-il. C’est important parce que le CRTC révise l’accès au réseau de l’internet haute vitesse et pourrait intervenir dans la fibre optique jusqu’au domicile. »

Un processus en cours

Le nouveau cadre réglementaire établi par le CRTC force les grandes sociétés de télécommunications (Bell, Rogers et Telus) à louer l’accès à leur réseau à condition que l’entreprise locataire ait son propre réseau. L’objectif est de favoriser une plus grande concurrence au Canada.

Si Québecor et Rogers ont demandé l’arbitrage, la fenêtre pour la période de négociations entre les autres acteurs de l’industrie n’est pas encore fermée. Ils ont jusqu’au 7 août pour trouver une entente, sinon le tribunal « envisagera d’utiliser tous les outils à sa disposition pour assurer la conformité à son cadre », selon l’ordonnance publiée en mai.

Québecor, qui a une stratégie d’expansion hors Québec, participe au processus, tout comme le câblodistributeur québécois Cogeco Communications, qui envisage de lancer un réseau sans fil. Les deux entreprises ont souligné à maintes reprises par le passé que l’accès au réseau des grandes sociétés était une condition essentielle à leur plan d’expansion respectif.

Il s’agit d’une bonne nouvelle pour Québecor, estime l’analyste Jérôme Dubreuil, de Desjardins Marché des capitaux. « Implanter un réseau à l’extérieur du Québec ne sera toutefois pas une mince affaire, prévient-il. Les grandes sociétés de télécommunications ont une base de coûts moins élevée et le marché pourrait devenir plus concurrentiel. »

Québecor a complété l’achat de Freedom Mobile, dans le cadre de la vente de Shaw à Rogers, au début du mois d’avril pour un montant de 2,85 milliards. Outre l’accès au réseau des grandes sociétés de télécommunications, la société mère de Vidéotron devra également réaliser d’importants investissements dans le réseau de Freedom au cours des sept prochaines années pour étendre sa couverture.

Pour Québecor, la décision du CRTC encourage la concurrence. « Ces tarifs confirmés par le CRTC permettront à Québecor et ses filiales de continuer à proposer des forfaits sans fil encore plus abordables, encore plus accessibles et parmi les plus concurrentiels, ainsi que d’étendre l’offre de Québecor partout au Canada, au bénéfice des consommatrices et des consommateurs », a réagi l’entreprise dans un courriel. Rogers n’a pas encore commenté la décision du CRTC.

L’action de Québecor a clôturé en hausse de 39 cents, ou 1,19 %, à 33,21 $, mardi, à la Bourse de Toronto.