(Toronto) La Banque Royale du Canada (RBC) accélère les suppressions d’emplois dans le cadre de ses efforts de réduction des coûts en prévision d’un ralentissement économique attendu.

La banque, qui a annoncé jeudi une hausse de ses bénéfices au troisième trimestre, dépassant les attentes des analystes, a annoncé qu’elle prévoyait de supprimer 1 à 2 % de ses effectifs équivalents temps plein au prochain trimestre, en plus du 1 % qu’elle a supprimé au cours du dernier trimestre.

Ces réductions interviennent alors que la hausse des taux d’intérêt pèse sur l’activité économique attendue, malgré la bonne tenue des dépenses de consommation.

« Notre scénario de base prévoit un ralentissement des perspectives économiques », a déclaré le directeur général Dave McKay lors d’une conférence téléphonique avec des investisseurs et des analystes financiers.

« Nous prévoyons un ralentissement de la croissance et une baisse de l’inflation en raison de l’impact décalé de la politique monétaire, combiné à un ralentissement en Chine et à des risques climatiques et géopolitiques élevés. »

Compte tenu des perspectives, la banque a renforcé son attention sur le contrôle des dépenses, a indiqué M. McKay, y compris le ralentissement des dépenses discrétionnaires et la modération de l’embauche.

Les premières suppressions d’emplois ont été réalisées en grande partie par déperdition naturelle, mais les réductions vont s’accélérer ce trimestre maintenant que la banque a reçu les autorisations réglementaires nécessaires pour aller de l’avant, a-t-il dit.

Embauches de trop

Ces réductions interviennent après que M. McKay a déclaré, au cours du dernier trimestre, que la banque avait embauché des milliers de personnes en trop. La banque a ajouté environ 6100 employés équivalents temps plein en 2022 par rapport à l’année précédente, et 3000 au cours des deux premiers trimestres de cette année.

Au troisième trimestre, la société a réduit son effectif d’environ 2400 personnes, bien qu’environ les deux tiers de cette réduction soient le résultat d’une vente partielle de RBC Services aux investisseurs, laissant RBC avec 93 753 employés équivalents temps plein au cours de son dernier trimestre.

Malgré ces réductions, l’augmentation globale du nombre d’employés et la hausse des salaires ont entraîné une hausse des coûts de 17 %, a expliqué Nadine Ahn, directrice financière.

Elle a précisé que la banque a enregistré près de 70 millions d’indemnités de licenciement au cours des deux derniers trimestres et qu’elle devrait en enregistrer d’autres au cours du prochain trimestre, avant que la RBC ne commence à bénéficier des réductions de dépenses l’année prochaine.

L’accent mis sur les coûts intervient alors que la banque a déclaré que les dépenses avaient augmenté de 23 % au cours du trimestre par rapport à l’année dernière, dont environ 10 % étaient liés aux acquisitions et aux taux de change. Mis à part cela, les frais autres que d’intérêt ont augmenté de 13 %, en raison de la hausse des coûts liés au personnel et des honoraires professionnels.

Bénéfice en hausse

Malgré l’augmentation des coûts, la banque a enregistré un bénéfice net de 3,87 milliards, soit 2,73 dollars par action, pour le trimestre clos le 31 juillet, contre 3,58 milliards, soit 2,51 dollars par action, pour le même trimestre de l’année précédente.

Les recettes se sont élevées à 14,49 milliards, contre 12,13 milliards un an plus tôt.

Les provisions pour pertes sur créances se sont élevées à 616 millions, contre 340 millions au même trimestre de l’année précédente.

Sur une base ajustée, RBC déclare avoir gagné 2,84 $ par action au cours de son dernier trimestre, contre 2,55 $ un an plus tôt.

L’estimation moyenne des analystes était de 2,71 $ par action, selon les chiffres compilés par la société de données sur les marchés financiers Refinitiv.

La banque a dépassé les attentes, en partie grâce à des provisions pour pertes de crédit plus faibles que prévu, ainsi qu’à un taux d’imposition plus bas, a écrit Meny Grauman, analyste à la Banque Scotia, dans une note aux clients.

Selon lui, les efforts de réduction des dépenses, notamment par la diminution du nombre d’employés équivalents temps plein (ETP), devraient contribuer à la performance de la banque.

« Le levier d’exploitation reste un problème pour cette banque, mais nous voyons certainement des preuves tangibles que RY s’efforce de résoudre ce problème en réduisant les ETP. »

La banque a également bénéficié d’une légère augmentation des marges d’intérêt nettes dans le secteur bancaire canadien, alors que le flux de clients vers les dépôts à terme tels que les certificats de placement garanti a ralenti.