L’entreprise québécoise Deep Sky concrétise un peu plus ses ambitieux projets de capture et de séquestration de carbone avec la nomination de Damien Steel à titre de président-directeur général.

Fort d’une longue expérience avec les entreprises émergentes, Damien Steel était jusqu’à présent associé directeur et responsable mondial du capital-risque chez OMERS Ventures (OV), une division de l’important fonds de pension institutionnel OMERS. Il y était chargé des investissements, de la gestion des fonds et de la supervision stratégique du groupe.

Fondée en septembre 2022 par Fred Lalonde et Joost Ouwerkerk, eux-mêmes cofondateurs de la populaire application de produits de voyage Hopper, Deep Sky veut mettre en place au Canada des infrastructures de capture et de stockage de CO2 à grande échelle.

Damien Steel ne leur était pas inconnu : il avait dirigé l’important investissement d’OMERS OV dans Hopper et siégeait à son conseil d’administration.

« C’est un ami, d’ailleurs, précise Fred Lalonde. Il a été une des personnes clés qui nous ont permis de bâtir Hopper. Et pour être tout à fait honnête, ça fait des années que je voulais travailler avec Damien au niveau opérationnel, et je cherchais une excuse pour le faire. »

Damien Steel demeurera conseiller principal chez OMERS Ventures.

C’est une transition qui s’est faite d’un commun accord avec OMERS. Damien est clairement une des étoiles montantes chez OMERS, et vu l’importance du projet Deep Sky pour le Canada et le Québec, ils ont acquiescé à l’idée.

Fred Lalonde, cofondateur de Deep Sky

Bien qu’il ait dirigé en 2022 l’investissement de démarrage d’une entreprise spécialisée dans les technologies climatiques établie à Toronto, Damien Steel n’a pas d’expertise spécifique en matière environnementale ou en capture de CO2.

« Comme nous tous, il vient du software », commente M. Lalonde, toujours président de Hopper. « La raison pour laquelle je suis particulièrement excité d’avoir convaincu Damien de se joindre à nous, c’est que c’est une des meilleures personnes au Canada pour la construction de compagnies de croissance. »

L’ex-directeur d’OMERS Ventures détient une autre compétence essentielle aux yeux de Fred Lalonde : « Damien parle français. Il s’est pris une résidence à Montréal, informe-t-il. On n’a pas pris quelqu’un qui refuse d’apprendre le français. »

Les cours de français sont obligatoires chez Deep Sky, insiste-t-il. « Même pour les Américains. »

De grandes ambitions

Deep Sky veut mettre sur pied d’ici deux ans au Québec des usines pilotes de capture de carbone océanique et aérien, dites Alpha, prélude d’un complexe intégré capable de capturer et de séquestrer des centaines de milliers de tonnes de CO2, nommé Deep Sky One.

L’ampleur et l’ambition de ces projets pourraient susciter un certain scepticisme.

« Effectivement, ça semble trop gros, reconnaît Fred Lalonde. Mais on n’aura tout simplement pas le choix. »

Les incendies qui ont fait rage cet été ont encore montré l’urgence d’agir.

La géographie, la disponibilité du potentiel électrique actuel et futur, la géologie du Québec et du Canada sont absolument uniques, et on est presque destinés à devenir un joueur mondial. Il n’y a aucune raison que Deep Sky ne soit pas la plus grande compagnie du secteur au monde. Mais ce qu’on essaie de faire, c’est d’attirer le meilleur talent d’un peu partout, incluant au Québec.

Fred Lalonde

Un peu plus tôt cet été, l’entreprise a annoncé un partenariat avec la société québécoise Exterra pour un projet de séquestration de CO2 à partir de résidus miniers, ainsi qu’une entente avec la firme de Vancouver Svante Technologies pour une évaluation de la faisabilité du stockage de CO2 dans le sud du Québec.

Sur cette lancée, la nomination de Damien Steel est une étape importante dans la courte existence de Deep Sky.

« La dernière année a été passée à faire beaucoup de découvertes : aller voir les technologies qui étaient disponibles, trouver les partenaires, annoncer des partenariats. Mais là, Deep Sky veut devenir opérationnelle. On regarde les sites, on regarde les terrains, ça prend quelqu’un à temps plein pour être président. »

Entourée de sous-traitants et de fournisseurs, Deep Sky emploie pour l’instant une dizaine de personnes. « D’après moi, on va finir l’année à une vingtaine, estime Fred Lalonde. Et on peut s’attendre à ce que l’équipe demeure stable au cours de l’année prochaine pendant qu’on développe le projet Alpha. »

« On est en train essentiellement de bâtir les équipes scientifique et technique et avec l’ajout de Damien, ça va nous donner un leadership qui va nous permettre d’assurer les opérations. »