La famille Bouclin ne sera plus l’unique maître à bord chez Groupe Sélection, insolvable depuis plus de neuf mois. Corev Immobilier est dans la dernière ligne droite afin de récupérer les actifs restants du promoteur immobilier et exploitant de résidences pour aînés (RPA) insolvable, a pu confirmer La Presse.

Ce qu’il faut savoir 

Groupe Sélection est à l’abri de ses créanciers depuis le 14 novembre.

Il liquide des actifs aux enchères pour rembourser ses créanciers, à qui il doit 272 millions.

Corev Immobilier lorgne les RPA, projets et terrains restants de Sélection.

Il y a encore des étapes avant de franchir la ligne d’arrivée, mais ce qui est sur la table est jugé primordial par PwC, responsable de la restructuration judiciaire qui se déroule en vertu de la Loi sur les arrangements des créanciers avec les compagnies (LACC).

« Cette transaction est la seule qui permet d’envisager une continuité de certaines activités de Groupe Sélection et de ce fait permettre une certaine relance des activités », écrit le contrôleur Christian Bourque, dans son plus récent rapport.

Le nom de Corev n’est pas mentionné dans le document. Contacté par La Presse, son président, Daniel Revah, a confirmé les pourparlers avec PwC. Dans un entretien téléphonique, l’homme d’affaires a indiqué avoir les yeux sur « le restant du portefeuille » offert aux enchères.

Il s’agit des cinq RPA restantes de Sélection, trois projets immobiliers en construction et 13 autres « en développement » – le dernier bloc d’actifs offerts aux enchères. Ce processus visait à céder des actifs de Sélection dans le but de rembourser ses banquiers.

M. Revah n’a pas précisé si Réal Bouclin – le président et actionnaire principal de Sélection – est impliqué dans le montage financier. Celui-ci est sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité depuis la semaine dernière. Il traîne des créances de 160 millions.

Lisez « Réal Bouclin sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité »

« Nous sommes les seuls à acheter », a dit le président de Corev, sans ouvrir son jeu à propos d’une potentielle collaboration avec la famille Bouclin.

Selon le rapport de PwC, le groupe de M. Revah discute avec la direction de Sélection dans le but de maintenir « une partie des activités » de l’entreprise. Des employés pourraient ainsi passer dans le giron du repreneur potentiel.

Encore des questions

Reste à voir quelle forme prendra une éventuelle transaction ainsi que l’implication de la famille Bouclin. Par exemple, Corev pourrait être propriétaire des actifs de Sélection et retenir les services de l’entreprise de M. Bouclin en matière de construction et de gestion d’immeubles et de RPA.

Sur son site web, l’entreprise de M. Revah affirme qu’elle se spécialise dans la construction d’immeubles de « plus de 40 étages » et la rénovation d’envergure d’immeubles patrimoniaux. Elle a notamment réalisé des projets comme le complexe de 43 étages Tom Condos au centre-ville de Montréal. Ce gratte-ciel immobilier est situé sur l’avenue Union, entre le boulevard René-Lévesque et la rue Cathcart.

« Nous gérons nous-mêmes des projets de construction, souligne M. Revah. On gère entre 2000 et 3000 portes dans le créneau locatif. »

Corev devra obtenir l’aval de la Cour supérieure du Québec si un accord est conclu avec PwC. On devrait avoir plus de détails ce jeudi, puisque M. Bourque viendra présenter les recommandations de son rapport au juge Michel A. Pinsonneault.

Sélection aura un visage bien différent s’il parvient à émerger de la LACC.

Depuis novembre dernier, le groupe s’est notamment départi de ses participations dans 36 RPA. Il a également été écarté du projet Espace Montmorency, ce complexe multiusage lavallois, en plus de perdre ce qui était considéré comme son joyau : le district des brasseurs (l’ancienne brasserie Molson), dans le Vieux-Montréal.

Une réclamation qui se corse

Par ailleurs, PwC tente toujours de récupérer 700 000 $ en frais versés à l’homme d’affaires Herbert Black pour du financement jamais déboursé. Selon M. Bourque, ce dossier est sur le point de se corser puisqu’une requête devrait être déposée en bonne et due forme « prochainement ».

Cette somme avait été versée à M. Black (500 000 $) et à ses procureurs (200 000 $) en novembre dernier, lorsque Sélection venait de se tourner vers la LACC. À l’époque, M. Bouclin tentait de convaincre la Cour supérieure de choisir sa stratégie de relance plutôt que celle de ses banquiers. Le dirigeant de Sélection disait avoir convaincu M. Black d’agir comme prêteur temporaire. Cet homme d’affaires proposait de mettre jusqu’à 60 millions sur la table.

Le magistrat avait tranché en faveur du plan des créanciers, mais les frais avaient néanmoins été versés à M. Black et à ses avocats.

En savoir plus
  • 31 octobre
    Échéance à laquelle PwC souhaite avoir conclu les transactions des enchères pour les actifs de Sélection
    SOURCE : pwc
    148 personnes
    Effectif de Sélection au siège social et dans ses entités de construction
    SOURCE : pwc