Après un sommet de popularité au plus fort de la pandémie de COVID-19, l’enseigne spécialisée en vin québécois n’a d’autre choix que de fermer deux de ses trois boutiques

La première boutique spécialisée dans les vins du Québec, la Boîte à vins, ferme ses deux succursales de la région de Montréal. L’entreprise allait célébrer ses cinq ans. C’est un coup dur pour les vignerons québécois qui perdent un point de vente important.

Le jeune propriétaire de la Boîte à vins, Louis-Philippe Mercier, ne cache pas sa déception. Son entreprise spécialisée dans la vente des vins québécois a connu une croissance exceptionnelle après son lancement. Hélas, les ventes ne sont plus au rendez-vous.

« On a explosé pendant la pandémie, explique l’entrepreneur. C’est maintenant le temps de faire les comptes et on se rend compte qu’on n’est plus viables. »

Sommelier de formation, Louis-Philippe Mercier a ouvert la Boîte à vins à Belœil. Moins d’un an après l’ouverture, il a déménagé le commerce à Montréal pour se rapprocher de sa clientèle. Au plus fort de la pandémie, en 2021, l’engouement des Québécois pour les vins d’ici l’a encouragé à ouvrir une deuxième succursale à Longueuil.

Le commerce offrait l’une des plus vastes sélections de vins du Québec. Il a permis à plusieurs vignobles locaux de se faire connaître des consommateurs.

« C’était l’un de mes plus gros clients, mais c’était surtout un grand ambassadeur des vins du Québec », confirme Sébastien Daoust, propriétaire du vignoble Les Bacchantes.

Louis-Philippe Mercier continuera de proposer des vins québécois à Longueuil dans le local occupé par son autre entreprise, une succursale du saucissier William J. Walter. Pour ce faire, la Boîte à vins a réduit de 80 % de son inventaire.

Concurrence

La Boîte à vins devait composer avec un défi de taille : elle n’était plus seule à offrir des vins québécois. Plusieurs autres commerces de proximité tels que des cafés, boulangeries ou dépanneurs en proposaient également. La concurrence était devenue trop forte, résume M. Mercier.

« Quand j’ai ouvert Longueuil il y a deux ans, il n’y avait aucun autre commerce qui vendait des vins du Québec dans le quartier, constate-t-il. Maintenant, il y en a six, essentiellement des boulangeries. C’est ce qui nous a fait le plus mal. »

La fermeture des succursales de la Boîte à vins s’ajoute à la faillite de certains magasins Tite Frette et la fin du Décapsuleur à Griffintown, qui se spécialisaient aussi dans la vente d’alcools québécois.

Faut-il conclure que les Québécois ont assouvi leur soif de découvrir les vins du Québec ? Le vigneron Sébastien Daoust demeure optimiste : il croit plutôt que les consommateurs sont plus sélectifs et que le marché se stabilise.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La Boîte à vins avait pignon sur rue à Beloeil et à Montréal.

« Les gens ont goûté, ils savent ce qu’ils aiment, dit-il. Ils n’achètent plus n’importe quoi. »

Selon les données compilées par le Conseil des vins du Québec, 31 % des ventes de vin québécois sont réalisées dans les épiceries et les commerces de proximité. Toutefois, plusieurs commerçants craignent que ce nombre diminue dès le 1er décembre, car afin de se conformer aux règles du commerce international, les vignerons devront débourser un peu plus de 40 % de taxe sur les bouteilles vendues dans les épiceries et les dépanneurs. Cette règle est la même que la majoration de la SAQ.

Pour éviter de payer cette surcharge, le vigneron Eric Blouin, du Clos Sainte-Thècle, a déjà retiré ses bouteilles des épiceries « le temps de voir comment les choses vont se dérouler ». Ses vins sont seulement offerts au vignoble et dans quelques restaurants. Ces derniers ne sont pas soumis à la nouvelle taxe.