Les motoneiges, motomarines et autres véhicules récréatifs continuent à trouver preneur malgré la hausse des taux d’intérêt. Pour les bateaux, c’est une autre histoire, ce qui oblige BRP à revoir ses ambitions à court terme dans ce créneau – où la multinationale a mis les pieds il y a quatre ans.

« Quand les coûts de financement augmentent, que le printemps est tardif et que l’été est maussade, certains clients préfèrent retarder l’achat d’une embarcation », explique le président et chef de la direction de l’entreprise, José Boisjoli, en entrevue téléphonique avec La Presse, jeudi, en marge de la publication des résultats du deuxième trimestre.

Le constructeur des Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am a surpassé les attentes des analystes pendant les mois de mai, juin et juillet en affichant une augmentation de 42 % de ses profits, notamment grâce à une augmentation des ventes de motoneiges et d’autoquads biplaces (véhicules côte à côte).

Ce type d’achat peut généralement être financé sur une période s’échelonnant de trois à cinq ans et, dans certains cas, BRP peut garantir un taux d’intérêt variant, par exemple, entre 2 et 4 %. Le portrait est différent lorsque l’on parle d’une embarcation – les bateaux de pêche Alumacraft et les pontons Manitou.

« Avec les bateaux de grande valeur, 70 % de la clientèle finance l’achat pendant 15 à 20 ans, dit M. Boisjoli. L’été a été ordinaire, le client se demande : “Est-ce que j’ai le goût de financer un bateau sur 15 ans à un taux de 12 % ?” »

Le groupe marin a été l’unique division où le chiffre d’affaires s’est contracté au deuxième trimestre. Il a reculé de 9 %, à 127 millions. Pour l’exercice financier en cours, BRP anticipe désormais une croissance des recettes allant de 5 à 10 %, alors que cette fourchette oscillait entre 35 et 40 % auparavant.

D’ici à ce que les choses se replacent, l’entreprise de Valcourt a décidé de reporter de 12 mois la construction de son usine de construction de bateaux au Mexique. Les activités devraient ainsi démarrer en 2026. La bonne nouvelle pour BRP ? L’an dernier, la division marine ne représentait qu’environ 5 % du chiffre d’affaires total de 10 milliards généré par la multinationale.

« Nous sommes encore un petit acteur dans l’industrie avec moins de 5 % des parts de marché, souligne M. Boisjoli. Nous avons aussi proposé de nouveaux produits qui vont pouvoir gagner des parts de marché. C’est une industrie de 36 milliards US et nous n’avons qu’une petite part. Il y a donc des occasions de croissance. »

Bonne impression

Les perspectives de la division marine n’ont pas semblé inquiéter les analystes.

À la Financière Banque Nationale, Cameron Doerksen s’est plutôt montré satisfait de la progression des ventes au détail – celles des concessionnaires – dans tous les principaux marchés du constructeur de véhicules récréatifs.

« Le revenu moyen des ménages chez les clients de BRP est de 165 000 $ US, ce qui constitue une augmentation de 40 % par rapport à il y a quatre ans, écrit l’analyste, dans une note. Ces consommateurs sont moins sensibles aux soubresauts de l’économie. »

Par ailleurs, le virage électrique s’apprête à prendre forme chez BRP. Comme prévu, ses premières motoneiges alimentées à l’électricité devraient être livrées un peu plus tard cette année chez des organisateurs de voyages. Elles ne seront donc pas offertes chez les concessionnaires.

Cet échéancier n’a pas changé, mais l’entreprise se donne une année supplémentaire, soit jusqu’en 2027, pour électrifier le reste de ses produits, comme les véhicules tout-terrain et autoquads biplaces.

« Nous développons nos propres technologies, comme les batteries et les modules, souligne M. Boisjoli. On travaille aussi avec des fournisseurs. Au début, cela peut paraître simple, mais cela ne se passe pas toujours comme prévu. Nous voulions nous donner la latitude pour nous ajuster. »

En évoquant des raisons de concurrence, le dirigeant de BRP n’a pas voulu s’avancer sur la cadence de déploiement des autres versions électriques qui seront offertes.

À la Bourse de Toronto, le titre de BRP a perdu 1,52 $, ou 1,5 %, à 100,48 $.

En savoir plus
  • 200 personnes
    Embauches réalisées par BRP au cours des deux dernières années dans le cadre de son virage électrique
    SOURCE : brp