L’un des principaux rendez-vous de l’aviation d’affaires, le mois prochain, à Las Vegas, pourrait avoir des retombées sur le carnet de commandes chez Bombardier. Une importante commande est attendue lors de l’évènement, et l’avionneur québécois figurerait parmi les finalistes pour l’obtenir.

Cet important contrat émanerait de Flexjet, un exploitant de flotte qui loue des appareils à des taux horaires ou qui offre des sièges dans des jets privés. Son président, Kenn Ricci, a récemment confié à Private Jet Comparisons que « quelque chose d’important » serait annoncé. Le site spécialisé affirme que la multinationale québécoise pourrait rafler la commande. L’entreprise n’a pas commenté cette hypothèse.

Il n’a pas été possible d’avoir une idée du nombre d’appareils qui pourraient être achetés par Flexjet – une ancienne division de Bombardier –, mais Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, croit que la portion ferme du contrat pourrait comprendre au moins 25 unités.

« Cela pourrait changer la donne pour Bombardier », écrit l’analyste dans une note récemment envoyée à ses clients.

Les commandes s’accompagnent souvent d’options qui peuvent faire grimper considérablement la valeur potentielle d’un contrat. Par exemple, en mai dernier, NetJets, un autre exploitant de flotte, s’est engagé à acheter jusqu’à 250 Praetor 500 à Embraer. Si toutes les options sont exercées, la valeur atteindrait 5 milliards US.

Signaux de fumée

M. Poirier estime qu’il y a quelques facteurs qui jouent en faveur de Bombardier.

D’une part, sa grande rivale Gulfstream ne sera pas présente au salon de la National Business Aviation Association, a récemment rapporté Aviationweek. Selon M. Poirier, cela signale que le constructeur américain n’a rien à annoncer. D’autre part, le carnet de commandes d’Embraer affiche complet pour plusieurs années depuis l’engagement de NetJets à son endroit, ajoute-t-il. L’entreprise brésilienne n’est probablement pas dans le portrait, suggère M. Poirier.

« En y allant par élimination et compte tenu de la relation de longue date entre Bombardier et Flexjet, nous pouvons faire preuve d’un optimiste prudent et penser que Bombardier décrochera la nouvelle commande de Flexjet », écrit Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins.

Lorsque Bombardier avait vendu Flexjet à des investisseurs privés en 2013, la transaction s’était accompagnée d’une commande de 5,2 milliards pour la vente de 245 jets privés. À l’heure actuelle, Flexjet est propriétaire de 269 appareils Bombardier, Embraer et Gulfstream.

Flexjet, NetJets et les autres entreprises de ce créneau sont de plus en plus prisées par les ultrariches. Dans le collimateur des écologistes en raison des émissions de gaz à effet de serre émanant des jets privés, les nantis se tournent vers les exploitants de flotte, notamment pour éviter d’être identifiés par les logiciels qui permettent de traquer les aéronefs.

« Cette façon de faire permet de demeurer anonyme, explique l’analyste Brian Foley, de la firme américaine Brian Foley Associates. On ne peut pas savoir qui se trouve à l’intérieur de l’avion. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il appartient à l’opérateur. En 2022, le tiers des livraisons dans l’industrie a été fait à ces compagnies. C’est une proportion importante. »

Un créneau porteur

Après les records observés au plus fort de la pandémie, le niveau d’activité redescend dans l’aviation d’affaires. En septembre, il affiche un recul de 5 % par rapport à la même période en 2022, selon la firme d’analyse WingX. L’activité demeure néanmoins plus vigoureuse qu’à la même période avant la pandémie.

En date du 30 juin dernier, la valeur du carnet de commandes de Bombardier s’établissait à environ 15 milliards, ce qui représente environ deux années complètes de livraisons aux cadences actuelles. Pendant les six premiers mois de l’année, le ratio de nouvelles commandes sur livraisons de l’avionneur s’établissait à 1,1.

Cela signifie que la cadence à laquelle Bombardier décroche de nouveaux contrats permet à son carnet de commandes de demeurer stable. Une commande d’envergure lui permettrait de croître et d’augmenter la prévisibilité pour ses usines d’assemblage.

Dans un contexte de ralentissement économique – ce qui a généralement un effet négatif sur la demande dans l’aviation d’affaires –, le titre de Bombardier a abandonné environ 9 % à la Bourse de Toronto. Vendredi, il a clôturé à 47,92 $.

En savoir plus
  • 10
    Nombre d’analystes financiers qui recommandent l’achat du titre de Bombardier
    Source : refinitiv
    16
    Analystes financiers qui suivent les activités de l’avionneur
    Source : refinitiv