L’agence de notation de crédit DBRS Morningstar se dit préoccupée par la situation à la Banque Laurentienne.

« La succession rapide et l’ampleur des évènements survenus dans les derniers mois pourraient avoir des conséquences négatives sur la note de crédit de la banque », lit-on dans un rapport publié par DBRS.

La banque a annoncé lundi le départ de la PDG, Rania Llewellyn, et du président du conseil d’administration, Michael Mueller. Éric Provost dirige dorénavant la banque, alors que la présidence du conseil est désormais assurée par Michael Boychuk.

Trois autres départs à la direction ont eu lieu ces dernières semaines. Le chef des technologies, le chef des opérations et la responsable des services aux particuliers ont tour à tour quitté la banque.

Ces changements surviennent alors qu’une panne du système central s’est produite la semaine dernière après que la banque eut annoncé à la mi-septembre avoir conclu l’examen de ses options stratégiques en excluant une vente potentielle.

DBRS entend mener un « examen complet » de la Laurentienne cet automne pour évaluer plus en détail l’impact des évènements récents sur la solidité de la banque et ses cotes de crédit. DBRS précise que l’accent sera mis sur la capacité de la Laurentienne à maintenir et à accroître sa clientèle ainsi qu’à améliorer ses résultats financiers sous une nouvelle équipe de direction.

La note accordée à la Laurentienne par DBRS est actuellement de A (faible) avec perspectives « stables ». À titre de comparaison, la même note est accordée à la Canadian Western Bank, une institution bancaire de taille similaire.

DBRS souligne qu’au cours des dernières années et jusqu’en 2022, les services bancaires aux particuliers de la Laurentienne ont été confrontés à certains ennuis (attrition de la clientèle, diminution des prêts, stagnation des dépôts).

« Malgré un portefeuille de prêts relativement diversifié, la banque a enregistré les niveaux de rentabilité les plus bas parmi les banques canadiennes de taille moyenne notées par DBRS. Cela est dû à des marges d’intérêt relativement faibles et à une faible efficacité opérationnelle », est-il indiqué dans le rapport.


Shokhrukh Temurov, de DBRS, explique à La Presse que l’agence de notation testera la capacité de la banque à générer des profits élevés et stables par la solidité de sa position concurrentielle et de son pouvoir sur le marché, avec la force de son équipe de gestionnaires, de sa gouvernance d’entreprise, et d’autres facteurs pertinents.

« En ce qui concerne les dirigeants, nous considérons plus favorablement une banque dont l’équipe de direction est solide et stable et dont la stratégie est efficace et cohérente », précise-t-il.

Dividende à 7 %

L’action de la Laurentienne a reculé à son plus bas niveau des 52 dernières semaines au cours de la séance de mardi. Le titre a cédé 3 % pour clôturer à 27,59 $ à Toronto, poussant le rendement du dividende à 6,8 %.

À ce sujet, l’analyste Marcel McLean, de la TD, tient à rassurer ses clients. « Je ne pense pas qu’il existe un risque de réduction du dividende », souligne-t-il dans une note envoyée mardi.

« Je reconnais qu’il existe une incertitude accrue quant à la trajectoire future de la banque, compte tenu des changements intervenus au niveau de la direction et du conseil d’administration, mais je crois que le risque est déjà reflété dans le prix actuel de l’action », ajoute-t-il.

La Laurentienne avait déjà réduit son dividende de 40 % en mai 2020, peu avant le départ abrupt de l’ancien PDG François Desjardins.

Le rendement du dividende de la Laurentienne est maintenant à peu près conforme à celui de la Scotia, qui s’élève à 7,3 %, et à celui de la CIBC, qui atteint maintenant 6,9 %.

« Les niveaux de capital à la Laurentienne semblent solides, avec un ratio CET1 de 9,8 % (l’exigence minimale est à 7 %). Je ne pense pas qu’il y ait des problèmes au sein de la banque qui entraîneraient des charges matérielles de capital ou de valeur comptable », soutient Marcel McLean.