Paccar a multiplié les embauches à son usine de Sainte-Thérèse, dans les Laurentides, où le constructeur de camions s’apprête à relancer la production de camions en soirée, a appris La Presse. Selon Unifor, plus de 250 salariés se sont ajoutés à l’effectif ces derniers mois.

Cette augmentation de cadence est prévue pour le 16 octobre, selon le syndicat qui représente les salariés de l’usine. Il s’agit d’un revirement de situation, puisque le quart de travail du soir avait été éliminé au début de 2020, ce qui avait entraîné quelque 200 mises à pied.

« C’est une bonne nouvelle, lance Dominic Guay, président de la section locale 728 chez Unifor. Les embauches, c’est bon signe. Le carnet de commandes est rempli et les camions se vendent bien. »

L’usine québécoise de Paccar assemble les camions de poids moyens (classes 5, 6 et 7) des marques Peterbilt et Kenworth, qui appartiennent à la multinationale.

Actuellement, près de 75 camions sont assemblés quotidiennement. Le quart de production de soir devrait permettre, à terme, d’ajouter 21 unités par jour.

Il n’a pas été possible d’obtenir des commentaires de l’entreprise américaine. Au moment d’écrire ces lignes, celle-ci n’avait pas répondu aux questions envoyées par La Presse. La vague d’embauches des derniers mois a fait grimper à 1300 le nombre de syndiqués dans l’usine, selon les estimations de M. Guay.

En soirée, la plupart des employés devraient être des assembleurs, selon Unifor. Leur salaire horaire oscille entre 25,07 $ et 32,03 $ l’heure, selon le site usinepaccar.com, où se trouvent les offres d’emplois pour les postes à pourvoir à Sainte-Thérèse.

« L’embauche est active 365 jours par année, dit M. Guay. Il y a un bon roulement avec ceux qui quittent la société pour la retraite, les vacances et d’autres départs. »

Forte demande

Malgré le ralentissement économique, le constructeur de camions ne semble pas vouloir lever le pied. En juillet dernier, alors qu’il commentait les résultats du deuxième trimestre, le chef de la direction de l’entreprise, Preston Feight, indiquait que les usines du constructeur en avaient plein les bras, une tendance qui, à son avis, se poursuivra.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Selon Unifor, environ 75 camions des marques Kenworth et Peterbilt sont assemblés quotidiennement à Sainte-Thérèse.

« Je dirais que le fait d’afficher complet pour 2023 à l’heure actuelle est un excellent point de départ, expliquait-il aux analystes. Les marchés continuent d’être robustes pour nous à travers le monde. La demande devrait être forte [pour 2024]. Certains secteurs sont exceptionnellement bons. Il s’agit du transport de lots brisés, du créneau vocationnel, notamment. »

Établie dans l’État de Washington, Paccar ne ventile pas ses données financières pour chacun des pays où elle est présente. Dans l’ensemble, la performance de la multinationale suggère que les indicateurs continueront d’être au vert.

En Amérique du Nord – au Canada et aux États-Unis –, le constructeur de camions lourds a vu ses revenus bondir de 30 % pendant les six premiers mois de l’année pour atteindre 10,5 milliards US. En ce qui a trait aux livraisons, elles s’établissaient à 53 500 unités au 30 juin dernier, en progression de 19 % par rapport à la même période l’an dernier.

Contexte particulier

Les relations de travail ont toujours été particulières entre Paccar et ses employés québécois. Il y a eu plus d’un conflit de travail à l’usine de Sainte-Thérèse. Le plus récent lock-out remonte à décembre 2019, lorsque la convention collective était venue à échéance.

M. Guay n’anticipe pas de changement à ce chapitre malgré un carnet de commandes bien rempli.

« La vision de Paccar est différente par rapport à d’autres compagnies, affirme le représentant syndical. C’est la tradition du ‟no contract no work”. On s’en va en négociations l’an prochain, je ne le souhaite pas, mais Paccar risque d’avoir la même vision. »

L’employeur avait aussi imposé un lock-out en 2014.

Paccar en bref 

  • Siège social : Bellevue (État de Washington)
  • Marques : Kenworth, Peterbilt et DAF
  • Livraisons en 2022 : 186 000 camions
  • Effectif global : environ 30 000 personnes
  • Revenus (2022) : 30 milliards US
  • Profits nets (2022) : 3 milliards US
En savoir plus
  • 1999
    L’usine Paccar de Sainte-Thérèse avait rouvert ses portes en 1999, quatre années après le début d’une grève entreprise par les employés de l’endroit.
    source : la presse