L’action de la Banque Laurentienne a reculé mardi à son plus bas niveau depuis 2020 après la publication d’un rapport de recherche évoquant ce que le risque d’un abaissement de la cote de crédit de l’institution financière pourrait impliquer.

« Ça pourrait exercer une pression supplémentaire sur les coûts de financement », évoque l’analyste Gabriel Dechaine, de la Financière Banque Nationale.

Cet expert souligne que les coûts de financement de la Banque Laurentienne augmentent cet automne en anticipation de potentielles décisions que des agences de notation de crédit pourraient prendre.

Et en cas de déclassement, Gabriel Dechaine estime que les coûts de financement de la banque pourraient encore augmenter.

Des questions opérationnelles et de leadership aggravent les risques de dégradation du crédit, soulève-t-il.

Gabriel Dechaine révise ses prévisions pour refléter des attentes plus modérées en supposant que des dépenses informatiques supplémentaires seront nécessaires pour résoudre les récents problèmes. Ces « correctifs » pourraient inclure à la fois une amélioration de la gouvernance informatique et des efforts pour maintenir les relations avec les clients.

Il juge que le titre de la Laurentienne sous-performera dorénavant dans le secteur financier alors qu’il jugeait précédemment que l’action allait se comporter comme l’ensemble du secteur.

Jeudi dernier, l’agence de notation de crédit Standard & Poor’s (S&P) a révisé la perspective de la Laurentienne, la faisant passer de « stable » à « négative », tout en réaffirmant la cote de crédit globale de la banque à BBB (un cran au-dessus de la catégorie spéculative).

L’agence a cité les récents ennuis opérationnels de la Laurentienne et le départ de hauts dirigeants comme des risques potentiels pour la mise en œuvre de la stratégie à long terme. S&P a également souligné le potentiel d’augmentation des coûts technologiques, juridiques et réglementaires.

« Les perspectives négatives reflètent la possibilité que des erreurs opérationnelles et le roulement de personnel à la direction puissent nuire à la solidité de la franchise », écrit S&P dans son rapport.

« Ça illustre aussi les difficultés informatiques qui semblent indiquer des investissements passés en technologie à la Laurentienne moins importants que ceux des grandes banques, et des risques d’enjeux réputationnels un peu plus élevés pour la franchise. »

Au début du mois, l’agence de notation de crédit DBRS s’était montrée préoccupée par la situation à la banque et avait indiqué qu’elle entendait mener un « examen complet » de la Laurentienne cet automne pour évaluer plus en détail l’impact des évènements récents sur la solidité de la banque et ses cotes de crédit.

DBRS précisait que l’accent serait placé sur la capacité de la Laurentienne à maintenir et à accroître sa clientèle ainsi qu’à améliorer ses résultats financiers sous une nouvelle équipe de direction.

« La succession rapide et l’ampleur des évènements survenus dans les derniers mois pourraient avoir des conséquences négatives sur la note de crédit de la banque », lisait-on dans une note publiée par DBRS.

La Laurentienne a annoncé le 2 octobre le départ de la PDG, Rania Llewellyn, et du président du conseil d’administration, Michael Mueller. Éric Provost dirige désormais la banque alors que la présidence du conseil revient maintenant à Michael Boychuk.

Trois autres départs ont eu lieu à la direction dans les derniers mois. Le chef des technologies, le chef des opérations et la responsable des services aux particuliers ont tour à tour quitté la banque.

Ces changements surviennent alors qu’une panne du système central s’est produite cet automne après que la banque a annoncé à la mi-septembre avoir conclu l’examen de ses options stratégiques en excluant une vente potentielle.

L’action de la Laurentienne a cédé 2,5 % mardi pour clôturer à 26,81 $ à la Bourse de Toronto.