(Toronto) Une éventuelle décision de l’organisme de réglementation des télécommunications du Canada visant à assouplir certaines exigences en matière de dépenses en contenu canadien pour Corus Entertainment offrirait « une flexibilité indispensable » à l’entreprise dans un contexte d’incertitude en matière de programmation et de publicité, a indiqué vendredi son chef de la direction.

Corus a demandé au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), plus tôt en octobre, d’assouplir ses exigences de dépenses en contenu canadien en invoquant sa situation de plus en plus précaire. Le CRTC s’est dit favorable à une telle demande, mais a précisé qu’il tiendrait d’abord une consultation sur les propositions.

Le président et chef de la direction de Corus, Doug Murphy, a indiqué vendredi que cet allègement serait le bienvenu après que l’entreprise ait été confrontée à un « double coup dur » de difficultés financières en 2023.

« Le premier coup dur a été la baisse significative des revenus publicitaires. Le deuxième a été une augmentation significative, et obligatoire, des dépenses en programmation canadienne », a expliqué M. Murphy aux analystes lors d’une conférence téléphonique pour discuter des résultats du quatrième trimestre de la société.

« Cette combinaison a donné lieu à une année très difficile pour notre entreprise. Nous continuons de nous concentrer sur ce que nous pouvons contrôler et influencer. »

Corus a affiché vendredi un bénéfice net attribuable à ses actionnaires de 50,4 millions pour son quatrième trimestre, alors qu’il avait enregistré une perte nette de 367,1 millions lors de la même période l’an dernier. Le diffuseur du secteur de la télévision et de la radio a vu son profit par action s’établir à 25 cents pour le trimestre clos le 31 août, par rapport à une perte par action de 1,82 $ pour la même période un an plus tôt.

Les revenus ont totalisé 338,8 millions au plus récent trimestre, ce qui représente une légère baisse par rapport à ceux de 339,6 millions de l’année précédente.

Mais sur une base ajustée, Corus a réalisé une perte de 4 cents par action pour le trimestre, par rapport à une perte de 8 cents par action l’an dernier.

Les revenus pour l’exercice ont diminué de 6 % en raison d’une baisse de 11 % des revenus publicitaires, et d’un recul de 3 % des revenus d’abonnement.

Presque toutes les catégories de publicité ont enregistré une baisse, les annonceurs continuant de maintenir ou de réduire leurs dépenses par rapport à l’année précédente.

Réduction des coûts

Corus a pris de nombreuses décisions pour réduire ses coûts, notamment en arrêtant la production de ET Canada. Elle a également mis fin à la série spéciale de Global News, The New Reality.

M. Murphy a précisé que Corus avait également supprimé 15 % de ses effectifs cette année.

« Nous avons mis en œuvre avec ténacité des réductions de coûts et des révisions continues de la structure des effectifs dans toute l’entreprise pour réaliser des réductions trimestre par trimestre et trouver des moyens de travailler différemment et d’améliorer la productivité dans tous les aspects de notre entreprise afin de réduire notre base de coûts », a-t-il affirmé.

« Nous continuons d’examiner toutes les autres possibilités pour réduire les coûts. »

Dans une note, l’analyste Drew McReynolds, de RBC Marchés des Capitaux, a estimé que le marché de la publicité télévisée devrait rester sous pression jusqu’en 2024.

Il a qualifié la situation de l’entreprise d’« environnement opérationnel exceptionnellement difficile » et a dit s’attendre à ce que les actions de Corus subissent de nouvelles pressions au prochain trimestre.

Dans sa demande du 11 octobre au CRTC, Corus a demandé de réduire à 5,0 % l’obligation de l’entreprise de consacrer 8,5 % de ses revenus aux émissions d’intérêt national pour ses stations de langue anglaise. Elle a également demandé au régulateur de prolonger le délai de remboursement pour les dépenses insuffisantes liées aux exigences en matière de programmation canadienne.

La société affirme être confrontée à de multiples défis, notamment les récentes grèves des scénaristes et des acteurs aux États-Unis, qui ont affecté sa programmation télévisée, ainsi qu’à une inflation élevée et soutenue qui a fait croître les coûts de programmation tout en réduisant la demande publicitaire.

L’indication du CRTC selon laquelle il cherchera à fournir l’allègement demandé par Corus « reconnaît les difficultés et les occasions du moment », a estimé M. Murphy.

« La déclaration du régulateur la semaine dernière constitue l’avancée vers un changement réglementaire la plus importante que notre entreprise ait connue depuis des années et elle nous encourage », a-t-il affirmé aux analystes.