La société pharmaceutique Pharmascience, de Montréal, obtient près de 55 millions en aide gouvernementale pour agrandir son usine de médicaments injectables de Candiac au coût de 120 millions.

L’investissement, qui ajoutera 26 000 pieds carrés à l’usine, permettra aussi l’achat de matériel plus moderne, ce qui fera tripler sa capacité. Les nouvelles lignes de production permettront à Pharmascience d’élargir son offre, notamment des médicaments génériques contre le cancer et l’arthrite rhumatoïde et, éventuellement, des médicaments contre la schizophrénie et d’autres molécules agissant sur le système nerveux central.

Une cinquantaine de postes seront créés dès 2026 – l’effectif actuel de l’usine est de 300 employés.

Ottawa prête 27,8 millions par le truchement du Fonds d’investissement stratégique du Canada, a dit la ministre la ministre Soraya Martinez Ferrada, responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour le Québec.

Investissement Québec prête 24,7 millions, a indiqué le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. Il s’agit d’un prêt-subvention (prêt « pardonnable »), c’est-à-dire d’un prêt assorti d’une clause dispensant l’emprunteur de rembourser.

Les deux ministres ont souligné la nécessité d’améliorer la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique locale, dont les faiblesses ont été mises au jour lors de la pandémie de COVID-19.

Encourager la production locale

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, qui était présent à titre de député de la circonscription de La Prairie à l’Assemblée nationale, a rappelé les moments sombres de la pandémie : « Ce n’étaient pas des jours heureux durant la COVID-19, quand des vaccins étaient disponibles dans des pays étrangers, notamment juste au sud de la frontière, mais pas ici », a-t-il déclaré. Il faut, a-t-il ajouté, encourager la construction d’infrastructures de production locale d’ingrédients actifs et constituer des réserves stratégiques de nombreux médicaments.

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Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé

« En réalité, on doit se préparer à faire face peut-être à une prochaine pandémie, quelle qu’elle soit, avait dit plus tôt la ministre fédérale Soroya Martinez Ferrada. Ça signifie qu’il faut investir dans nos produits pharmaceutiques et dans la biofabrication », a insisté la ministre fédérale, qui n’a divulgué aucun détail sur la nature et les termes du prêt.

Quant au prêt québécois, il est « potentiellement entièrement pardonnable » en fonction de certains critères confidentiels en matière d’emplois et d’investissements en R-D au Québec, indique-t-on au ministère de l’Économie.

Le ministre Fitzgibbon a lui aussi insisté sur la nécessité d’être « plus autonome » en matière de production pharmaceutique. Plus tôt, le PDG de Pharmascience avait cité une étude du cabinet-conseil EY indiquant que le Canada produit seulement 12 % de ses médicaments, alors qu’il en produisait 37 % avant la pandémie. « Il faut amener ça à au moins 50 % », a dit M. Fitzgibbon.

Il a décrit le projet de Pharmascience comme « stratégique pour le Québec » puisqu’il renforce la recherche et le développement pharmaceutiques et la capacité industrielle d’ici, et ce, par une entreprise qui a son siège social à Montréal.

Pharmascience ne produit pas de vaccins, mais en cas d’urgence pandémique, une partie de ses équipements pourrait être mise à contribution, a dit son PDG, Martin Arès.

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Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon

Le président exécutif du conseil d’administration, David Goodman, a précisé que Pharmascience avait les capacités pour faire la préparation finale et la mise en flacons des doses produites par les fabricants de vaccins à ARN messager, comme Moderna et Pfizer. Ces dernières produisent les ingrédients actifs, sous forme congelée, mais la « finition » est confiée à des sous-traitants comme Pharmascience.

Une entreprise québécoise

L’usine de Candiac a été construite durant les années 1960. Bristol-Myers Squibb l’a fermée en 2007. Elle a été reprise durant quelques années par le fabricant de médicaments génériques anticancéreux et de produits injectables stériles Uman Pharma. Pharmasciences l’a achetée en 2014 et y a ajouté des médicaments contre l’arthrite.

Pharmascience a été cofondée en 1983 par le Montréalais Morris Goodman, qui, pour la petite histoire, avait fait ses études en pharmacie dans la même classe que Jean Coutu à l’Université de Montréal. Bien qu’il ait cédé la plupart de ses responsabilités au conseil d’administration à son fils et partenaire d’affaires David, Morris Goodman demeure l’actionnaire de contrôle de cette société à capital fermé qui possède une autre usine pharmaceutique à Montréal et qui emploie 1500 personnes ici et à travers le monde.

Pharmascience produit surtout des médicaments génériques qu’elle vend au Canada et dans une cinquantaine de pays, mais elle fabrique aussi en sous-traitance des médicaments brevetés pour diverses sociétés pharmaceutiques.