L’action de Lightspeed Commerce bondit de presque 15 % tandis que l’entreprise atteint un indicateur de rentabilité plus tôt que prévu.

Le spécialiste du commerce infonuagique a dévoilé un bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement (BAIIA) ajusté de 200 000 $  US au cours du deuxième trimestre clos le 30 septembre. C’est la première fois que cet indicateur est en territoire positif.

Au printemps dernier, le chef de la direction, Jean Paul Chauvet, avait indiqué que l’atteinte d’un BAIIA positif pour l’exercice 2024 (prenant fin en mars 2024) était « non négociable » et pointait vers une amélioration au cours de la deuxième moitié de l’exercice.

En entrevue, M. Chauvet estime que les résultats de Lightspeed démontrent les progrès de la stratégie de son équipe. « On a 25 % de croissance [revenus] qui est quand même une grosse croissance pour une compagnie de notre taille, mais on a la rentabilité [selon le BAIIA, mais pas encore selon le bénéfice net ou les flux de trésorerie]. Je pense que c’est un très bon signal pour les trois ou quatre trimestres à venir. »

Lightspeed a rajusté sa stratégie dans les derniers trimestres en redoublant d’efforts sur l’intégration de son service de paiement et en misant sur les clients qui génèrent une plus grande valeur de transaction brute (VTB).

Le nombre des clients qui génèrent au moins 1 million US en VTB a augmenté de 9 % au cours du deuxième trimestre, souligne M. Chauvet. La société profite également du nombre grandissant de clients qui ont intégré le paiement à leur service. « C’est important parce que ça fait qu’un client génère le double d’argent. »

La part des solutions de paiement dans la valeur de transaction brute (VTB) totale est passée de 21,7 % à 25 %. L’objectif est de terminer « au-dessus » de 30 % d’ici la fin de l’exercice. « Je pense que ça a confirmé auprès du marché qu’on va être au-dessus de nos objectifs. »

Des Fêtes moroses dans les commerces ?

Malgré son enthousiasme, M. Chauvet est plus tempéré lorsqu’on discute des perspectives économiques pour ses clients dans le commerce de détail à l’approche de la saison cruciale des Fêtes. « Les marchés qui étaient très forts durant la pandémie, comme le plein air, le golf, le vélo, ne se sont pas rétablis », constate-t-il.

« Je ne sais pas si les gens vont acheter des vélos juste avant Noël, poursuit-il. Je pense que ce trimestre sera un petit peu morose. Le conflit [au Proche-Orient] accentue tout ça parce que les gens ont peur. »

Les conditions difficiles pour les commerçants sont un argument de vente de plus pour Lightspeed qui affirme que ses services leur permettent de faire des gains d’efficacité.

L’analyste Suthan Sukumar, de Stifel GMP, voit d’un œil favorable les résultats de l’entreprise, mais suggère aux investisseurs d’attendre un peu avant de faire le saut. « Les risques macro-économiques restent un important vent de face, ce qui nous incite à rester sur les lignes de côté. L’amélioration des perspectives de croissance, avec plus de visibilité sur le BAIIA, laisse croire à l’atteinte de premiers succès vers le changement de cap visé. »

La direction de Lightspeed a profité de la publication des résultats pour bonifier sa prévision de revenus pour l’exercice 2024, qui passe d’une fourchette de 875 millions à 900 millions à une fourchette de 890 millions à 905 millions.

Au deuxième trimestre, Lightspeed a dévoilé une perte nette de 42,5 millions, comparativement à une perte de 79,9 millions à la même période l’an dernier. Les revenus, pour leur part, sont en hausse de 25 % à 230 millions.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un BAIIA négatif de 4,2 millions et des revenus de 213 millions, selon la firme de données financière Refinitiv.

L’action de Lightspeed a bondi de 2,55 $, ou 14,7 %, à 19,85 $ à la fermeture de la séance de la Bourse de Toronto.