(Montréal) AtkinsRéalis a plus que doublé son bénéfice au dernier trimestre et a relevé ses prévisions financières pour l’exercice, alors que l’entreprise s’oriente vers la croissance et finalise sa transition vers une société d’ingénierie non diversifiée.

La société anciennement connue sous le nom de Groupe SNC-Lavalin — dont les projets de construction massifs et les dépassements de budget ont fini par vider les coffres et entraîner une série de coupes il y a quelques années — a fait état d’un carnet de commandes record au troisième trimestre.

Celui-ci atteignait 12,5 milliards en date du 30 septembre, gonflé par des contrats gouvernementaux pour des projets d’énergie et de transport au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni.

« Nous continuons de voir une demande exponentielle pour nos services sur ces marchés, alimentée par la nécessité de remplacer les infrastructures vieillissantes et de fournir des solutions propres et abordables pour l’environnement bâti », a expliqué vendredi le chef de la direction, Ian Edwards, aux analystes lors d’une conférence téléphonique.

Le carnet de commandes croissant comprend des victoires récentes comme un contrat d’usine de batteries pour véhicules électriques de 141 millions à Bécancour, au Québec, des travaux de transport aux États-Unis et un nouvel accord avec le ministère britannique de la Défense, a précisé M. Edwards.

Les centaines de milliards de dollars de financement public destinés aux infrastructures et aux technologies vertes aux États-Unis via deux projets de loi, ces deux dernières années, restent une source de revenus clés ciblée par AtkinsRéalis.

« Les perspectives d’occasions restent vastes, car les États-Unis continueront d’investir dans la réduction de l’empreinte carbone de leurs infrastructures vieillissantes », a souligné M. Edwards. Il a évoqué le projet de loi d’infrastructure de 1200 milliards de l’administration Biden, ainsi que la loi sur la réduction de l’inflation, qui se concentre sur les énergies renouvelables.

L’entreprise montréalaise travaille actuellement ou soumissionne dans huit États américains, a indiqué M. Edwards. AtkinsRéalis vise à terme à employer 10 000 personnes au sud de la frontière, contre environ 4500 actuellement.

« Notre stratégie est de nous placer parmi les 10 meilleurs joueurs aux États-Unis. Nous sommes actuellement […] environ au 17e rang », a affirmé M. Edwards.

Pour répondre à son carnet de commandes, l’entreprise a embauché 1200 employés supplémentaires au dernier trimestre.

Elle a également augmenté ses revenus et son carnet de commandes pour le nucléaire de 23 % sur un an. M. Edwards a évoqué le projet du gouvernement de l’Ontario de construire une nouvelle centrale nucléaire à Bruce Power, sur les rives du lac Huron, en plus de la remise à neuf en cours de la centrale nucléaire de Darlington, dans la région de Toronto, pour laquelle Candu Energy, une filiale d’Atkins, a obtenu l’an dernier un contrat de 20 millions sur quatre ans.

Plus tôt cette semaine, la société a annoncé qu’un consortium dirigé par Candu avait décroché un contrat d’ingénierie et d’approvisionnement de 750 millions pour prolonger la durée de vie de la centrale nucléaire roumaine de Cernavoda.

Sous la direction de M. Edwards depuis juin 2019, AtkinsRéalis s’est concentrée sur les services d’ingénierie et de conseil et s’est éloignée des projets à prix forfaitaire — des contrats à prix fixe en vertu desquels les entreprises doivent payer elles-mêmes tout dépassement de coûts.

Au cours des derniers trimestres, les trois contrats de construction à prix fixe responsables de l’essentiel des pertes ajustées de l’entreprise dans son segment « clefs en main à prix forfaitaire » (CMPF) étaient le système de train léger sur rail Eglinton Crosstown à Toronto, la ligne Trillium à Ottawa et le train léger sur rail du REM de la grande région de Montréal.

Au plus récent trimestre, la perte du CMPF s’est élevée à 13,2 millions, le seul segment à voir de l’encre rouge. Ce manque à gagner était en outre bien moins important que celui de 43,9 millions inscrit un an plus tôt.

Les coûts sont désormais inférieurs, car ils concernent les tâches administratives, les permis, les tests et la formation des conducteurs, a expliqué M. Edwards.

Action en hausse de 8 %

Par ailleurs, AtkinsRéalis a révisé vendredi ses perspectives à la hausse et elle s’attend désormais à ce que la croissance interne de ses revenus pour l’exercice 2023 s’établisse entre 15 % et 17 %, alors que ses prévisions précédentes visaient une croissance d’entre 12 % et 15 %.

Ces prévisions ont contribué vendredi à faire grimper le cours de son action de 3,31 $, soit 8,2 %, à 43,75 $ à la Bourse de Toronto.

Le bénéfice net des activités poursuivies d’AtkinsRéalis a atteint 105 millions, ou 60 cents par action, pour le trimestre clos le 30 septembre, ce qui se comparait à un profit de 44,7 millions, ou 25 cents par action, pour le troisième trimestre de l’an dernier.

Les revenus trimestriels ont totalisé 2,20 milliards, après avoir atteint 1,89 milliard un an plus tôt.

Sur une base ajustée, les activités de services professionnels et de gestion de projet ont rapporté 38 cents par action au cours du trimestre, un chiffre en hausse par rapport au bénéfice ajusté de 30 cents par action de l’an dernier.

Le résultat a dépassé les attentes des analystes, qui visaient en moyenne un profit de 36 cents par action, selon les prévisions recueillies par la société de données financières Refinitiv.