Tous les vendredis, une personne de la communauté des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, Mathieu Savard, président de Minière Osisko, répond à nos questions.

Qui admirez-vous dans le monde des affaires ?

Jacynthe Côté. On parle souvent de leadership au féminin, elle en est un exemple probant. Elle vient du Saguenay–Lac-Saint-Jean comme moi. Elle a été PDG chez Alcan. Mon père travaillait chez Alcan. J’y ai travaillé comme étudiant. J’imagine que ça a influencé mon choix de carrière dans les mines. L’aluminium et les mines de métaux : dans les deux cas, on touche à la métallurgie. Jacynthe Côté m’a toujours impressionné. Son parcours est sans tache. Je la trouve inspirante.

Que faites-vous quand vous avez besoin de trouver une idée ?

Je suis un lève-tôt. Le matin est un bon moment pour mettre sur papier des idées. Sinon, en discutant à bâtons rompus dans le cadre de porte avec des collègues au bureau. Souvent, j’essaie de me mettre dans la tête de mon interlocuteur, par exemple dans une négociation. Que cherche-t-il à gagner ? Je mets de l’avant ces éléments quand vient le temps de lui présenter notre proposition.

Quel mot ne pouvez-vous plus supporter ?

Impossible. Je décroche quand j’entends : « Tu ne peux pas faire ci. Tu ne peux pas faire ça. » On a dit à André Gaumond [découvreur du gisement de la mine Éléonore] qu’il perdait son temps à chercher de l’or à la Baie-James. « Un rêveur, qui ne comprend pas où s’en va l’industrie. » À Canadian Malartic, on a dit aux fondateurs d’Osisko que ça ne se faisait pas, d’exploiter au Canada une mine d’or à ciel ouvert. À Windfall [prochaine mine d’or en exploitation au Québec, propriété de Minière Osisko] aussi, on a eu notre part de dénigreurs.

Avez-vous un mantra ?

Je pense à la phrase de Winston Churchill : « Il ne faut jamais gâcher une bonne crise. » Je suis une personne qui cherche le positif dans tout évènement. J’essaie de toujours voir le positif et bâtir là-dessus.

Votre plus grande réussite sportive ?

J’ai été champion canadien au judo chez les moins de 95 kg à l’adolescence.

Comment vous débranchez-vous ?

Entre le 24 juin et le 1er juillet, en vacances en famille et en changeant de fuseau horaire. C’est pas mal la meilleure combinaison pour avoir la paix et décrocher. Sinon, un souper entre amis peut faire le travail.

Y a-t-il un moment où votre carrière a basculé ?

Quand Virginia a été intégrée à Osisko en 2014. De géologue chargé de projet, je suis devenu vice-président, puis président. Je me pince encore. John Burzynski [aujourd’hui président exécutif du conseil de Minière Osisko] m’a fait confiance. C’est spécial comment des évènements ponctuels viennent déterminer le cheminement de carrière.

« Acheter, conserver, vendre » : de quoi voudriez-vous plus, autant et moins dans votre milieu de travail ?

Je prendrais plus de découvertes minérales. Je prendrais autant de passion chez mes employés et je prendrais moins de délais administratifs. [Minière Osisko attend ses permis pour lancer la construction à Windfall.]

Avez-vous ou avez-vous eu un mentor ?

J’en ai eu trois. John Burzynski, Bob Wares, géologue qui a découvert le dépôt en vrac d’or de Canadian Malartic, et Paul Archer, vice-président exploration de Mines Virginia au moment de la découverte d’Éléonore.

Un bon patron, c’est quelqu’un qui…

Prend la peine de rencontrer et d’écouter ses employés, de donner de la rétroaction, de prêcher par l’exemple, d’inspirer, d’avoir une vision. Quand on devient patron, on est toujours la même personne, mais la perception à notre endroit de la part de l’entourage change. Pour les employés, ce n’est plus Mathieu Savard qui vient leur parler, c’est leur patron. Il faut en prendre conscience. Chez Minière Osisko, on met nos employés à tour de rôle en vedette sur les réseaux sociaux. Ils peuvent ensuite partager l’information avec leur famille. Pour eux, ça devient une source de fierté.

Qui est Mathieu Savard ?

Géologue de formation, âgé de 46 ans.

Mathieu Savard préside Minière Osisko, qui vient de conclure un partenariat avec la sud-africaine Gold Fields pour former le Groupe minier Windfall, qui construira la prochaine mine d’or au Québec, dans le Nord-du-Québec.