(New York) Les nouvelles conventions collectives des trois grands constructeurs automobiles américains Ford, Stellantis et General Motors ont été approuvées par les employés syndiqués auprès de l’UAW (United Auto Workers), qui a mené une grève inédite pendant les négociations.

« Après la grève historique » de plus de six semaines qui a touché pour la première fois les trois groupes en même temps, « les membres de l’UAW […] ont voté pour ratifier leurs nouvelles conventions collectives, verrouillant des gains record », a annoncé le syndicat lundi dans un communiqué.

Le président Joe Biden a salué des « contrats historiques récompensant les travailleurs de l’automobile qui ont tant sacrifié, avec des augmentations record, davantage de congés payés, une plus grande sécurité en matière de retraite et davantage de droits et de respect au travail ».

« Ces contrats montrent que lorsque les syndicats réussissent, cela profite à tous les travailleurs », a-t-il relevé, mentionnant des hausses chez Toyota, Honda, Subaru et Hyundai après ces accords.

Premier président à rejoindre un piquet de grève – devant une usine GM fin septembre –, il a fait de son soutien aux syndicats un thème de sa campagne de réélection en 2024.

« Je suis fier d’être le plus prosyndicat président de l’histoire des États-Unis », avait-il posté dès samedi sur X, relevant que son probable adversaire républicain Donald Trump « attaque les syndicats » tandis que lui « se tient aux côtés des syndicats ».

À ce stade, l’UAW n’a pas indiqué s’il comptait apporter son soutien à un quelconque candidat à la Maison-Blanche.

Renversement

Le syndicat a précisé que 64 % des syndiqués des trois groupes avaient voté en faveur de la ratification de ces conventions collectives de quatre ans.

« Après des années de coupes, des mois de mobilisation et des semaines de piquets de grève, nous avons renversé la tendance pour les employés de l’automobile aux États-Unis », a commenté Shawn Fain, président de l’UAW élu au printemps, cité dans le communiqué.

De trois usines employant 12 700 syndiqués au lancement de la grève le 15 septembre, les débrayages ont pris de l’ampleur au fil des semaines jusqu’à mobiliser davantage de sites et plus de 45 000 des 146 000 membres de l’UAW travaillant pour les « Big Three » de Detroit.

Pendant des semaines, M. Fain a répété comme un mantra : « des profits record signifient des contrats record ».

Les grévistes ont repris le travail dès l’annonce des accords de principe fin octobre, sans attendre les ratifications comme c’est d’habitude l’usage.

« La grève était juste le début. L’UAW établit de nouveau le standard. Nous allons désormais utiliser la force procurée par la grève et notre esprit de combat pour les autres industries que nous représentons et pour les millions de travailleurs non syndiqués prêts à se dresser et à se battre pour une meilleure vie », a poursuivi M. Fain.

Hausses « substantielles »

Le syndicat a obtenu le rétablissement de mesures d’adaptation au coût de la vie supprimées lors du sauvetage du secteur après la crise de 2008, des hausses salariales « substantielles » et des « milliards de dollars d’engagements en produits et en investissements », selon le communiqué.

Le patron de Ford Jim Farley s’est réjoui lundi dans un communiqué pour ses plus de 57 000 employés syndiqués. « Désormais nous retournons travailler comme une seule équipe », a-t-il souligné, prévoyant un retour à la normale de la production dans les prochains jours.

Insistant sur le renouvellement en 2024 des modèles représentant la moitié de ses ventes en volume aux États-Unis, il a affirmé qu’il était « impératif de continuer à s’attaquer aux coûts et au gaspillage ».

« La réalité est que la nouvelle convention ajoute un coût important et nous allons devoir beaucoup travailler sur la productivité et l’efficacité pour rester compétitifs », a-t-il prévenu. Ce surcoût de fabrication a été évalué par Ford autour de 850 à 900 dollars par véhicule.

Mary Barra, patronne de General Motors, s’est dite « ravie » de la ratification, soulignant que le contrat « récompense nos employés, protège l’avenir de l’activité » entre autres. « Nous pouvons désormais avancer comme une seule équipe […] et gagner ensemble », a-t-elle ajouté.

Stellantis (Chrysler, Jeep) avait réagi dès samedi, affirmant souhaiter « concentrer toute notre attention sur la mise en œuvre de notre plan stratégique “Dare forward 2030” ».

D’après l’UAW, sur les quatre prochaines années, les salaires vont augmenter de 33 % à 160 % selon le profil des employés et, pour des dizaines de milliers d’entre eux, de plus de 40 % immédiatement.

Les nouvelles conventions incluent également des avantages sociaux, des améliorations pour les retraités, l’engagement que les employés des sites liés à la transaction électrique pourront se syndiquer, etc.

Les accords contiennent des spécificités en fonction du groupe, comme chez Stellantis en matière d’emplois, ou l’abandon du projet de fermeture de l’usine de Belvidere (Illinois) chez General Motors.

Vers 14 h 40 (heure de l’Est), les trois groupes progressaient à la Bourse de New York : +2,12 % pour GM, +1,12 % pour Ford et +2,20 % pour Stellantis.