Le projet d’usine intégrée de cellules de batterie sur la Rive-Sud de Montréal a beau soulever des questions sur les plans environnemental et réglementaire, il suscite un enthousiasme auprès des demandeurs d’emploi au moment où sévit une grave pénurie de main-d’œuvre.

Mardi midi, le patron de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti, a soutenu dans une discussion devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) avoir reçu 3000 candidatures spontanées depuis l’annonce du projet.

« On a trouvé une très grande qualité de personnes à Montréal. La semaine suivant l’annonce, on a eu 3000 candidatures spontanées juste en une semaine. C’est génial », a indiqué M. Cerruti au sujet de la main-d’œuvre servant à alimenter le projet, comme des ingénieurs et des chargés de projet. Dans un français impeccable, le cofondateur de Northvolt a répondu aux questions du président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc.

  • Le président-directeur général de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti, s’est entretenu avec Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, à l’occasion d’un dîner-conférence mardi.

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    Le président-directeur général de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti, s’est entretenu avec Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, à l’occasion d’un dîner-conférence mardi.

  • Des manifestants du Front commun ont dérangé le début du discours à l’intérieur de la salle de réunion de l’hôtel Fairmount Le Reine-Elizabeth. La police a été appelée pour ramener l’ordre.

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    Des manifestants du Front commun ont dérangé le début du discours à l’intérieur de la salle de réunion de l’hôtel Fairmount Le Reine-Elizabeth. La police a été appelée pour ramener l’ordre.

  • Des manifestants écologiques ont fait sentir leur présence à l’extérieur de l’hôtel.

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    Des manifestants écologiques ont fait sentir leur présence à l’extérieur de l’hôtel.

  • Le président-directeur général de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti

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    Le président-directeur général de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti

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Pour ce qui est de la phase de construction, le conférencier a toutefois laissé percer son inquiétude. Il faut dire que l’on assiste à un goulot d’étranglement à l’approche de l’horizon 2026, où les usines de Ford, GM et Nemaska Lithium, notamment, devront être livrées en vue de respecter les contrats signés avec les clients.

« Chaque fois que je parle aux grands de la construction au Québec, ils sont rassurants. Ça me fait plaisir, mais je reste encore très attentif aux dynamiques de marché, a-t-il affirmé. Le résidentiel ralentit, mais les compétences ne sont pas forcément les mêmes que celles requises dans la construction des usines. Je suis plutôt rassuré, mais j’observe encore. »

Northvolt a confirmé qu’il aurait recours à la main-d’œuvre étrangère de façon temporaire pour la phase d’installation et de tests des équipements, souvent fabriqués outremer. Ces experts en provenance d’Europe et d’Asie auront aussi pour tâche de former les futurs opérateurs. « Ces gens-là ne sont pas appelés à rester au Canada pendant des années. C’est ponctuel. Ça va être quelques centaines de personnes, pas tous en même temps, pendant quelques semaines, parfois quelques mois », a-t-il précisé.

Northvolt veut construire une usine de 7 milliards sur un immense terrain à cheval sur McMasterville et Saint-Basile-le-Grand. Il attend d’obtenir la permission du ministère de l’Environnement pour remblayer certains milieux humides. Les fonctionnaires ont refusé pareille demande au précédent propriétaire du terrain pas plus tard qu’en mars dernier.

Depuis son annonce, le projet a suscité les critiques des groupes environnementalistes, qui lui reprochent d’échapper au regard inquisiteur du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement pour les travaux de la phase initiale.

Paolo Cerruti avoue avoir été surpris par les réactions négatives et le ressac qui ont suivi l’annonce de l’implantation de l’usine de batteries de la firme suédoise en Montérégie. Il a imagé le vif contraste entre la réaction québécoise et celle de la population suédoise quand l’entreprise s’est lancée dans un projet du genre dans le pays scandinave.

« En Suède, on a dû fermer la salle dans laquelle on faisait des journées publiques où on invitait les citoyens. On a dû fermer les portes pour des questions de sécurité, non pas parce qu’il y avait des protestations, mais parce que des gens allaient sur l’estrade pour chanter et pour nous soutenir et pour dire comment ils étaient contents qu’on soit là. »

« Un accueil un peu différent »

« On a eu un accueil un peu différent ici, a-t-il poursuivi, suscitant les rires de son auditoire. Ça nous a surpris, honnêtement », mais c’est ainsi qu’il dit découvrir le Québec, « comment les gens fonctionnent, comment les médias fonctionnent ».

Sur la question des milieux humides sur le site de l’ancienne usine d’explosifs, l’homme d’affaires estime qu’ils n’ont pas tous la même valeur. « Il y a des zones qu’on a nous-mêmes dit qu’on n’y touchera pas, parce qu’on pense qu’il y a une vraie valeur environnementale. »

Dans d’autres cas, toutefois, ce qu’il décrit s’apparente davantage à des trous de remblaiement remplis d’eau stagnante pour lesquels il manifeste peu d’amour.

Cependant, dans tous les cas, il s’en remet à l’expertise des autorités gouvernementales.

Après les voitures, les avions ?

Depuis 2021, Northvolt possède la société californienne Cuberg, qui commercialise une technologie de batterie pour l’industrie aérienne. En réponse à une question de l’agence Reuters, Paolo Cerruti a indiqué que le Québec pourrait accueillir l’usine commerciale associée à cette division en temps et lieu.

« Nous envisageons de réserver un espace sur le site [de la Montérégie] s’il est logique d’avoir une première usine à échelle industrielle ici au Québec. Cela ne signifie pas que nous avons pris la décision d’industrialiser Cuberg ici, a répondu le patron. C’est très tôt. La question va se poser dans quelques années, probablement dans la seconde partie de cette décennie. C’est une technologie remplie de promesses. À ce moment-ci, elle a peu de volume et coûte cher. C’est très niché pour le moment. On imagine qu’elle va se démocratiser à l’avenir. »

Avec la collaboration de La Presse Canadienne

Northvolt en bref

  • Année de fondation : 2015
  • Siège social : Stockholm
  • Produits : matériaux de batteries, systèmes de stockage d’énergie et infrastructures de chargement
  • Nombre d’employés : plus de 4000
  • Projets en cours : 6 (avec celui au Québec)