Les affaires de Transbroue vont de mal en pis : l’entreprise annonce son intention de faire une proposition à ses créanciers dans les 30 jours. Cette annonce survient au moment où Transbroue est visée par une nouvelle poursuite d’un ex-partenaire d’affaires.

En effet, Alchimiste Microbrasserie poursuit Transbroue, son actionnaire Triani et leurs administrateurs pour 1 194 940,22 $ en alléguant que ceux-ci ont détourné et se sont approprié des sommes d’argent perçues pour le compte d’Alchimiste.

Le propriétaire de cette microbrasserie de Joliette, Pol Brisset, avait annoncé publiquement le mois dernier qu’il cessait de travailler avec Transbroue. Dans les documents judiciaires déposés le 1er décembre, on apprend que la relation entre la brasserie et son distributeur s’est mal terminée, notamment par une mise en demeure.

Les difficultés de Transbroue continuent donc de faire les manchettes.

L’année dernière, cette entreprise qui faisait alors de la vente, de la distribution et de la représentation de boissons, spécialisée dans les bières de microbrasserie, a été vendue au Groupe Triani, qui mettait alors la main sur l’ensemble du Groupe Glutenberg – dont fait partie Transbroue.

En entrevue avec La Presse, la semaine dernière, Joannie Couture, directrice générale de Triani, n’a pas caché que les affaires n’allaient pas bien. Selon ses dires, déjà au moment de l’acquisition, Transbroue traînait des dettes.

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Triani est d’ailleurs en litige avec certains des anciens actionnaires de Transbroue, en lien avec la vente de 2022.

Or, les choses ne se sont pas améliorées : les délais de paiement se sont allongés, affirment d’anciens partenaires d’affaires qui ont quitté le navire Transbroue – et pas dans l’harmonie.

Plusieurs acteurs de l’industrie ont critiqué la façon de faire de Transbroue, sous sa nouvelle administration.

Une situation intenable

Au mois d’août 2023, six ex-partenaires de Transbroue ont intenté une poursuite commune. Ils réclament en sommes dues plus de 635 000 $.

Dans le groupe, la Brasserie Générale de Charlesbourg a la plus grosse réclamation, 154 225 $. La PME a récemment publié un message sur les réseaux sociaux pour expliquer que cette situation avait des effets concrets pour elle, et compliquait son développement.

Le président de la brasserie confirme que des projets sont en suspens. Le manque de liquidités fragilise l’entreprise, dans un moment où les affaires sont moins fluides pour les microbrasseries québécoises.

Plus que tout, Pierre-Hugo Houle se pose beaucoup de questions. « On se demande où est passé notre argent », a-t-il expliqué lors d’une entrevue réalisée avant l’annonce de Transbroue sur son intention de faire une proposition à ses créanciers.

Dans les documents déposés en Cour supérieure, la brasserie Alchimiste va plus loin. « Il appert que la défenderesse Transbroue inc. est insolvable et qu’elle a utilisé et utilise à son avantage les sommes d’argent qu’elle gère en sa qualité de mandataire et d’administrateur du bien d’autrui », peut-on y lire.

Actions en justice

Les brasseurs de Charlesbourg et de Joliette, comme toutes les autres personnes impliquées dans cette affaire, devront étudier l’offre qui leur sera faite dans le prochain mois. Car, même s’ils ont intenté des poursuites contre Transbroue, les propositions s’adressent à tous les créanciers. La Loi sur la faillite et l’insolvabilité prévoit d’ailleurs que le dépôt d’une proposition suspend les actions en justice.

La direction de Transbroue annonce également qu’elle compte revoir son modèle d’affaires.

« Au mois d’octobre, Transbroue avait mis à pied et supprimé 10 % de ses effectifs en plus d’adopter plusieurs mesures pour réduire ses frais d’exploitation, peut-on lire dans un communiqué publié par l’entreprise. La direction travaille également sur un plan de réaménagement de ses locaux afin de limiter ses dépenses au minimum. »

La direction de Transbroue préfère ne pas faire de commentaires supplémentaires d’ici la fin des procédures.