(New York) Le géant pharmaceutique américain Pfizer a publié mercredi des prévisions pour 2024 intégrant son rachat de la biotech Seagen, qui devrait être effectif jeudi, décevant les marchés qui anticipaient mieux.

Son bénéfice net par action à données comparables – référence pour les marchés – va être grevé par l’intégration de la société spécialisée dans les traitements oncologiques.

Il devrait s’établir entre 2,05 et 2,25 dollars en 2024, contre 2,45 à 2,65 dollars anticipés auparavant, a indiqué Pfizer dans un communiqué, précisant que l’acquisition de la biotech allait peser à hauteur d’environ 40 cents par action.

Il est attendu pour 2023 entre 1,45 et 1,65 dollar.  

En revanche, son chiffre d’affaires annuel devrait s’étoffer notamment d’une contribution de 3,1 milliards grâce à Seagen pour se situer dans une fourchette de 58,5 à 61,5 milliards de dollars.

Il prévoyait auparavant 54,5 à 57,5 milliards pour 2024 et 58 à 61 milliards pour l’exercice en cours.

Son bénéfice opérationnel devrait progresser de 8 % à 10 % en incluant Seagen, mais hors effets de change et hors gamme anti-COVID-19 (vaccin Cominarty et médicament Paxlovid).

Cette communication financière a fortement déplu aux marchés, car inférieure à leurs attentes : l’action de Pfizer chutait de près de 8 % vers 14 h 30 (heure de l’Est) à la Bourse de New York.

« Ces prévisions sont décevantes, en particulier parce qu’elles incluent le chiffre d’affaires lié à l’acquisition de Seagen », a commenté Neil Saunders, directeur chez Globaldata.

« Le résultat, en particulier rapporté par action, semble mou et a déçu le marché. C’est peut-être pour limiter les attentes, mais, avec le programme d’économies de coûts, les investisseurs attendaient des prévisions plus percutantes », a-t-il ajouté.

Intégration

Pfizer a annoncé le 13 mars le rachat de la biotech pour 43 milliards de dollars, financés par endettement et par sa trésorerie.

Il a fait savoir mardi qu’il devrait être effectif jeudi, grâce à l’expiration des délais liés aux mesures antitrust et aux feux verts réglementaires.

« Je suis ravi de marquer ce moment palpitant pour Pfizer et pour la lutte contre le cancer », a commenté Albert Bourla, patron de Pfizer, lors d’une audioconférence avec des analystes mercredi.

Le géant a publié des résultats record en 2022 grâce à Comirnaty – développé avec le laboratoire allemand BioNTech – et au Paxlovid.

Mais il avait prévenu que cette manne allait se tarir – d’où son choix de se diversifier dans l’oncologie –, ce qui s’est concrétisé au-delà de ses anticipations.

Il a annoncé le 13 octobre une charge pour dépréciation de ses stocks anti-COVID-19 au troisième trimestre équivalente à 5,5 milliards de dollars, dont 4,6 milliards au titre du Paxlovid.

Pour 2024, Pfizer anticipe environ 8 milliards de dollars de ventes de Cominarty (environ 5 milliards) et de Paxlovid (environ 3 milliards).

« Nous ne prévoyons pas de changement fondamental dans la vaccination anti-COVID-19 ni le taux d’infection en 2024 par rapport à cette année, mais nous avons fixé nos prévisions de ventes de Cominarty et de Paxlovid plus bas », a indiqué David Denton, directeur financier de Pfizer, aux analystes.

Sel Hardy, analyste de CFRA Research, a constaté des prévisions « bien inférieures à nos attentes initiales » qui visaient plus de 8 milliards de ventes pour Cominarty et près de 5 milliards pour Paxlovid.

Selon lui, la croissance du chiffre d’affaires du groupe sur un an « reste plutôt modeste ».

Seagen a développé des thérapies ciblées, dans le but de viser les cellules cancéreuses avec davantage de précision, diminuant ainsi les effets secondaires, une technologie prometteuse.

Au moins quatre de ses traitements ont déjà été approuvés par les autorités américaines.

Cette acquisition « double la taille des produits en développement de Pfizer dans l’oncologie et les programmes proches d’une finalisation », a relevé M. Bourla, soulignant qu’une personne sur trois dans le monde va souffrir d’un cancer dans sa vie.

« Nous avons confiance dans le fait qu’il s’agit du partenaire idéal pour Pfizer. Ensemble, nous allons accélérer la prochaine génération de percées potentielles contre le cancer », a-t-il poursuivi.

Pfizer a par ailleurs annoncé mardi une nouvelle structure commerciale qui doit entrer en vigueur au 1er janvier, avec la création notamment d’une branche Pfizer Oncology Division.

Son programme de réduction des coûts devrait atteindre 4 milliards de dollars nets par an, soit 500 millions de plus que prévu en août, a-t-il précisé mercredi.

« Cela nous engage sur un chemin qui devrait potentiellement nous permettre de retrouver nos marges opérationnelles prépandémie », a souligné M. Bourla, affirmant que le « portefeuille de produits de Pfizer reste fort ».