Le fournisseur montréalais de solutions de repas en ligne Marché Goodfood amorce son nouvel exercice financier en renversant une tendance négative qui perdurait depuis 24 mois. Le nombre de clients actifs vient d’augmenter d’un trimestre à l’autre pour la première fois en deux ans.

La direction a révélé mardi qu’elle comptait 124 000 clients actifs au premier trimestre, en hausse par rapport à 116 000 au trimestre précédent.

Pour être considéré comme un client actif, un client doit avoir passé une commande au cours des trois derniers mois.

« La croissance trimestrielle séquentielle du nombre de clients actifs s’explique par la période habituellement plus active de la rentrée scolaire », a dit la responsable des finances, Roslane Aouameur, durant la conférence téléphonique organisée avec les analystes en marge de la présentation de la plus récente performance financière.

« L’augmentation de l’activité de la clientèle est aussi due à des campagnes de réengagement réussies qui ont incité un plus grand nombre de clients à passer des commandes », a-t-elle précisé.

Roslane Aouameur affirme que Goodfood a beaucoup changé la façon dont elle incite les clients à commander. « L’incitation visait auparavant beaucoup à inviter les gens à essayer le concept. Le concept est un peu mieux connu aujourd’hui. Il s’agit donc de voir comment il s’intègre dans le mode de vie des clients, de manière que les incitations soient réparties sur plusieurs boîtes, ce qui a fait baisser le montant de l’incitation par boîte, ce qui augmente la marge et la rentabilité. »

Elle soutient que ça permet également d’attirer des clients qui veulent vraiment voir si cet outil de planification de repas est utile à leur mode de vie plutôt que des clients qui cherchent à obtenir une boîte gratuite et qui ont alors un peu moins de raisons de rester dans les parages par la suite.

Concurrence

L’analyste Martin Landry, chez Stifel/GMP, note que les crédits et les incitations ont atteint 21 % des ventes nettes pour le trimestre, le niveau le plus élevé depuis quatre ans, ce qui peut suggérer que la concurrence pour acquérir de nouveaux clients s’intensifie dans l’industrie.

Malgré le rebond observé, le nombre de clients actifs demeure bien inférieur à ce qu’il a déjà été. À un certain moment au plus fort de la pandémie, Goodfood pouvait se targuer d’avoir plus de 300 000 clients actifs.

La modification du comportement des consommateurs à la sortie de la pandémie peut aider à expliquer la diminution de la clientèle depuis deux ans.

Le recentrage des activités et la sortie du marché des produits d’épicerie sur demande ont aussi pu affecter le nombre de clients actifs et par le fait même le chiffre d’affaires.

Les ventes des mois d’automne, c’est-à-dire d’octobre, de novembre et de décembre, ont reculé de 14 % à 40 millions sur un an.

Le recul du chiffre d’affaires doit toutefois être analysé en tenant compte du fait que les ventes de la même période il y a un an comprenaient encore certains revenus provenant de l’offre sur demande, une activité abandonnée par Goodfood à la fin de 2022 qui devait à son lancement incarner l’avenir de l’entreprise.

La direction est malgré tout parvenue à hausser ses marges durant l’automne en abaissant ses coûts (masse salariale, contrats de location, entretien, etc.). La marge brute est en hausse de 4 % à 39 % par rapport au trimestre précédent. La perte nette de deux millions générée par les activités durant l’automne s’est fortement réduite. Elle s’élevait à 12 millions un an plus tôt.

Caractère saisonnier

Goodfood dit offrir aujourd’hui une plus grande variété de repas prêts à cuisiner et soutient accorder la priorité aux solutions de repas prêts à cuisiner qui comportent des plats prêts à manger et des produits d’épicerie comme compléments.

L’analyste Frédéric Tremblay, chez Valeurs mobilières Desjardins, dit continuer à avoir une « visibilité limitée » sur les incitations et les investissements en marketing nécessaires pour relancer une croissance « significative et durable » des ventes au cours des prochains trimestres.

Les activités de Goodfood ayant un caractère saisonnier, les ventes du trimestre actuellement en cours risquent de souffrir de la saison des Fêtes qui vient de passer et durant laquelle le nombre de clients actifs est habituellement plus modeste étant donné qu’une plus haute proportion de clients choisit de suspendre la livraison de ses paniers.

L’action de Goodfood a clôturé la séance de mardi en hausse de 10 % à 32 cents à la Bourse de Toronto, ce qui donne une valeur de 24 millions à l’entreprise.