(New York) L’interdiction de certains Boeing 737 MAX 9 aux États-Unis devrait peser à hauteur de 150 millions de dollars sur les comptes de la compagnie Alaska Airlines, dont l’un des avions a subi un incident en vol début janvier.

Elle prévoit un « retour progressif » de sa flotte – 65 avions concernés – dans les airs à partir de vendredi, et jusqu’à début février, a-t-elle indiqué jeudi.

Cette suspension « aura un impact matériel opérationnel et financier sur nos activités, avec environ un tiers de nos capacités en janvier affectées », a précisé Ben Minicucci, patron d’Alaska Airlines, lors d’une audio conférence avec des analystes.

Le groupe estime à 3000 le nombre de vols annulés en janvier.

« De plus, nous pensons qu’il est probable que la livraison de plusieurs appareils soit retardée, ce qui affectera davantage notre capacité sur l’ensemble de l’année », a-t-il poursuivi, rappelant qu’il prévoyait, à l’origine, une hausse de 3 % à 5 % par rapport à 2023.

Selon le groupe, dans ce contexte, il devrait atteindre seulement le bas de cette fourchette.

Le 5 janvier, une porte-bouchon de la carlingue d’un de ses Boeing 737 MAX 9 reliant Portland (Oregon) à Ontario (Californie) s’est décrochée en vol.

Les compagnies aériennes ont la possibilité de condamner une porte quand le nombre d’issues de secours existantes est suffisant au regard du nombre de sièges dans l’appareil. Cette modification a été effectuée sur 171 des 218 Boeing 737 MAX 9 livrés à ce jour.

Dans la foulée, l’agence américaine de régulation de l’aviation (FAA) a suspendu de vol jusqu’à nouvel ordre les appareils ainsi configurés.

Le régulateur a annoncé mercredi soir avoir établi un « vaste » programme de maintenance et d’inspections pour permettre à ces avions de reprendre les airs.

Il comprend notamment la vérification de fixations spécifiques ainsi que des inspections visuelles de toutes les portes-bouchons et de leurs composants, et la réparation de tout dégât ou état anormal.

Ce n’est qu’une fois achevé le plan établi, « que l’avion sera en mesure de reprendre du service », a affirmé la FAA, sans donner de date.

12 heures par avion

D’après Alaska Airlines, ces inspections nécessitent une douzaine d’heures par appareil.

Peu après l’annonce de la FAA mercredi soir, le directeur opérationnel d’United Airlines – qui dispose de la flotte la plus importante de ce modèle (79 avions) – Toby Enqvist a adressé un message au personnel de la compagnie.

« Nous ne remettrons en service chaque avion MAX 9 qu’une fois que le processus approfondi d’inspection sera achevé », a-t-il assuré. « Nous préparons une reprise du service de l’avion à partir de dimanche », a-t-il fait savoir.

En dévoilant lundi soir ses résultats pour fin 2023, le groupe a annoncé qu’il anticipait une perte nette au premier trimestre 2024 comprise entre 35 et 85 cents par action avec le postulat d’une suspension des vols jusqu’au 31 janvier.

Selon un porte-parole, la compagnie a annulé environ 170 vols par jour entre les 6 et 27 janvier. Le premier vol programmé est bien prévu dimanche mais il est possible qu’un MAX 9 soit mobilisé à partir de vendredi en cas de nécessité d’exploitation, a-t-il indiqué.

Pour Scott Kirby, son patron, cette suspension constitue « la goutte qui fait déborder le vase ».

Las « des problèmes de production qui ne cessent de survenir chez Boeing », il a annoncé mardi le retrait du 737 MAX 10 – plus gros modèle de la famille des 737, dont la certification par la FAA tarde – des programmes de vol d’United.

Cet avion a effectué son premier vol en juin 2021.

United comptait sur 277 MAX 10 d’ici la fin de la décennie et sur ses options pour 200 appareils supplémentaires.

« C’est un avion fantastique, mais nous ne pouvons pas compter dessus », a déploré M. Kirby.

La compagnie Southwest lui a fait écho jeudi en indiquant ne pas avoir inclus le 737 MAX 7 dans son plan de vol pour 2024, alors qu’elle en attendait 27. Elle a commandé 307 exemplaires, pour livraison jusqu’en 2031.

Plus petit de la famille des 737 MAX, il est également en attente de certification. Il a fait son premier vol en 2018.

Selon son site internet, Boeing a reçu 391 commandes brutes du MAX 7 et 1180 du MAX 10.

Vers 13 h 15 (heure de l’Est), l’action Boeing reculait de 6,06 % à la Bourse de New York – elle a perdu un cinquième de sa valeur depuis le 5 janvier. Southwest cédait 0,61 %, et Alaska et United gagnaient respectivement 5,33 % et 3,48 %.