(New York) Le groupe Monsanto, filiale du géant allemand Bayer, a été condamné vendredi par le jury d’un tribunal de Philadelphie à verser 2,25 milliards de dollars de dommages et intérêts à un homme qui accusait le désherbant Roundup d’être à l’origine de son cancer.

Avocat de John McKivison, Ron Miller a confirmé à l’AFP que les jurés de ce tribunal civil de l’État de Pennsylvanie avaient attribué à leur client 2 milliards de dollars de dommages et 250 millions d’indemnité compensatoire.

Le demandeur affirmait que son lymphome non-hodgkinien, un cancer du système lymphatique, était lié à l’utilisation du Roundup, dont le principe actif est le glyphosate.

Bayer conteste la nocivité du glyphosate. Le groupe a indiqué à l’AFP son intention de faire appel de la décision.

Le glyphosate a été classé, en 2015, « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

De son côté, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a indiqué n’avoir pas identifié de « domaine de préoccupation critique » chez les humains, les animaux et dans l’environnement de nature à empêcher l’autorisation de l’herbicide, tout en reconnaissant un manque de données.

Pour Ron Miller, Bayer a fait de « mauvais choix dans ce dossier ». « Le fait qu’ils n’aient pas cherché davantage à trouver un accord amiable est un mystère. »

Le groupe a réaffirmé son intention d’aller au procès à chaque fois qu’il est attaqué au sujet des effets supposés du Roundup.

Il a souligné avoir obtenu gain de cause dans plusieurs procédures récentes liées au Roundup, s’appuyant sur « des évaluations de régulateurs et de scientifiques qui continuent à considérer ce produit comme sûr ».

Mi-novembre, le jury d’un tribunal du Missouri (centre des États-Unis), a infligé à Monsanto 1,5 milliard de dollars de dommages-intérêts au bénéfice de trois Américains qui avaient, eux aussi, imputé leur lymphome non-hodgkinien à des années d’utilisation du Roundup.  

Le groupe a également fait appel de cette condamnation.

Selon Bayer, 113 000 des quelque 165 000 procédures entamées contre Monsanto et liées au désherbant ont été résolues ou déclarées irrecevables, à ce jour.

En juin 2020, le géant pharmaceutique et biotechnologique a conclu un accord amiable couvrant, selon l’entreprise, environ 75 % des 125 000 actions alors en cours.

La transaction prévoyait le versement d’une somme totale comprise entre 10,1 et 10,9 milliards de dollars.

Bayer a aussi consacré 400 millions de dollars à l’indemnisation de personnes exposées à un autre herbicide, le dicamba, et 820 millions pour des contentieux liés aux PCB (polychlorobiphényles), polluants dits éternels.

En 2021, l’entreprise a alloué 4,5 milliards de dollars supplémentaires à la gestion de ces procédures, portant le total de l’enveloppe à plus de 16 milliards.