Le compte à rebours tire à sa fin à la mine de diamants Renard, qui a déjà fait perdre des centaines de millions aux contribuables. Il ne lui reste que deux mois pour trouver une façon de relancer ses activités, suspendues depuis le 27 octobre dernier.

Pour la deuxième fois en quatre ans, Diamants Stornoway s’était tournée vers la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), ce qui s’était traduit par 450 mises à pied – environ 80 % de l’effectif de l’entreprise. Des repreneurs potentiels se sont manifestés depuis que Deloitte, responsable de la restructuration judiciaire, cherche un repreneur pour ce complexe diamantifère.

Il semble y avoir des intéressés, selon le plus récent rapport de la firme, daté du 22 janvier dernier, qui ne précise pas combien de prétendants ont levé la main. Cependant, il n’y a que des lettres d’intention non contraignantes qui ont été reçues. Le scénario d’une transaction est « réaliste » et « raisonnable », mais il n’y a aucune garantie.

« Si le [processus de sollicitation d’investissement et de vente] n’aboutit pas et qu’il prend fin avant le 29 mars, le contrôleur aidera les débitrices à mettre en œuvre une liquidation ordonnée de leurs actifs et de leurs activités. »

Aménagée sur le territoire Eeyou Istchee, dans le Nord-du-Québec, la mine Renard avait redémarré en 2020. Osisko, Investissement Québec (IQ) – le bras financier de l’État québécois –, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et Triple Flag sont les propriétaires de Stornoway. Le gouvernement Legault a déjà fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de venir à la rescousse de la compagnie minière.

Au moment de se placer à l’abri de ses créanciers, ses créances s’élevaient à environ 275 millions. IQ (120 millions), Osisko (59 millions) et la CDPQ (25 millions) sont les créanciers garantis.

Des dizaines d’appels

Pas moins de 68 repreneurs potentiels ont été contactés depuis l’automne dernier par le contrôleur. Dix d’entre eux ont eu accès à des informations privilégiées sur l’entreprise après avoir signé un accord de non-divulgation, et un nombre non précisé de « lettres d’intention non contraignantes » ont été déposées. La prochaine étape vise à déterminer qui, parmi les prétendants, peut être considéré comme un repreneur sérieux.

« En vertu des discussions pendant la première phase du processus, il était évident, pour le contrôleur, que la mine de Stornoway était bien connue dans l’industrie », écrit Deloitte.

Pertes publiques de la première débâcle de Stornoway

Investissement Québec : 110 millions

Caisse de dépôt et placement du Québec : 42 millions

Fonds de solidarité FTQ : 50 millions

Stornoway impute sa débâcle financière à la dégringolade du prix du diamant de joaillerie. Il a fléchi en réaction à la concurrence des pierres synthétiques, populaires auprès des millénariaux en âge de se fiancer. Le contexte mondial a incité l’Inde – un important centre mondial de polissage – à imposer un moratoire de deux mois sur les importations de diamants bruts. Cette pause forcée s’est terminée le 15 décembre dernier.

Selon les documents déposés par l’exploitant de la mine Renard auprès de la Cour supérieure du Québec, le prix d’un diamant de joaillerie frôlait les 120 $ US le carat en mars dernier. Six mois plus tard, il avait plongé aux alentours de 81,50 $ US.

Le marché a repris du poil de la bête depuis, puisque le prix oscille aux alentours de 110 $ US. Cela semble de bon augure pour Stornoway qui, dans un scénario de relance, anticipe un prix moyen de 105 $ US en 2024. Reste à voir si la tendance se maintiendra.

IQ, la CDPQ et le Fonds de solidarité FTQ ont englouti plusieurs dizaines de millions dans le premier naufrage de Stornoway. À cela s’ajoute le financement public d’environ 400 millions visant à construire le tronçon routier permettant de relier le complexe minier Renard à la route 167.

En savoir plus
  • 2016
    Année d’inauguration de la mine de diamants Renard
    source : diamants stornoway