(New York) Les géants américains du pétrole et du gaz ExxonMobil et Chevron ont publié vendredi des résultats en repli au quatrième trimestre, dans le sillage de la normalisation des cours des hydrocarbures au fil de l’année par rapport à un pic en 2022.

Le chiffre d’affaires d’ExxonMobil a glissé de 95,43 milliards entre octobre et décembre 2022 à 84,34 milliards un an plus tard. Pour Chevron, il a reculé de 16 % sur un an à 47,1 milliards de dollars.

Les deux groupes sont arrivés en dessous des attentes du marché, qui avait prévu une baisse mais pas aussi creusée.

Le prix moyen du Brent de la mer du Nord, variété de référence, a été de 82 dollars en 2023, contre 101 en 2022.

ExxonMobil souligne que c’est en particulier le repli des prix du gaz naturel qui a pesé sur son activité en fin d’année.

Au niveau du bénéfice net, les deux géants n’ont également pas atteint les anticipations. Cette fois, pour des motifs différents.

Pour ExxonMobil, il a atteint 7,63 milliards de dollars (12,75 milliards un an plus tôt). Il a signalé pour 2,3 milliards de dollars d’éléments défavorables, notamment une charge de 2 milliards pour dépréciation liée à « des obstacles réglementaires en Californie ».

Elle a été partiellement compensée par un contexte fiscal « favorable » et par des cessions d’actifs. Hors ces éléments exceptionnels, son bénéfice net aurait atteint 10 milliards de dollars.

Ses marges dans le raffinage ont également diminué, comme habituellement en cette période du fait d’une baisse de la demande.  

Le bénéfice net de Chevron a fondu de 65 % à 2,2 milliards de dollars, à cause du fléchissement du chiffre d’affaires et, pour lui aussi, de marges contractées dans le raffinage.

PHOTO BRIAN SNYDER, ARCHIVES REUTERS

Quant au bénéfice net de Chevron, il a été amputé quasiment des deux tiers (-65 %) à 2,2 milliards de dollars.

Mais, surtout, l’entreprise avait annoncé début janvier des charges comptables exceptionnelles comprises entre 3,5 et 4 milliards de dollars, liées à la dépréciation d’actifs en Californie et dans le golfe du Mexique.

Au-delà des prévisions

Les deux géants ont en revanche supplanté le consensus avec leur bénéfice net par action, hors éléments exceptionnels — référence pour les marchés. Il ressort à 2,48 dollars contre les 2,20 attendus pour ExxonMobil et, pour Chevron à 3,45 dollars, contre 3,22 anticipés.

Ces publications ont reçu un accueil contrasté à la Bourse de New York : à la clôture, le titre ExxonMobil a cédé 0,45 % et celui de Chevron a gagné 2,92 %.

« ExxonMobil a terminé l’année sur une note forte », a souligné Peter McNally, analyste de Third Bridge, notant notamment la « remontée des volumes dans le pétrole et le gaz aux États-Unis, après cinq reculs trimestriels consécutifs ».

Concernant Chevron, il a salué la « bonne surprise » de l’ampleur du bénéfice par action et relevé que sa focalisation sur les États-Unis avait tiré la production vers un niveau record.

Selon Stewart Glickman, de CFRA Research, ExxonMobil « se débrouille bien avec les facteurs sous son contrôle, tout en restant discipliné sur les coûts ».

Pour les deux groupes, il fait preuve d’un brin de pessimisme face au contexte macroéconomique en 2024 et en 2025, prévoyant une stagnation du pétrole et une « modeste » reprise du gaz naturel.

Côté activités, ExxonMobil a souligné une hausse de 18 % de la production au Guyana et dans le bassin permien (États-Unis) ainsi que le lancement de la production de lithium en Arkansas (États-Unis) qui devrait subvenir aux besoins d’environ un million de véhicules électriques d’ici 2030.

Le bassin permien est la principale réserve américaine de pétrole de schiste, à cheval entre l’ouest du Texas et le sud-est du Nouveau-Mexique.

De son côté, Chevron s’est lancé ces derniers mois dans une série d’acquisitions pour renforcer son portefeuille de gisements.

En 2023, il a produit l’équivalent de 3,1 millions de barils par jour, un record.

Il s’est renforcé dans le bassin permien grâce à l’acquisition de PDC et a acheté pour 53 milliards son concurrent Hess, qui lui a ouvert l’accès à des positions au large du Guyana, nouvel eldorado des énergies fossiles.

Le Guyana a également profité à ExxonMobil, avec en plus le début précoce — en novembre — d’un nouveau développement dans cette région.

Cette hausse de la production devrait compenser des volumes « légèrement inférieurs » au premier trimestre 2024, selon la directrice financière Kathy Mikells.

Sur l’ensemble de l’année, ExxonMobil a engrangé un chiffre d’affaires de 344,58 milliards de dollars et un bénéfice net de 36 milliards. L’activité annuelle de Chevron a atteint 200,95 milliards de dollars, et son bénéfice net ressort à 21,37 milliards.