Après plusieurs mois de perturbations, Héroux-Devtek voit enfin « la lumière au bout du tunnel ». Le spécialiste des trains d’atterrissage et des composants d’aéronautique est parvenu à stabiliser sa chaîne d’approvisionnement, ce qui a redonné du lustre à sa rentabilité.

La performance de la multinationale établie à Longueuil a surpris les analystes et a été bien accueillie par les investisseurs, mercredi. À la Bourse de Toronto, le titre de l’entreprise a temporairement touché un sommet des 52 dernières semaines avant de clôturer à 16,55 $, en hausse de 10 %, ou 1,52 $.

« On voit la lumière au bout du tunnel, mais ça se peut qu’on la perde pendant certains moments, souligne le président et chef de la direction d’Héroux-Devtek, Martin Brassard, dans un entretien téléphonique. L’industrie n’est pas aussi stable qu’avant la pandémie. »

Les difficultés de la multinationale – qui compte de grands avionneurs comme Airbus, Boeing et Embraer parmi ses clients – se comparent à celles vécues par de nombreuses entreprises manufacturières : des fournisseurs qui peinent à respecter des échéanciers, des difficultés de recrutement et une augmentation des coûts en raison de l’inflation.

En plus d’avoir été en mesure de renégocier des ententes avec certains constructeurs, la stratégie déployée par Héroux-Devtek pour emmagasiner des pièces porte ses fruits.

On a augmenté le niveau des stocks. C’est un paquet de mesures. Nous prévenons nos fournisseurs pour leur exprimer nos besoins. Traditionnellement, on ne faisait pas affaire avec des distributeurs de matériel. Maintenant, on le fait.

Martin Brassard, président et chef de la direction d’Héroux-Devtek

Dans un contexte de forte reprise dans l’aviation civile et de demande croissante du côté de la défense en raison des tensions géopolitiques, la balle est dans le camp d’Héroux-Devtek. Son grand patron l’a souligné en conférence téléphonique avec les analystes en affirmant que l’entreprise « avait les commandes, mais qu’il fallait les exécuter ».

« Je dis souvent à mes employés et mes clients : “Combien faut-il de morceaux pour construire un avion ?” Ça les prend tous, lance M. Brassard, au bout du fil. On veut éviter que les constructeurs bâtissent des avions et qu’il manque le dernier morceau. »

Un redécollage

Les résultats du troisième trimestre ayant pris fin le 31 décembre dernier témoignent des progrès réalisés par le fabricant de trains d’atterrissage et de pièces d’aéronautique. Ses ventes ont grimpé de 16 % pour s’établir à 163,5 millions, tandis que son bénéfice net a été multiplié par cinq pour s’établir à 9 millions, ou 27 cents par action. Cette performance a surpassé les attentes des analystes sondés par la firme Refinitiv, qui tablaient sur un profit par action de 17 cents sur un chiffre d’affaires de 149 millions.

« Ces résultats sont marqués par un retour inattendu au niveau convoité d’une marge de 15 % [au chapitre du bénéfice d’exploitation ajusté] », a souligné l’analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note.

Boeing est l’un des clients importants d’Héroux-Devtek. L’avionneur américain est dans la tourmente depuis le 5 janvier dernier lorsqu’une porte d’un avion 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s’est détachée en plein vol. Des employés de Boeing ont été montrés du doigt dans cette affaire.

Héroux-Devtek ne fournit pas de pièces pour la famille des 737 MAX de Boeing. Elle fabrique plutôt les trains d’atterrissage des gros porteurs 777 et 777 X et des pièces de rechange pour les programmes 787, 767 et 747. Sans minimiser la gravité de l’incident survenu le mois dernier, M. Brassard ne croit pas que cet évènement se traduira par des répercussions potentielles sur le volume d’affaires de son entreprise avec Boeing.

Si la Federal Aviation Administration – le pendant américain de Transports Canada – serre la vis à Boeing en matière de surveillance, cela pourrait cependant se refléter sur le processus de certification du 777 X, qui est toujours en cours, a dit M. Brassard.

En savoir plus
  • 4
    Nombre de pays (Canada, États-Unis, Royaume-Uni et Espagne) où Héroux-Devtek exploite des usines
    source : héroux-devtek
    94 %
    Proportion du chiffre d’affaires annuel réalisé par l’entreprise à l’étranger
    source : HÉROUX-DEVTEK