Des autobus scolaires électriques construits par Lion Électrique donnent des maux de tête au Maine à cause de défauts de fabrication, ce qui a incité le département de l’Éducation à demander à au moins quatre districts de les retirer temporairement de la circulation – une situation inhabituelle pour le constructeur québécois.

Selon des inspections effectuées par le département de la Sécurité publique du Maine, ces irrégularités concernent des boulons de carrosserie mal fixés, une étanchéité déficiente du pare-brise, des systèmes de chauffage qui fonctionnent mal, un tuyau de servodirection mal installé et des dispositifs de porte de secours arrière qui ne fonctionnent pas correctement.

Ces constats se retrouvent dans des rapports d’inspection réalisés sur des modèles Lion C livrés par l’entreprise établie à Saint-Jérôme depuis environ deux ans, que La Presse a pu consulter.

« Par mesure de précaution, le département [de l’Éducation] a recommandé aux districts de ne pas utiliser leurs autobus Lion jusqu’à ce que d’autres inspections aient lieu, a indiqué son directeur des communications, Marcus Mrowka, dans un courriel envoyé à La Presse plus tôt cette semaine. Nous sommes déterminés à trouver une solution avec Lion sans coûts supplémentaires pour les contribuables. »

Dans ses explications transmises mardi, Lion dit être à pied d’œuvre pour corriger le tir.

Au Maine, le Kennebec Journal a aussi éventé le contenu de ces rapports d’inspection. Dans un reportage diffusé le 18 février dernier, le quotidien soulignait que certains autobus d’écoliers électriques livrés par Lion présentaient également des signes d’usure généralement observés sur des modèles qui ont roulé pendant plusieurs années.

Le média rapporte également le témoignage livré le 7 février dernier par le responsable du transport scolaire du district de Winthrop, John Wheeler, devant un conseil scolaire. Selon le Kennebec Journal, ce dernier a raconté avoir évité de peu un accident alors qu’il conduisait un autobus transportant des écoliers en raison d’une panne de direction assistée.

Lion compte quelque 1600 véhicules sur les routes nord-américaines. Ce qui se passe au Maine semble être l’exception plutôt que la norme. CBC rapportait néanmoins, le 14 février dernier, que des responsables du transport scolaire de l’Île-du-Prince-Édouard avaient rencontré des responsables de l’entreprise concernant des enjeux de fiabilité qui touchent environ 15 % du parc d’autobus électriques.

Au Québec, un important acteur du transport scolaire qui a demandé à ne pas être nommé a expliqué avoir aussi été aux prises avec certains imprévus, mais que la proximité géographique avec les équipes de Lion a fait en sorte qu’il a été possible de corriger le tir rapidement.

Plusieurs mois

Cela fait plusieurs mois que certains districts du Maine ont du fil à retordre avec leurs modèles électriques. Un compte rendu de la réunion du conseil scolaire du district de Winthrop qui s’est tenue le 20 décembre dernier en témoigne.

« Nous avons toujours deux autobus qui ne sont pas utilisables principalement en raison des problèmes avec le pare-brise, peut-on lire. Nous avons dû louer trois véhicules. Lion nous a remboursé cette dépense, car les deux autobus électriques n’étaient pas utilisables. »

Sur trois des quatre véhicules construits par Lion et exploités par Winthrop, les défaillances du système de chauffage obligent le district à les laisser à l’atelier.

« Je crois que nous devons maintenant envisager d’autres plans pour remplacer ces véhicules à long terme, souligne le rapport, que La Presse a consulté. Nous tentons de les faire fonctionner, mais cela continue à être problématique. »

Sur une note plus positive, on y indique que les chauffeurs « apprécient » la conduite des autobus électriques de Lion lorsqu’ils fonctionnent.

Le vice-président camions et affaires publiques de Lion, Patrick Gervais, affirme que l’entreprise offrait notamment de la formation supplémentaire dans les districts concernés au Maine.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le vice-président camions et affaires publiques de Lion, Patrick Gervais

« Lion a ramené les véhicules à l’usine afin de procéder à une inspection complète des véhicules et répondre aux préoccupations des districts, écrit-il, dans un courriel. Nous avons inspecté de manière proactive les autres véhicules Lion dans le Maine afin de s’assurer qu’ils fonctionnent correctement. »

C’est par l’entremise du programme fédéral Clean School Bus, qui vise à électrifier 75 % du parc d’autobus d’écoliers des États-Unis d’ici 2035, que des districts du Maine comme Winthrop, Bingham et Yarmouth ont pu entamer leur virage électrique.

Selon un communiqué du département de l’Éducation du Maine, l’État s’était vu attribuer 34 autobus scolaires 100 % électriques en 2022. Le département n’a pas voulu préciser à La Presse combien d’unités avaient été livrées depuis l’annonce.

Lion est au cœur d’une phase d’accélération de sa production dans ses usines au Québec et aux États-Unis. Elle tente aussi de réduire ses dépenses pour atteindre le seuil de rentabilité. La publication de ses résultats de fin d’exercice doit avoir lieu jeudi.

En savoir plus
  • 150
    Nombre de licenciements annoncés par Lion en novembre dernier
    Source : lion électrique
    1500 personnes
    Taille de l’effectif de l’entreprise au Canada et aux États-Unis
    Source : lion électrique