Plus de la moitié des jeunes sondés croient devoir déménager pour y arriver

Malgré l’augmentation de la valeur des maisons à Montréal et des taux d’intérêt, les jeunes rêvent toujours d’avoir une propriété bien à eux.

Selon un nouveau rapport de Royal LePage, 82 % des millénariaux qui vivent dans la région de Montréal, et qui ne sont pas déjà propriétaires, croient qu’ils le seront un jour.

Certains ont déjà un plan : quatre Montréalais sur dix appartenant à cette génération pensent qu’ils achèteront leur première propriété dans les cinq prochaines années.

« L’attrait de la propriété est culturellement très ancré et on a beaucoup insisté là-dessus », dit Adam Mongrain, directeur de l’habitation chez Vivre en ville, un OBNL qui fait la promotion des collectivités durables. Lui-même appartient à cette génération. « On s’est toujours fait dire que c’était LA chose à faire. Et jusqu’à il y a trois ou quatre ans, ça n’était pas si fou que ça de penser que c’était possible. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Adam Mongrain, directeur de l’habitation chez Vivre en ville

Le sondage Royal LePage a été mené en ligne par la firme Léger auprès de 2003 Canadiens âgés de 26 à 41 ans, entre le 10 et le 16 juin dernier.

On y apprend aussi que plus de moitié des jeunes qui vivent dans la région de Montréal estiment qu’ils devront déménager s’ils veulent s’acheter une première propriété : 55 % de ceux qui pensent devenir propriétaires croient qu’ils devront s’établir ailleurs.

« Je pense que c’est un drame », lance Adam Mongrain, qui n’est pourtant pas surpris de cette donnée.

D’autant que, selon le rapport, si le coût de la vie n’était pas un problème, 75 % des jeunes Montréalais resteraient dans leur ville.

Au niveau social, les gens ne veulent pas déménager. Déménager, c’est la perte d’un réseau et de ressources. C’est la perte de grand-papa qui peut venir garder les enfants et la perte des amis de la ruelle verte.

Adam Mongrain, directeur de l’habitation chez Vivre en ville

C’est aussi un drame écologique, dit-il, car l’accès à la propriété à l’extérieur de la ville veut aussi dire pour plusieurs l’achat d’une voiture, voire deux.

Le rapport de Royal LePage confirme que pour bien des jeunes, l’accessibilité à la propriété n’est pas gagnée.

Les sondeurs ont demandé aux participants s’ils croyaient que leurs salaires allaient augmenter à un rythme qui leur permettrait de s’acheter une propriété dans leur ville.

Réponse : 43 % des Québécois et 54 % des Montréalais ont dit non.

Le prix médian d’une maison dans la grande région de Montréal était estimé à 550 000 $ le mois dernier. C’est une hausse de 10 % par rapport à juillet 2021, mais une baisse de 5 %, depuis le sommet de 580 000 $ en avril 2022, selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec.

D’ailleurs, le marché se refroidit un peu. Les plus récentes statistiques montrent une hausse des propriétés qui sont en vente à Montréal, ce qui pourrait donner espoir aux futurs acheteurs.

Portes ouvertes sur la vie en ville

Si vivre à Montréal est un rêve ou un projet, ça n’est pas donné à tous. Mardi soir à Montréal, devant un parterre bondé, l’organisme Vivre en ville lançait Portes ouvertes, une publication où l’on aborde globalement la problématique de l’accès à la propriété. « La crise de l’habitation a pris racine et nous habitons tous, forcément, avec elle », peut-on lire dans ce document qui présente quatre grands chantiers avec quatre solutions clés pour chacun d’eux. L’organisme croit notamment qu’il faut combler le déficit d’espace habitable dans les milieux durables. Et pour y arriver, il faut encourager la densification, freiner l’étalement urbain et augmenter les capacités résidentielles des milieux déjà urbanisés. « Il faut faire plus de place que de monde qui cherche de la place », a répété Adam Mongrain, lors du lancement.

Stéphanie Bérubé, La Presse